New York, deux mots qui claquent comme un drapeau dans le vent, deux mots qui appellent, font rêver ou cauchemarder et font ressurgir du fin fond de l’inconscient des souvenirs (même pas) connus.
Je ne sais plus quel écrivain, en parlant de cette ville, disait que c’était l’une de celles que l’on connait déjà avant d’y être allé, tellement son image est présente partout, au détour d’un film, d’une publicité ou d’un livre.
Force m’est de reconnaitre qu’à défaut d’être vrai, cela n’est pas totalement faux.
La première fois que j’y ai mis les pieds, ce n’était pas du tout sur un paquebot du côté d’Ellis Island (ça devait plus être mon arrière grand pôpa ça) mais plus dans un autocar en provenance de Montréal et dans le cadre d’une charmante colonie de vacances.
« Grandeur et démesure de l’Empire Américain » furent peu ou prou les mots qui me vinrent à l’esprit lorsque nous longeâmes les avenues bordées de panneaux à Motel alors que scintillait au loin la Skyline la plus fameuse de la côte Est. De la lumière, de la lumière, encore de la lumière, provenant de toutes ces réclames agressives pour les boites à dodo.
Au premier abord, la ville fait peur (pour de vrai !): c’est une frénésie incessante, un flot ininterrompu de circulation, aussi bien humaine que motorisé, une activité débordante et l’impression de pénétrer au cœur d’une fourmilière construite par un architecte dément qui ne savait plus quoi faire pour réussir à caser tout le monde.
Pourtant, petit à petit, le monstre s’apprivoise: on apprend vite à marcher rapidement, à voltiger entre les piétons et à ne pas risquer sa vie en traversant à l’arrache entre deux yellow cabs.
On se repère également au gré des croisements et de l’ennuyante rectitude des avenues, aussi cinquième et fameuses soient-elles.
Parfois Souvent, on ne sait plus quoi faire tellement les choses à voir sont innombrables, à la limite de l’obscène. On plonge alors dans la longue litanie des Trukafère absolument – essentiellement – probablement -pourquoipasment – éventuellement – peut-êtrement – définitivement.
Mais alors, même une fois le choix validé, c’est un nouveau chemin de croix: à côté de ce machin-là, y a ce truc là qui est pas loin de ce bidule qui jouxte ce trucmuche et qui donne sur TrucBazarre !
Argh !
De New York, je garde des souvenirs étranges, mêlés, assez indéfinissables.
Je me rappelle des bières bues dans les bar de Chelsea, des parties d’échecs à Washington Square et de la bohème de Central Park.
J’ai aimé me paumer au MOMA, faire le guide au Metropolitan ou gravir une fois encore l’ESB et le Rockfeeler.
J’ai aussi adoré faire le kéké dans ma grosse limousine et aller bouffer du bison dans un restau aussi classe que par cher.
A contrario, les scènes brutales de la vie quotidienne m’ont laissé un goût un peu amer: la violence sous-jacente de la ville, les changements brutaux d’Harlem et ses habitants en pleurs, la peur, parfois, au détour d’une rame de métro ou encore l’avanie indécente de ces marchands de carte postales du 9/11, vautours rodant autour de ce qui fut des tours.
Mon New York à moi se tient en peu de choses: quelques magasins vers Canal Street, un resto dans le Chinatown, un autre vers Harlem, une clairière à Central Park et ainsi de suite. Pour autant, j’ai ‘aimé cette ville autant qu’elle m’a oppressé, dans sa beauté et sa laideur, dans ses odeurs et ses senteurs.
(Car oui, New York pue !).