Ce texte est le onzième d’une série éphémère : #UnJourDesTextes, née sur Twitter. Chaque jour, un thème, des consignes, suggestions et idées différentes. Pour occuper les journées et combler les envies d’écrire ! Y participe qui veut, au jour le jour, le temps que cela durera, aussi longtemps qu’il le faudra.
Quand je suis monté dans le bus, elle était déjà là, à sa place, au N°11, comme prévu.
Petite et bouclée, avec des cheveux tombant en cascades sur ses épaules. Un petit peu timide, le regard interrogateur, à mi-chemin entre l’impatience et une frayeur soigneusement dissimulée, elle regardait par la fenêtre, cherchant, dans la foule agglutinée, un visage connu, un faciès amical, un repère où s’accrocher. Sur ce visage, on pouvait lire bien des choses, comme dans un livre entr’ouvert : des extraits qui parlent de promesses, de fatigue, des rires et de joie. Sa peau, joliment ambrée, était le récit vivant d’une histoire d’exotismes, aux confluents de plusieurs continents.
J’avais, d’ailleurs, déjà vu ses parents auparavant. Nous nous étions croisés brièvement, avions échangé à propos de cette rencontre, des projets, de ce qui était prévu pour nous. La poignée de main concluant l’entretien avait été franche, le sourire engageant. Tout avait été réglé en amont et nous n’étions, elle et moi, que les acteurs d’une pièce qui restait à écrire, à composer, à créer.
Une première fois, je suis passé à côté d’elle et elle a fait semblant de ne pas me voir, bien que le reflet de la vitre disait le contraire. Nous avons échangé un clin d’œil vite devenu sourire. Je ne me suis pas attardé, cependant. Il fallait que j’aille ici et là, vaquer aux tâches qui m’incombaient. Je ne la perdais cependant pas du regard, essayant de garder un œil sur elle, au gré de mes déambulations, comme je l’avais promis à ses parents, inquiets de cette première fois.
Puis, doucement, les portes se sont fermées, le moteur s’est allumé, le bus a démarré, les mains se sont agitées et les yeux se sont humidifiés. Le temps du départ, d’une petite rupture, d’une aventure. Elle s’est retournée, menue, sur son siège et m’a cherché pour mieux me trouver. Je n’étais pas très loin, peut-être deux sièges derrière, à côté d’une de ses amies, qu’elle ne connaissait pas encore. Elle a froncé les yeux, un petit peu, a affiché une moue boudeuse et s’est retournée.
Du coup, j’ai laissé la seconde pour aller retrouver la première, pour m’asseoir à côté d’elle.
Silencieusement, elle a daigné accepter ma présence. Elle a poussé son sac à dos de la place désormais libre, m’a longuement regardé, les yeux maintenant pétillants. Puis, serrant fort sa peluche dans sa main, elle m’a demandé quand est-ce qu’on allait arriver, si on était encore loin, avec sa voix toute douce, la voix d’une enfant de cinq ans.
C’est toujours délicat, un premier départ en colonie de vacances !