Mon Kitzbuhel en quatorze photos

Vous connaissez la tradition. Après chacun de mes voyages, j’aime à en tirer une série photographique de dix clichés, série axée sur mon ressenti du pays. Je tente de faire passer, avant tout, un message, une impression, une vision : la mienne, en l’occurrence. Pour ce nouvel volume, qui s’en vient après – par exemple – l’Irlande du Nord, la Finlande ou encore le Chili et l’Islande, je vous propose de partir à mes côtés à Kitzbühel, mythique station sise au coeur du Tyrol. Cette fois-ci, cependant, ce ne sont pas dix mais QUATORZE photos que je soumets à votre regard acéré. Bouclez vos ceintures, chaussez vos skis : nous sommes partis !

Entrer sur une piste de ski pour la première fois, c’est s’apprêter à découvrir un nouvel univers, sans indications ni repères. Que réserve la descente à venir ? Quels seront les pièges à venir ? Y aura-t’il beaucoup de bosses, de verglas et de chutes ? Et, au jeu de l’arc-en-ciel, quelle couleur va donc sortir de la loterie du risque ?

Skier à Kitzbühel, c’est s’offrir un voyage au pays du rêve, là où tout n’est que majesté et beauté verticale. Les montagnes succèdent aux montagnes et le paysage, d’une blancheur parfois virginale, constitue une invitation folle à laisser le regard errer de pic en pic, toujours plus loin, toujours plus haut.

Parfois, lorsque la neige se fait rare, il fait bon déchausser les skis et se poser un petit peu. Pour regarder une saison venir taquiner l’autre. Pour observer l’Hiver s’en aller en catimini et laisser – doucement – le grand frère Printemps prendre ses marques. La cohabitation à l’état naturel.

Quand j’ai annoncé que je partais passer quelques jours à Kitzbühel, une question est revenue à maintes reprises : “Vas-tu descendre la Streif ?”.  Désolé donc d’en avoir déçu certains mais je préfère cent fois en parler en étant entier qu’en discuter avec une jambe cassée. Être réaliste quant à ses capacités et laisser la lucidité guider ses spatules, toujours.

Souvent, en voyage, les plus belles rencontres viennent de là où on les attend pas. Ainsi, ce soir, pour ma première sortie à Kitzbühel, j’ai délaissé un petit peu la table commune pour aller prendre l’air et c’est là que je l’ai remarqué :Willi, joueur de cithare. Depuis le début du repas, il jouait dans un coin, sans que personne ne lui prête vraiment attention. Intrigué, j’ai souri, je me suis approché et je l’ai regardé faire, curieux. A la fin de son morceau, nous avons constaté que mon allemand était du même acabit que son français : inexistant. Cela ne nous a pas empêché de parvenir à dialoguer, entre questions pointues et réponses compliquées. A la fin de notre échange, j’ai pris une chaise et je me suis assis devant lui. J’ai laissé mes pensées flotter, au son des notes de la Cithare. C’est aussi cela, le plaisir du Voyage !

Un paysage qui semble si commun, pour qui a déjà parcouru les montagnes de nos contrées (et d’ailleurs).  Ces abreuvoirs en bois, ces bancs si bien situés, tout parait comploter pour offrir une véritable carte postale de la randonnée, qu’elle soit à ski ou à pieds !

Au cœur des pistes, une véritable oasis qui doit être merveilleuse en plein été. Pour autant, le décor n’est pas si mal non plus en hiver, surtout lorsqu’on découvre ceci après un virage et que l’on prend le temps de déchausser, de regarder le reflet figé dans une eau que rien ne trouble. Entre les montagnes et le sapin, qui restera donc le plus longtemps immobile ?

Un camping au bord d’un lac, à une petite vingtaine de minutes en cheval de Kitzbühel. Un ciel sombre et une eau maussade. La grisaille dispute la primauté à la verdure. Rien ne bouge si ce n’est les nuages qui, imperceptiblement, viennent en ma direction. Moment étrange partagé entre lassitude, fatigue et envie de sauter dans cette eau, juste pour voir, juste pour essayer.

Il semble que les Hommes aient pris un malin plaisir à construire des édifices religieux en les lieux les plus improbables, avec une forte propension à viser le haut, l’inaccessible. Est-ce là une volonté de se rapprocher de leur Seigneur, qu’il soit là-haut ou ici bas ? En tout cas, certaines églises offrent une double qualité : être photogéniques et idéales pour un snack de groupe improvisé !

J’ai un respect immense pour les moniteurs de ski. Quelle patience pour apprendre, enseigner, corriger, exiger. Aussi, pour être passé par cette école – du côté des enseignés – je ne manque jamais d’apprécier la technique qui est la leur et cette facilité apparente, née d’années et d’années de pratiques. Aussi, quand l’occasion leur est donnée, ils lâchent la bride et se font, à leur façon, plaisir. Rendez-vous là-bas, tout en bas !

Quand le soleil se couche sur le Tyrol, il arrive que les avions tracent de folles lignes dans le ciel apaisé. Ils paraissent se croiser et se recroiser encore et encore. Qui sera le Géant qui écrira le long de ces traits ? Quelle est la figure formée ? Où vont-ils, d’où viennent-ils ? Les questions n’ont pas toujours des réponses.

Blancheur immaculée. Bâtons tenus. Dragonnes enfilées. Le regard se porte au loin, haut et fier, vers un point indéterminé. La jambe gauche pousse doucement puis revient. Une fois, deux fois. Le bras droit avance, se plante. Le corps est poussé vers l’avant, centre de gravité abaissé. La jambe gauche enclenche le début de la glissade et, déjà, un sourire se dessine : la première descente de la journée est souvent la meilleure.

J’aime beaucoup cette composition en noir et blanc, sans savoir forcément pourquoi. Est-ce cette diagonale métallique qui vient couper l’image et attirer le regard ? Est-ce l’opposition entre la neige et le noir ? La vue des montagnes, le panorama, les souvenirs ? Je ne sais pas et je me demande, en fait, si ce n’est simplement pas mieux ainsi !

Une mer de nuages, un océan de blancheur. En-dessous, tout est gris. Au-dessus, tout est rayonnant. Il faut parfois savoir percer le plafond pour trouver la lumière et se prendre une baffe aussi monumentale que démentielle dans la tête (et vous noterez le petit point noir : c’est une cabine de téléphérique, pour vous donner idée des proportions).

Ce voyage à Kitzbuhel a été réalisé sur l’invitation de Kitzbuhel Tourism et Visit Tyrol. Le contenu éditorial n’en reste cependant pas moins indépendant et soumis à ma seule volonté.