Golling : le Winter Wonderland autrichien.

Golling : le Winter Wonderland

Revenir pour (se) retrouver

Il parait que les belles histoires commencent toujours simplement. Sur un détail, une anecdote, un petit détour imprévu ou encore quelques billets d’avion achetés quasiment par hasard, comme en cette soirée de janvier où je me suis retrouvé, sur le plus subit des coups de tête, à acheter quatre billets pour Salzbourg. Parce que je voulais aller à la neige, parce que je voulais surprendre ma famille, parce que c’était Salzbourg, c’était l’Autriche et que je voulais y retourner, plus de vingt ans après cet été 98 dont je garde des souvenirs aussi fragiles que précieux.

Premiers pas

Golling an der Salzach. Une petite ville peuplée de quelques 5000 âmes, sise à un jet train de Salzbourg, dans le Salzburland et le district de Hallein. Un décor montagneux où les cimes enneigées jouent à cache-cache dans la brume. Une rue principale avec ses façades peintes et chatoyantes, où les hôtels et autres Guasthaus se succèdent gentiment, entre deux magasins. Vers le centre de cette rue, peu avant la Rathaus, une église que surplombe un cimetière, lui-même surplombé par un monument aux morts. Derrière, une colline. Au sommet de cette colline, une chapelle de bois, simple et énigmatique. En tournant son dos à cette chapelle et en avançant de quelques pas, jusqu’à la rambarde, on embrasse un panorama évident : Golling, Golling et encore Golling.

C’est notre premier après-midi ici et, déjà, je sais que je ne me suis pas trompé. Les mille et un signes qui accompagnent ce sentiment ne sont pas équivoques: les regards émerveillés des enfants qui vivent leur premier hiver montagnard hors de France. Les petits sourires de connivence que nous échangeons avec DeT. Une Pitchoune qui court partout pour photographier tout ce qui bouge. Fils qui veut construire et déconstruire tous les bonhommes de neige de la Création. Cette neige qui tombe doucement, charriée par un vent froid. Les crissements des chaussures sur cette même neige. Je retrouve en moi cette joie enfantine, naïve, des faits d’hiver, des jeux immémoriaux.

Main dans la main, nous marchons doucement tous les quatre, véritable cordée humaine. Nous ne sommes pas pressés et personne ne nous attend. Pour aller du centre-ville à notre chalet, il n’est question que de quelques minutes de marche. Or, pourquoi se soucier du temps lorsqu’on est en vacances et que celui-ci ne compte pas, ne compte plus ? Demain sera une autre découverte, une autre douce journée à explorer la Tennengau, le Salzburgerland et les alentours autour de chez nous. 

L’humain, toujours

Pour ce séjour, nous n’avions rien prévu et c’était tant mieux : tout notre voyage s’est organisé au jour le jour, en fonction de nos envies, des disponibilités et des conseils des locaux. Une visite au Tourist Buro dès le premier jour (et qui m’a vu prononcer mes premiers mots en la langue de Goethe depuis des années), une rencontre chaleureuse et nous savions peu ou prou ce qu’il était possible de faire. Même (et surtout) à l’ère mouvante du 2.0, rien ne peut remplacer le contact humain. J’aurais beau avoir retourné les Internets avant le départ, fouiné dans les arcanes d’Instagram ou dans les profondeurs des réseaux (a)sociaux, personne n’aurait pu, n’aurait su nous orienter mieux que ceux qui sont là, qui vivent là et qui connaissent leur ville, leur région, leur pays. J’ai toujours tendance à encourager ceux avec qui je discute à ne pas négliger le pouvoir formel des Offices de Tourisme, même si cela parait désuet et négligeable à l’heure du tout-accessible. Pousser des portes, chercher l’information, demander des vérifications, des assurances, des adresses, des conseils : c’est une recette aussi vieille que le voyage lui-même et qui perdurera encore et toujours. Rien de compliqué, rien d’inaccessible : la simplicité faite mode de vie, comme une parenthèse qui s’ouvre le temps de quelques jours. Il faisait bon être là, en ce mois de février, à Golling.

Instantanés 

Là-bas, à une vingtaine de minute à pieds, c’est une cascade enneigée, sise en un écrin d’une blancheur virginale. Ici, c’est une vallée où ne résonnent que les chants des oiseaux et où les rares âmes croisées glissent en silence sur une piste semblant aller tout droit vers l’infini (et très nettement au-delà), suivant deux sillons parallèles, rectilignes et intriguants. Encore plus loin, c’est une montagne où les pentes accueillent les descentes folles des petits et des grands, fièrement montés sur des luges d’un modèle olympique. Toujours plus loin, c’est une rivière qui coule paisiblement et que l’on peut suivre jusqu’au lac miroir où se reflètent les cimes timides des montagnes environnantes. Par ici, c’est la promesse offerte d’un rare moment de solitude en famille, à suivre une piste qui s’enfonce dans la forêt. Deux luges, deux enfants et deux parents, seuls au monde.Par là, c’est un chat noir au pied d’une église, point sombre au milieu de la blancheur et qui donne des envies d’haïkus. A côté, c’est les enfants qui jouent dans le jardin. L’une déneige la balancelle tandis que l’autre tente d’avancer sur son tracteur, en poussant de grands cris de joie ou de rage, à intervalles aléatoires et irréguliers. Le matin, c’est une tasse de café fumante posée sur la table basse et un arbre solitaire qui se devine par la fenêtre. Le soir, c’est une tablée réjouie autour d’un plat pendant que brûlent les bûches en la cheminée. La nuit, c’est le repos d’un sommeil silencieux et les rituelles interrogations du réveil, lorsque s’ouvrent les volets. C’est un départ et une arrivée à la gare, l’attente tranquille d’un train toujours à l’heure. C’est la joie d’une découverte et la tristesse de quitter des lieux devenus familiers. L’histoire mille fois écrite et ré-écrite du voyage. Un hiver en Autriche est un hymne à la beauté gelée, aux grandes étendues blanches, à la sensation mordante du froid qui s’infiltre, au sentiment solaire et intense de se sentir bien, d’être à sa place, au bon moment et bon endroit.

Être chez soi loin de chez soi

Un grand chalet de bois au détour d’une route. Un vaste jardin avec une table où se reposent quelques verres. Un petit mot écrit à la craie, à côté de la porte, pour souhaiter la bienvenue. Dans la cuisine, un gâteau aux pommes gargantuesque attend d’être dévoré. Partout, du bois et des objets familiers, presque familiaux. Nina et Andy, qui sont venus nous chercher à la gare, prennent quelques minutes pour discuter, expliquer, montrer. Ils nous racontent l’histoire de ce lieu, leur projet de vie, leur volonté d’offrir le meilleur des accueils aux visiteurs de passage, que ce soit pour une nuit ou quelques jours. Mais, déjà, les enfants n’écoutent plus et montent à toute vitesse le massif escalier pour se ruer dans la salle de jeux. #DeT ouvre de grands yeux charmés et je me contente de sourire. Nous avons trouvé notre maison, celle qu’on ne veut pas quitter et où il fait bon rentrer après une longue journée de promenade. Je retrouve mes réflexes de l’époque du Yukon pour allumer le feu et faire chauffer le vaste poêle du salon où il fera bon se blottir une fois le froid venu et la nuit tombée. Dans cette demeure où peuvent cohabiter plusieurs familles, nous sommes seuls. Nous avons le luxe de pouvoir choisir nos chambres, là-haut, à l’étage. Nous en prenons deux attenantes, en face de l’escalier. Les enfants auront la leur, tout comme nous, heureux parents. Qu’il est bon, ce sentiment de revenir le soir chez soi, alors que nous sommes en réalité à près de mille kilomètres. Des années après avoir passé presque six mois à ne dormir que dans des auberges de jeunesse, je savoure le plaisir presque égoïste du confort et de la sérénité familiale. Nos hôtes reviendront à plusieurs reprises pendant notre séjour. Pour nous proposer de l’aide, des conseils, s’enquérir de nos besoins. Les nombreux témoignages laissés dans le Livre d’Or confirment cette impression : ils sont la gentillesse incarnée et offrent un sens du service et de l’accueil à tout point remarquable. Nous aurions aimé rester plus longtemps dans cette Maison de la Forêt, si grande, si belle et si accueillante. Nous nous sommes imaginés vivre ici, en la campagne de la Tennengau. Peut-être que nous reviendrons. Peut-être que nous sortirons une nouvelle fois dans le jardin, pour regarder jouer nos enfants, pour rêvasser devant les montagnes. Pour se sentir chez soi, tout simplement.


Le guide pratique d’un séjour à Golling et dans le Tennengau

Que voir, que faire, où aller, où manger et où dormir : voici le (rituel) guide pratique tiré de notre séjour à Golling, en mode familial. Pendant quatre jours, nous nous sommes promenés dans la Tennengau, suivant les suggestions de l’office de tourisme et de nos hôtes. Au programme : beaucoup d’activités enneigés et naturelles, une mine de sel, de l’eau, deux chouettes restaurants et une super pâtisserie.

Comment aller à Golling ?

Aller à Golling se fait sans souci, en train, depuis Salzbourg. Comptez entre quinze et trente minutes en fonction du train que vous choisissez mais le trafic est très régulier et ponctuel, depuis tôt le matin jusqu’à tard le soir. Les prix sont modestes (de l’ordre de 12€ à quatre) mais vous ne paierez plus rien une fois que vous aurez votre Tennengau Card, une carte qui vous est remise par votre hôte lorsque vous logez dans la région et qui inclut les transports gratuits (bus et train) dans la Tennengau et à Salzbourg. Sachez d’autre part que le réseau ferroviaire est très développé et qu’il est tout à fait possible d’explorer la région sans voiture, quitte à jongler un peu avec les horaires de bus. L’option motorisée, si vous êtes en possession d’une voiture, est également possible : Salzbourg et Golling sont séparées d’une trentaine de kilomètres (soit environ quarante minutes de conduite).

Où dormir à Golling

Une seule adresse à vous recommander : la ForstHaus, un chalet typique situé à environ dix minutes du centre et pouvant loger de une à dix personnes, dans trois chambres, avec deux salles de bain et deux toilettes. Il y a une très belle cuisine très bien équipée, un grand jardin, un jacuzzi, une salle de jeux. Les lieux sont très calmes et, en toute honnêteté, presque parfaits.  Bref, c’est l’idéal pour une grande famille ou un groupe d’amis, surtout si vous aimez le confort et la tranquillité. Le prix de la nuit va de 180€ à 480€ selon la saison. Si le coût en vaut évidemment la chandelle, il est bien évident que cette dépense prendra plus de sens à plusieurs, surtout vue la taille des lieux.

Où manger à Golling 

Vous trouverez, dans la rue principale (Markt), un bon nombre de restaurants. Parmi ceux-ci, un fait figure de légende locale, solidement implantée dans le paysage (depuis 1909): Döllerer’s Wirtshaus, tenu par le chef éponyme Andreas Döllerer. Le cadre est superbe, le service très attentionné et les enfants sont les bienvenus. La cuisine est concoctée à base de produits locaux (c’est d’ailleurs l’une des marques de fabrique du lieu) et on mange bien, voire même très bien. Les prix ne sont pas délirants avec un menu à 35€. Je garde un souvenir ému de ma soupe au fromage et de mon agneau, tous comme les enfants ont adoré leur snichtzel. Mention spéciale pour l’assiette de fromage et le jambon de pays servi en amuse-gueule.

Si vous êtes amateur de gastronomie, il est également possible de tenter l’expérience, tout comme l’a fait Guillaume de 716LaVie. Attention, cependant, le budget n’est plus du tout le même (mais cela semble valoir le coup).

Dans un autre cadre, totalement dépaysant et un peu en-dehors de Golling, je recommande fortement la cuisine biologique du Bio Berggasthof Bachrain. Simple, généreuse et relativement peu cher (entre 7 et 10€ le plat). J’avoue cependant à avoir eu un peu de mal à comprendre la carte (entièrement en allemand) et qu’entre l’anglais balbutiant de la serveuse et mon allemand à l’agonie, on a fini par commander un peu au pif mais tout le monde a apprécié ce qu’il a mangé. Notez que le restaurant se trouve dans la “station” de Moosegg et que la voiture est obligatoire pour y accéder. Profitez d’ailleurs que vous êtes dans le coin pour faire de la luge ou allez faire un peu de ski à côté !

Enfin, pour les amateurs de bonnes pâtisseries, l’adresse qui fait l’unanimité à Golling, où nous sommes retournés trois fois (histoire d’être bien sûrs, hein) : le Cafe Maier. C’est bon, aimable et pas cher. L’idéal pour se faire plaisir !

Que faire à Golling 

Soyons clairs : on a assez vite fait le tour de la ville de Golling en elle-même. Pour autant, dès que l’on cherche un petit peu, on trouve plein de petits endroits super sympathiques. Ainsi, une jolie balade (qui doit être sublime en été) commence aux côtés de l’église (ou en face du commissariat) et permet de monter sur les hauteurs de la ville. Beaucoup de bancs pour profiter du panorama et un bel étang caché : Egelsee Nature Reserve. Un très bon endroit pour laisser les enfants se défouler de par ailleurs.

Dans les autres activités possibles à Golling, une mention spéciale est décernée au centre aquatique d’Aqua Salza où se sont rendues Pitchoune et #DeT, le temps d’un après-midi. En dépit de quelques aléas linguistiques et d’incompréhensions communes quant à la nudité, elles ont apprécié la taille des piscines, les jeux de lumière, le spa ainsi que les toboggans (même “s’ils faisaient un peu peur”). L’accès à toutes les activités (Sauna, Spa, piscines…) coûte 29.50€ à la journée (25€ pour 4 heures).  Une alternative agréable à défaut d’être incontournable, idéale pour occuper un après-midi de mauvais temps ou pour se faire du bien !

Autour de Golling 

Située dans un cadre assez exceptionnelle, la ville de Golling offre de belles opportunités de balade. En voici deux, magnifiques, où nous sommes allés nous promener. En premier lieu, l’endroit le plus emblématique du coin : les chutes, à trois kilomètres du centre-ville, qui se déversent en deux étapes sur une hauteur de 75 mètres. L’endroit est normalement inaccessible (car fermé) en hiver mais nous avons choisi d’y aller après discussions avec des locaux croisés sur le chemin. Pour faire court : les lieux sont magnifiques, teintés d’une atmosphère magique rehaussée par la neige. Nous y étions quasiment seuls et nous sommes restés longtemps silencieux à profiter de la beauté du spectacle. Attention, le chemin n’est pas entretenu et donc non déneigé. Bref : ça glisse !

Autre lieu d’un charme étourdissant : la vallée de Bluntau, que nous avons le bonheur de parcourir dans une calèche tirée par deux chevaux, en chantonnant “Jingle Bells”, emmitouflés dans nos couvertures. Tout au long des deux heures de notre promenade, nous n’avons croisé que deux ou trois personnes (des skieurs de fond) et les oiseaux furent la meilleure des compagnie. Le silence environnant, la sensation littérale de glisser dans un univers parallèle couronné de blanc et la beauté forestière de cette vallée font de cette sortie un souvenir intense que les mots ont du mal à décrire. Notez qu’il y a une interdiction de circulation routière du 1er mai au 31 octobre. Si vous en avez l’occasion, faites le tour du lac et admirez les montagnes se refléter dedans : frissons et apaisement garantis !

En train

Grâce à la Tennegau Card, vous avez la possibilité de vous promener un peu partout dans la région. Du coup, nous sommes partis (un petit peu) à l’aventure du côté de Hallein, chef-lieu du district éponyme, petite ville agréable connue pour son musée des Celtes et pour être le lieu de résidence de Franz Xaver Gruber, l’auteur du célèbre chant Douce nuit, Sainte Nuit (Stille Nacht, Heilige Nacht en VO). Pour autant, c’est vers la Mine de Sel que nous sommes allés, appâtés par les promesses de toboggan et de randonnées souterraines.

Pour accéder aux Saltz Welten, rien de compliqué : un petit duo train (S-Bahn 3)  bus (descendre à l’arrêt Durnberg, un départ // passage par heure) et le tour est joué en moins d’une heure si vous avez bien synchronisé votre trajet. Une fois sur place, il suffit d’aller à la boutique pour acheter votre ticket (vous pouvez le faire en ligne, c’est tout aussi efficace) et d’attendre votre tour, à raison d’un tour par heure. Les visites sont forcément en groupe et guidée par des guides bilingues (mais vous avez un audioguide, pas de soucis à se faire). Il y a un petit restaurant // cafétéria sur place (mais qui ne prend pas la CB, cash only) pour passer le temps. La visite en elle-même dure un peu plus d’une heure et fait descendre jusqu’à – 210 mètres (pour le point le plus profond). On passe allègrement du train au bateau entre deux glissades sur des toboggans tout en apprenant de chouettes choses sur l’historique de l’exploitation du sel depuis les celtes jusqu’à nos jours. Un chouette moment pour tous, bien qu’un peu rapide et industriel (beaucoup de groupes) mais rondement mené, avec sourire et efficacité. Le prix pour un adulte est de 21€ et il existe un billet famille à 53,50€. Notez que la visite est interdite aux moins de quatre ans (pour des raisons de sécurité).  Vous trouverez, à coté, un village celte reconstitué qui se visite facilement (et qui est sympathique, soit dit en passant).

Pour aller plus loin

N’hésitez pas à consulter les sites des différents offices de tourisme de la région : Golling.info, Visit Tennengau, SalzburgerLand Tourism ou encore Vacances en Autriche, le site officiel de la destination Autriche.

Le choix des activités entre hiver et été est radicalement différent et le choix est infiniment plus vaste lorsque le soleil brille que lorsque tombe la neige. Prenez cet aspect en compte pour choisir votre meilleure période de vacances ! Beaucoup de lieux sont fermés en hiver et cela peut être dommage de le découvrir une fois sur place. Cependant, si vous êtes un amateur de sports d’hiver, foncez de suite sans réfléchir. Vous trouverez le versant estival de la Tennengau exploré par (encore lui !) Guillaume de 716LaVie.

Golling (et la région environnante) est donc un excellent choix de destination si vous cherchez à profiter de l’hiver sans pour autant vouloir pratiquer du ski tous les jours. Très accessible en transport en commun et idéale pour les familles avec jeunes enfants (comme la notre) pour un séjour de quelques jours. 

Ce voyage a été organisé avec le support logistique de Golling et Vacances en Autriche. Un immense merci à eux. Comme d’habitude, le contenu éditorial ne se trouve nullement affecté par cet apport et reste totalement mien.