L’article d’hier ayant déclenché quelques réactions très intéressantes en commentaires (et à ma grande surprise d’ailleurs, l’encéphalogramme du blog tournant très bas en ce moment), je vais donc essayer d’approfondir, d’éclaircir, d’expliciter en me basant sur lesdites réactions.
Pour infos (et si vous êtes motivés), j’ai déjà parlé de ma conception du voyage ici ou là. Vu que j’écris tout et son contraire, on nage du coup en plein paradoxe mais on n’est plus à ça près (j’appelle ça de la schizophrénie ordinaire ou le syndrome de la girouette, au choix).
Commençons par le commencement
Le but premier était – en théorie ! – de démontrer plus ou moins qu’un voyage peut se faire sans roadtrip, que l’un et l’autre ne sont pas intiment liés et que, malheureusement, il semble à mes yeux que la réussite donc d’un voyage se juge de nos jours à l’accomplissement ou non dudit RT.
J’ai ensuite développé un second constat (auquel je crois, pour le coup): le plus simple des voyages est une aventure. Sans m’étendre sur le champ lexico-sémantique du mot aventure, je me contenterais de dire que je vois de l’aventure (presque) partout et que celle-ci n’est nullement un synonyme obligatoire de jungle, forêt, isolation and co (juste pour les exemples) mais peut très bien se rattacher à des notions beaucoup normales (villes, boulot, métro dodo).
Les questions qui font débat
Ma très chère Mumu est donc venue soulever quelques controverses, autant en réponse à mes dires qu’à ceux de l’ami Hyacinthe. Je vais tenter d’y répondre ici en essayant – pour une fois ! – de ne pas partir dans tous les sens.
Un voyage, ce n’est pas forcément une aventure et c’est tout à fait honorable si ça n’en est pas une !
Sur ce point bien précis, je dois avouer avec moult désarroi que je suis partagé. Comme je l’ai dit plus haut, je tends à associer les deux en toute circonstance. Mettre de l’aventure dans un voyage, c’est apporter une dimension supplémentaire. Aller à Brest choper deux gamins, c’est juste un voyage en effet. Mais me dire que c’est cool d’aller à Brest, que je vais passer trente minutes dans une gare inconnue (de moi !) et pouvoir peut-être explorer les environs urbains immédiats de l’endroit, c’est – à mes yeux ! – de l’aventure (aussi étriquée et étroite soit-elle).
Par contre, je ne juge nullement un voyage sur des critères d’aventure et je n’oserais pas en qualifier un seul de déshonorable, raté, gâché ou que sais-je encore.
Ensuite, je réagis à l’idée qu’on n’aurait pas profité de son voyage si on n’avait pas tout exploré (ou en tout cas exploré plus qu’une ville) (…) A mon sens cela n’a aucun sens de placer sur une échelle ce qui serait gâcher ou pas gâcher un voyage. Si on considère que la seule façon de ne pas gâcher un voyage c’est de « prendre la peine » (comme si ceux qui choisissent de ne pas le faire ne sont que des feignasses) de parcourir le territoire, on peut alors considérer que toute personne qui s’installe quelque part ne prend pas la peine non plus puisque le voyage n’a pas besoin d’être bien lointain pour apporter de la découverte. Qui peut se targuer de connaître tous les quartiers de sa ville ? toute sa région ? son pays ?
En réponse à (si j’ai bien tout suivi):
Personnellement, ce qui me gêne dans “je suis resté pépére à Auckland avec ma copine” (ça marche aussi — voire encore plus — avec Montréal), c’est pas tant le fait de ne pas faire de “road-trip”, c’est plutôt le fait de partir à l’étranger un an, sans prendre la peine d’explorer le pays. Je peux comprendre que certains ne soient pas baroudeurs, mais justement: un changement tel qu’un gap year à l’étranger n’est-il pas l’occasion rêvée pour sortir de sa zone de confort et partir un peu à l’aventure?
Pour le coup, ma position est assez nette: je ne trouve aucun critère objectif permettant de juger ou non de la réussite d’un voyage ou du profit personnel en découlant.
Il fut un temps où je crachais ouvertement et sans vergogne sur ces PVTistes allant à Montréal pendant un an, ne décollant pas du Plateau et ne quittant pas le Québec du tout. Il fut un temps où je ne jurais justement que par le Voyage, les distances parcourus, les lieux vus. Il fut un autre temps où voir des gens rester tranquillement au même endroit pour s’installer (cf l’exemple de Wellington/Auckland) ne m’a pas paru choquant du tout.
Autant je rejoins du coup Muriel dans son argumentaire, autant je trouve que la position de Hyacinthe est également – du moins en partie, défendable. Je vais juste me borner à dire une plate et basse vérité: le voyage est un acte personnel, choisi et non subit dont chacun est le libre décideur.
Par contre, je ne pense pas que quiconque puisse préjuger de la valeur intrinsèque d’un voyage tant il est impossible – stricto sensu – de définir des critères de réussite ou d’échec qui soient objectifs (et puis qui sommes-nous pour prétendre pouvoir juger ?).
Le PVTiste montréalais trouve donc autant grâce à mes yeux (bien qu’il s’en batte probablement les roubignolles avec une patte d’autruche) que le pouceux australien.
Aller plus loin ?
Je ne sais pas trop si j’ai éclairci (ou assombri) les choses mais j’encourage grandement la conversation à se poursuivre si tel est, bien sur, votre bon désir !
Le mythe du Roadtrip V1.5
L’article d’hier ayant déclenché quelques réactions très intéressantes en commentaires (et à ma grande surprise d’ailleurs, l’encéphalogramme du blog tournant très bas en ce moment), je vais donc essayer d’approfondir, d’éclaircir, d’expliciter en me basant sur lesdites réactions.
Pour infos (et si vous êtes motivés), j’ai déjà parlé de ma conception du voyage ici ou là. Vu que j’écris tout et son contraire, on nage du coup en plein paradoxe mais on n’est plus à ça près (j’appelle ça de la schizophrénie ordinaire ou le syndrome de la girouette, au choix).
Commençons par le commencement
Le but premier était – en théorie ! – de démontrer plus ou moins qu’un voyage peut se faire sans roadtrip, que l’un et l’autre ne sont pas intiment liés et que, malheureusement, il semble à mes yeux que la réussite donc d’un voyage se juge de nos jours à l’accomplissement ou non dudit RT.
J’ai ensuite développé un second constat (auquel je crois, pour le coup): le plus simple des voyages est une aventure. Sans m’étendre sur le champ lexico-sémantique du mot aventure, je me contenterais de dire que je vois de l’aventure (presque) partout et que celle-ci n’est nullement un synonyme obligatoire de jungle, forêt, isolation and co (juste pour les exemples) mais peut très bien se rattacher à des notions beaucoup normales (villes, boulot, métro dodo).
Les questions qui font débat
Ma très chère Mumu est donc venue soulever quelques controverses, autant en réponse à mes dires qu’à ceux de l’ami Hyacinthe. Je vais tenter d’y répondre ici en essayant – pour une fois ! – de ne pas partir dans tous les sens.
Un voyage, ce n’est pas forcément une aventure et c’est tout à fait honorable si ça n’en est pas une !
Sur ce point bien précis, je dois avouer avec moult désarroi que je suis partagé. Comme je l’ai dit plus haut, je tends à associer les deux en toute circonstance. Mettre de l’aventure dans un voyage, c’est apporter une dimension supplémentaire. Aller à Brest choper deux gamins, c’est juste un voyage en effet. Mais me dire que c’est cool d’aller à Brest, que je vais passer trente minutes dans une gare inconnue (de moi !) et pouvoir peut-être explorer les environs urbains immédiats de l’endroit, c’est – à mes yeux ! – de l’aventure (aussi étriquée et étroite soit-elle).
Par contre, je ne juge nullement un voyage sur des critères d’aventure et je n’oserais pas en qualifier un seul de déshonorable, raté, gâché ou que sais-je encore.
Ensuite, je réagis à l’idée qu’on n’aurait pas profité de son voyage si on n’avait pas tout exploré (ou en tout cas exploré plus qu’une ville) (…) A mon sens cela n’a aucun sens de placer sur une échelle ce qui serait gâcher ou pas gâcher un voyage. Si on considère que la seule façon de ne pas gâcher un voyage c’est de « prendre la peine » (comme si ceux qui choisissent de ne pas le faire ne sont que des feignasses) de parcourir le territoire, on peut alors considérer que toute personne qui s’installe quelque part ne prend pas la peine non plus puisque le voyage n’a pas besoin d’être bien lointain pour apporter de la découverte. Qui peut se targuer de connaître tous les quartiers de sa ville ? toute sa région ? son pays ?
En réponse à (si j’ai bien tout suivi):
Personnellement, ce qui me gêne dans “je suis resté pépére à Auckland avec ma copine” (ça marche aussi — voire encore plus — avec Montréal), c’est pas tant le fait de ne pas faire de “road-trip”, c’est plutôt le fait de partir à l’étranger un an, sans prendre la peine d’explorer le pays. Je peux comprendre que certains ne soient pas baroudeurs, mais justement: un changement tel qu’un gap year à l’étranger n’est-il pas l’occasion rêvée pour sortir de sa zone de confort et partir un peu à l’aventure?
Pour le coup, ma position est assez nette: je ne trouve aucun critère objectif permettant de juger ou non de la réussite d’un voyage ou du profit personnel en découlant.
Il fut un temps où je crachais ouvertement et sans vergogne sur ces PVTistes allant à Montréal pendant un an, ne décollant pas du Plateau et ne quittant pas le Québec du tout. Il fut un temps où je ne jurais justement que par le Voyage, les distances parcourus, les lieux vus. Il fut un autre temps où voir des gens rester tranquillement au même endroit pour s’installer (cf l’exemple de Wellington/Auckland) ne m’a pas paru choquant du tout.
Autant je rejoins du coup Muriel dans son argumentaire, autant je trouve que la position de Hyacinthe est également – du moins en partie, défendable. Je vais juste me borner à dire une plate et basse vérité: le voyage est un acte personnel, choisi et non subit dont chacun est le libre décideur.
Par contre, je ne pense pas que quiconque puisse préjuger de la valeur intrinsèque d’un voyage tant il est impossible – stricto sensu – de définir des critères de réussite ou d’échec qui soient objectifs (et puis qui sommes-nous pour prétendre pouvoir juger ?).
Le PVTiste montréalais trouve donc autant grâce à mes yeux (bien qu’il s’en batte probablement les roubignolles avec une patte d’autruche) que le pouceux australien.
Aller plus loin ?
Je ne sais pas trop si j’ai éclairci (ou assombri) les choses mais j’encourage grandement la conversation à se poursuivre si tel est, bien sur, votre bon désir !