Quand je me réveille le matin, la première chose que je fais est d’ouvrir le rideau et de regarder le ciel. D’ordinaire, il est d’un bleu limpide. Et bien pas ce matin. Gris. Et les gouttes d’eau qui coulaient lentement le long de ma fenêtre étaient comme un synonyme d’une journée s’annoncant longue et morne.
Le temps est un facteur déterminant dans cette partie du monde, au nord du nord comme ils disent. Et lorsqu’on vit avec de la neige d’octobre à mai, on est en droit d’espérer du soleil pendant 3 mois, pas de la pluie. Cette pluie a un effet lénifiant, anesthésique. Elle donne envie de ne rien faire, juste de rester chez soi, dans une légère mélancolie, et de regarder passer les nuages par la vitre du salon. Rien de plus.
C’est une atmosphère étrange que celle du Yukon dans la grisaille. Comme un cocon. Elle est ici comme nulle part ailleurs, vous enveloppe, tournoie autour de vous, vous entoure et vous recouvre. Elle aspire votre énergie et votre volonté, vous laissant chancelant et morose. Et comme la lumière blafarde d’un traitre soleil est présente jusque tard dans la soirée, il n’y a guère d’échappatoire si ce n’est essayer de s’occuper.
Pour cela, j’écris. Je lis. Je cherche dans ma chambre comme un isolement, comme un sas pour me couper de cette froideur extérieure. Je me demande ce que je vais bien pouvoir vous raconter pour vous attirer, pour vous surprendre. Quelles histoires de mon bout du monde vais-je bien pouvoir narrer en ces lieux ? Eh ! Le banal a également sa place. Et la grisaille du Yukon aussi.
Le beau n’est beau que grâce à la normalité. Le Yukon se vit et se ressent dans tout.
Y compris dans un ciel gris et pluvieux d’un vendredi 29 mai .