Fière capitale de l’Ecosse, Edimbourg est une ville assez atypique pour nous autres, pauvres parisiens habitués à la désespérante rectitude des nos boulevards haussmanniens anti-barricades.
Autant vous le dire de suite (et maintenir ainsi ce lien de confiance qui nous unit): nous y avons passé seulement deux soirées en tout et pour tout : la première et la dernière, notre cœur battant plutôt Highlands, montagnes et vaches que château, musée et culture.
Cependant, nous avons découvert une cité au vieux cœur (l’Old Town) vibrant de mille résonances historiques, entrecoupée de petits passages où se faufiler gaillardement (des Close-truc) et bourrée de petits coins adorables, propices à la relaxation et la détente (ou pas).
Dodo, dodo !
Pour ceux que ça intéresse, il est très facile de rejoindre le centre-ville depuis l’aéroport, en utilisant le splendide bus à impériales N°100 (3,50£ le billet) et dont les chauffeurs sont un modèle d’humour et de retenue so british scottish.
Ensuite, faut savoir qu’Edimbourg propose toutes sortes d’hébergement, des campings au 5* en passant par les éternels backpackers (hostels de par ici), ce vers quoi nous nous sommes bien naturellement dirigés avec, en premier lieu, l’Edinburg Backpackers, perché au 5ème étage d’une bâtisse assez laide, bruyante, d’un gris à dégueuler son haggis mais présentant l’indécent avantage d’être situé à quatre minutes du centre (sur les mains).
Le truc dans son ensemble est relativement bien foutu bien qu’un peu crade. La réception est ouverte 24/24 et fait office en même-temps d’épicerie/pharmacie/drugstore. L’accueil fut viril et correct, vue ma réservation pour un dortoir de quatre.
Il faudra d’ailleurs m’expliquer en passant qui était ce suisse y trainant et que nous trouvâmes en train de chasser un sac en plastique (!!!) qui s’était faufilé sous mon lit pendant qu’il dormait (le suisse, pas le sac) et qui semblait poser une menace létale à son sommeil (celui du suisse, si vous suivez toujours).
Pour notre seconde auberge, moultement cons nous fûmes en ne réservant rien, pensant compter sur mon éternelle bonne étoile : vlan dans la gueule, tout complet et obligation de tenter notre chance ailleur. De plus, sur le trajet, on s’est bouffés en simultané la pire averse du séjour, pendant que nous errions vers Queenferry Street, avec l’idée de passer la nuit au Caledonian Backpackers
Pour faire court, cette auberge s’est inscrite dans mon palmarès personnel pour 3 raisons:
– Le prix: 40£ à deux pour 1 nuit en dortoir
– La taille du dortoir : 38 personnes (!!!)
– La gratuité du petit déjeuner immense et du wifi (ils prêtent même des ordis).
Sinon, c’est une usine absolue mais relativement bien placée, avec des réceptionnistes à l’accent aberrant (mixez Terre-Neuve avec le Southland kiwi et vous aurez une idée) mais très charmantes.
Miam, miam !
Bouffer à Edim’ est tout sauf un problème : on trouve de tout, à des prix allant de X² à Nada pour une qualité souvent… relative (mon Angus Burger n’en était pas un).
Par contre, on a déniché un truc assez fabuleux, vaguement conseillé par le Routard au détour d’une page:
Un petit snack rempli de patates de tailles diverses et destinées à être fourrées de plein de trucs aussi vagues que délicieux. C’est bon, pas cher (5,99£ la grosse avec 3 garnitures), bourratif, roboratif, achevant, délicat, subtil, délicieux, pas mal du tout.
J’ai opté pour ce truc-là et qui m’a tué pour la nuit:
Notez qu’il est possible d’y rester pour y bouffer (une table et 3 places) et d’y rencontrer des videurs ayant bossé dans les Alpes, faisant un peu peur des fois mais conseillant avec très bon sens les bons pubs où sortir (celui situé en face est génial, soit dit en passant). C’est le même qui m’a répondu que la pomme de terre était apparu en Europe au XVIIème siècle en provenance d’Amérique du Sud quand je lui ai demandé si la Baked Potatoes était née en Écosse…
Glouglou, glouglou !
Un truc qu’est sur: on a plus visité de pubs que de musées (faut savoir aussi hein…) et on a trouvé deux endroits vach’ment sympas qu’on vous recommande avec amour, tendresse et passion:
– Le Finnegan Wake, un truc irlandais qui sert de la bonne guinness pas chère (3£ et des brouettes) et qui accueille des groupes irish de bon aloi. Ça danse, ça saute, ça tape des pieds et ça chantonne dans la meilleure des traditions d’Erin.
– The Scotman’s Lounge, découvert sur les conseils – donc ! – de notre « pote » le videur, rade sans prétentions où la bière est servie par des dames maquillées comme des camions volés, où les couples portent le kilt, où des musiciens jouent du folk scottish dans un coin sombre mais où l’atmosphère est géniale, bien écossaise, un peu grasse et dégueulasse sur les bords, comme dans ces vieux rades où on aime retourner après un long voyage, sachant exactement ce qu’on vient y chercher et ce qu’on va y trouver. A noter qu’ils servent de l’IPA à la pompe (oui, c’est une bière qu’il faut pomper).
Gnakoa à voir ?
Déjà, le truc à ne pas rater, c’est le chateau surplombant la ville.
Par contre, on y est pas allé donc j’en parle pas, contrairement au machin dans lequel je me suis fait embarqué par ma moitié de service: le Black Friar Cimetary.
A première vue, il faut être un petit peu malsain, tordu, vicieux pour aller visiter un cimetière un samedi soir à Edimbourg alors qu’il fait – presque – beau et que la bière susurre mon nom au loin, d’autant plus lorsque ledit cimetière porte la triste réputation d’être l’un des lieux les plus hantés de la contrée.
Cependant, il se trouve que cette visite, bien loin d’être morbide, fut au contraire bien intéressante !
L’atmosphère, en effet, est vraiment particulière: on a l’impression, en y pénétrant via un vieil escalier ceint de lourdes grilles de fer, de rentrer dans un espace temps différent, comme dans un sas isolant où les bruits de la ville pourtant toute proche ne pénètrent pas.
Les tombes y sont dispersées selon un joyeux bordel, jouxtant les murs, s’accumulant les unes à côtes des autres, certaines renversées, d’autres abimées et d’autres encore à l’épitaphe indéchiffrable, sachant que le lieu a commencé à être utilisé au Moyen Age…
On se promène donc sans réel plan, lorgnant de temps à autres sur les inscriptions à demi effacées, tentant de comprendre une histoire familiale, de trouver les stars locales ou juste méditer sur le sens présumé de la vie.
Beaucoup de monde y vient en fait pour une (en fait deux mais bon…) raison principale: photographier la tombe de Bobby, le toutou légendaire ayant campé 14 ans sur la tombe de son maitre et dont la statue est la plus photographiée en Écosse:
L’autre raison principale de l’afflux touristique est la perspective de pouvoir errer dans l’aile fermée du cimetière, où reposent les restes des Covenanters’, des prisonniers massacrés pour de sombres raisons religieuses (si j’ai tout bien suivi) par un joyeux drille du nom de Mackenzie et dont le mausolée se situe… à un jet de pierre de là. Il fallait une sacrée paire de c***** pour enterrer bourreau et victimes au même endroit (bon après, l’Écosse est tellement hantée qu’ils devaient pas avoir grand chose à en faire d’un spectre de plus ou de moins…).
A noter que sur le monument dédiées à ces victimes, cette horreur/erreur est stipulée sans aucun détour: « Though here their duft lies mixt with murderers » :
Bref, Edimbourg fut une escale très sympathique, un tantinet onéreuse, un poil trop touristique mais – quand même – une ville qui donne envie de reviendre y passer quelques temps.
A suivre: Kinlochvernie, Sandwood Bay, les Highlands !