Suite à la série des trois articles sur le Mythe du Road Trip, j’ai reçu un mail fort sympathique qui m’a autant touché qu’intéressé, de par son contenu.
Je prends toujours du plaisir à lire ce qui m’est écrit, que ce soit des remerciements, des conseils, de la pub’, des demandes de partenariats ou autres: cela fait partie de ce que je recherche en m’épanchant ici et ce serait foutrement mal élevé de ne pas l’apprécier.
Cette fois-ci cependant, les choses sont différentes car l’on me pose des questions, non pas sur le Yukon ou la NZ, mais sur ma conception du voyage et plus précisément sur mon prêche du voyageur solitaire.
Je vais donc aborder ici cette question bien précise:
Voyager seul ou voyager à deux ?
J’avais écrit ceci dans mon bilan de WHV:
J’ai pris la décision de voyager en solo depuis le début, partant d’un principe très simple (et très con en même temps) que voyager à deux, c’est ne pas être assez libre (c’est foireux, je vous l’accorde). J’avais également l’idée et l’envie de me foutre volontairement dans la merde, en étant le seul à devoir assumer le poids de mes erreurs et le bonheur de mes réussites.
Je retire de tout ça un bilan personnel assez flatteur: j’ai survécu de moi-même sans rien demander à personne, j’ai bourlingué comme un gueux aux quatre coins de l’ile tout seul et quand je me suis planté, c’est parce que j’ai pris la mauvaise décision et point barre.
(…)
D’un autre côté, j’ai payé un certain prix à cette solitude: j’ai souvent regretté de ne pas avoir quelqu’un avec qui partager la beauté des paysages traversés ou simplement boire une bière après une journée de vadrouille.
Toujours est-il en tout cas que je n’en suis pas mort (et que je souris toujours doucement en voyant des gens préparer des meetings entre français à l’autre bout du monde depuis ici alors qu’ils ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam, désolé pour l’ironie facile !)
7 mois après mon retour, je ne retire rien de ces mots et continue à penser sensiblement la même chose.
Voyager en solitaire, c’est toucher du doigt la simple liberté absolue: ne rendre de comptes à personne, être dans l’indépendance la plus totale, le décisionnel absolu.
Par contre, c’est aussi se retrouver gravement dans la merde au premier pépin venu, aussi bref soit-il. C’est aussi être dans un certain besoin vis à vis de l’abhorrée humanité.
En fait, voyager en solitaire, c’est comme essayer de trouver le juste milieu entre – misan – et – philan – thropie. Être milanthrope ou phisanthope, au choix.
A contrario, et aussi paradoxal soit-il, j’apprécie également de voyager à deux, que ce soit avec un Georginou shetlandais ou une DeT écossaise.
Avoir quelqu’un à côté de soi, c’est pouvoir partager des émotions, serrer une main, l’anse du bière ou un piquet de tente. C’est aussi pouvoir grogner, se plaindre, protester, hurler, haïr en étant sur d’être entendu.
C’est en même temps refaire le monde dix, cent, mille fois. Modifier les étapes passées et futures, écrire de nouvelles pages, créer des nouvelles histoires.
L’objectivité étant ma meilleure amie, force m’est de constater qu’en parallèle que la présence d’un second bipède est aussi une source inépuisable d’emmerdements de toutes sortes, de disputes, conflits, embrouilles et autres velléites inhérentes au couple (stricto sensu: deux personnes ensembles).
Un exemple peut-être ?
Il suffit de demander !
J’ai apprécié le peu de contacts humains que j’ai eu en NZ du fait de ma solitude (le voyage avec AK). J’ai par contre autant détesté ceux-ci par moments (les dortoirs des auberges).
Je me rappelle aussi n’avoir jamais voulu faire du stop avec quelqu’un, même si ça m’est finalement arrivé trois fois avec une attente de 6 heures pour la dernière, due à la présence d’un jeune et stupide frenchies qui pensait arrêter les voitures en faisant de grands moulinets et qui ne comprenait pas mon ironie glacée (va t’en, t’es pas beau, caca prout !).
Une conclusion en passant ?
Assurément !
Le voyage tout seul, c’est bien mais bon des fois quand même.
Le voyage à deux, c’est bien aussi mais bon des fois quand même aussi.
Bref, tout ça pour dire que si ma tendance personnelle me pousse un tantinet plus à rechercher l’exaltation héroïque du backpacker barbu solitaire, je ne cracherai plus jamais sur la présence d’une personne à mes côtés (à dire vrai, ça m’a brisé autant les c***** que le c**** de n’avoir personne avec qui partager la beauté des paysages de certains endroits qu’en fait, je ne rêve que de pouvoir trainer DeT dans des endroits pas possibles mais chut, c’est un secret !).
Et vous alors ?
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