Ces moments gênants en voyage…

Voyager, c’est beau. Voyage, c’est bien. Voyager, c’est rencontrer des gens, faire des découvertes et s’émerveiller devant la beauté de Dame Nature, bêlant d’excitation et bavant sur la carte tout en pointant du doigt les futurs #MustDo et autres #MustSee. Cependant, voyager, ce n’est pas que ça. C’est aussi se retrouver plongé dans des tas de merde d’une profondeur insoupçonnée, se taper une honte monumentale, gaffer sans le savoir ou provoquer une guerre quasi civile à cause d’un simple geste apparemment anodin. Ces moments gênants en voyage, on en a tous connu et c’est justement l’objet de cet article !

Ces moments gênants en voyage

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Casto, le roi du rateau

Si vous êtes français, vous êtes forcement un séducteur sur de sa force, convaincu qu’il vous suffit de baragouiner quelques petits mots dans la langue local, associés à une délicieuse pointe de votre accent local, pour que la première donzelle venue succombe immanquablement à votre charme. Dans la théorie la plus absolue, nous (aka les français mâles voyageurs) sommes donc des tombeurs de première, des dragueurs d’élite, des charmeurs hors-concours.

Cependant, si nous ne vivions que dans la théorie, la vie serait bien belle car, dans la pratique, les choses sont bien plus compliquées… comme vous pouvez vous en douter ! En effet, cette certitude infaillible du français (vous ou moi) en sa capacité à séduire les girondes amazones locales n’est en fait qu’un piège monstrueux dans lequel il est bien facile de tomber. Combien de fois ai-je vu, au détour d’une soirée, la petite scène suivante et se dérouler:

– Hey Mamzelle, may I offer you a drink ? I’m René, a french traveller and I would be really so glad to know a bit more about you, because your daddy is a thieft, he took all the stars from the sky to put them in your eyes, yourself you know !

– Fuck Off and remove your bloody hand from my knee/shoulder/back.

Bien sur, je caricature un tantinet (voire même beaucoup) et les nombreuses tactiques d’approche du Don Juan bio élevé au pur grain en plein air sont bien plus subtiles et rusées que celle-ci. Pour autant et aussi loin que je me rappelle, je ne crois pas avoir vu de compatriotes réussir à obtenir quoique ce soit en affirmant, simplement, qu’il était français. Bien sur, de temps à autres, vous récoltez de bien superbes phrases du genre:

Oh, I love your accent.

Ou encore

Huuuu, your accent is so niiiiice.

Voire même – cas rarissime –

French… like the french kiss ?

Mais, dans bien des cas, ces phrases ne sont nullement à double sens, ne signifient rien d’autre qu’une vague émotion passagère et ne constituent, en aucun cas, une déclaration d’amour passagère, tout cela amenant à ce premier moment critique qu’est le râteau, le vent, la gifle à l’amour propre, l’égo piétiné aux pieds, la réputation massacrée et entachée… et une belle leçon d’humilité !

Traduire, c’est trahir

Avec DeT, nous nous flattons de parler un anglais relativement correct pour nous faire comprendre à peu près n’importe où en terre anglophone. Ainsi, durant notre périple écossais de 2012, nous n’avons eu strictement aucun souci à établir des contacts avec les fiers et ombrageux habitants locaux, que ce soit au fin fond des Highlands ou dans un pub de Thurso. Pourtant, ce bel état des choses a volé en éclat en l’espace d’une rencontre, quelque part dans les bas fonds d’Edimbourg…

Nous venions de nous voir jeter de deux auberges pleines et repleines, de cavaler sous une pluie démentielle chargés comme des baudets et notre salut consistait en une usine à backpacker hors de prix mais possédant des places de libre. Pour nous, cela ne devait être qu’une routine: entrer, se présenter, discuter, payer, s’installer et repartir. Or, il se trouva que la personne en charge de la réception parlait avec un accent aberrant, né du mélange improbable entre de l’irlandais, du mexicain et du Sami et que nous ne pipions mot de ce qu’elle nous racontait !

Au fur et à mesure que la conversation essayait d’avancer et de se construire, nous nous jetions, avec ma délicieuse et douce DeT, des regards de plus en plus affligés, les sourcils relevés et la bouche emplie d’une incompréhension manifeste. En face de nous, ce n’était plus un mais deux réceptionnistes qui essayaient de se faire comprendre, détachant les mots syllabe par syllabe, de la même façon que vous adressez à un chien demeuré.

Finalement, et après un long moment, nous réussîmes, je ne sais comment, à obtenir ce que nous voulions tandis que notre deux trois amies d’en face restaient incrédules devant un tel manque de maitrise de leur langue locale et secouaient la tête d’un air désespéré, se demandant ouvertement ce que nous foutions ici, pauvres gaulois égarés au pays du vert chardon !

En dehors de mon escapade russe où je ne comprenais rien (mais alors de rien de rien), du fait de la langue, je crois que c’était vraiment la première fois où je me retrouvais dans une situation d’incompréhension aussi absolue, comme si un mur invisible me séparait des autres et qu’aucun contact verbal ne pouvait aboutir à un résultat.

Et autant vous le dire: pour quelqu’un comme moi ayant passé la moitié de sa vie (oui j’exagère un peu) en milieu anglophone, ça ne l’a pas fait. Mais alors pas du tout !

Ces douaniers trop tatillons

Récemment, je parlais avec une mienne amie fraichement arrivée à Montréal et avec qui j’échangeais des anecdotes sur les passages en douane. Elle me raconta cette petite histoire que je ne puis passer sous silence… en espérant qu’elle ne vienne pas lire ces lignes !

C’était à Londres, vers 2002 (ou 2003). J’étais venu y passer un week-end entre copines et, le dernier matin, on a décidé d’aller fouiner dans les stocks de Soho pour voir si on trouvait des trucs sympas à ramener à nos copains/maris/petits amis. De fil en anguille, j’ai atterri dans un dépôt/vente militaire et j’ai trouvé un truc que je cherchais depuis des années: des vraies menottes ! J’ai donc craqué, acheté les bracelets et suis repartie toute guillerette en pensant à la tête qu’allait faire Herbert, mon compagnon du moment en voyant ça. Cependant, j’ai zappé un petit truc: je n’avais pas de bagages en soute et n’avait emporté qu’un sac à dos qui voyageait tout le temps avec moi…

Vous voyez arriver le truc ?

J’ai donc mis les menottes dans mon sac, sans y penser puis suis retourné à l’hôtel sans y penser plus. Nous sommes ensuite allés à l’aéroport, direction Paris. C’est seulement quand j’ai vu la file d’attente pour le passage des bagages aux rayons X que je me suis souvenu des menottes et que j’ai compris qu’un petit souci était à prévoir…

Le douanier entre alors en scène…

Dès que le douanier a vu le contenu du sac, il a arrêté la chaine, m’a demandé si c’était à moi, s’il pouvait l’ouvrir et a exhibé devant tout le monde, la main levée bien en l’air, ma pauvre paire de menottes avant de m’informer à voix (bien) haute que ce genre d’article n’était pas autorisé en cabine et qu’il devait les détruire…

Résultat des courses:

J’ai payé, hors de prix, une paire de menottes, je me suis pris une honte monumentale dans un aéroport et je n’ai plus jamais racheté de truc de ce genre !

Pour plus d’histoires de douane, cet article est également à votre disposition et la suite est… au prochain numéro !