Les langages universels du Voyage

Lorsque je voyage, je maitrise, dans 90% la langue du pays dans lequel je suis. Entre anglais, espagnol, français et italien, j’arrive toujours, plus ou moins à faire comprendre, sauf dans de rares exceptions (qui a dit la Russie et Saint Saint-Pétersbourg ?). Pourtant, par moments, ce n’est pas grâce aux langues que je communique. J’utilise d’autres expédients, découverts au fur et à mesure de mes errances. Gestuelle non-verbale, mimique, musique… Il existe mille et une façons de se faire comprendre, quand on le veut vraiment et c’est ce que je vous propose de découvrir aujourd’hui !

Les langages universels du Voyage

Quel est, selon vous, le point commun entre trois australiens qui jouent au frisbee sur une plage, neuf jeunes footballeurs belges ou encore une bande d’asiatiques autour d’une table de ping-pong ? Le SPORT. Partout où je suis allé dans le monde, j’ai toujours noué des liens, rencontré des gens grâce à l’attrait d’une simple activité physique. Au Yukon, l’un de mes premiers gestes a été de m’inscrire au club de foot local, où j’ai fait ainsi la connaissance de beaucoup de gens, réunis autour de la simple passion du ballon rond. Plus tard, en Nouvelle-Zélande, c’est en regardant les matchs de rugby sur l’écran géant pendant la Coupe du Monde que j’ai pu passer des moments inoubliables en belle (et douce) compagnie, notamment avec une mythique finale entre coqs et kiwis S’intéresser aux activités sportives locales, c’est découvrir de nouvelles choses, de nouvelles cultures. C’est aussi se donner la chance d’expérimenter, de tester, d’essayer. Connaissez-vous le hurling, le curling ou encore le football gaélique ? Depuis que j’ai vu jouer, pendant des heures, une bande de minots aussi francophones qu’anglophobes, à un sport dont ils ne connaissaient aucune règle, contre des adversaires qui s’exprimaient dans une langue étrange et entre lesquels la communication se faisait par le geste, je crois, envers et contre tout, au pouvoir de la balle, qu’elle soit ronde, ovale ou carrée !

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Une autre façon de communiquer, devenue légendaire, est aussi vieille que le monde lui-même et a commencé le jour où l’Homme a compris que de drôles de bruits se créaient : le vent dans les roseaux, la corde d’un arc pincée ou encore les os sur des peaux tendues. La MUSIQUE. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’approfondir le sujet mais, cependant, si vous doutez, demandez-vous simplement combien de fois avez-vous dansé sur des airs dont vous ne comprenez pas les paroles ? Combien de fois vous-êtes vous trémoussé au rythme d’une techno roumaine, d’un jambé africain ou d’un reggae jamaïcain ? Bien plus que le sport, je pense que la Musique est l’autre dénominateur commun majeur de l’humanité. Le cliché du backpacker, sale, barbu, qui séduit la belle héritière au coin du feu grâce à guitare et à sa voix rauque, en jouant Jeux Interdits, est-il vraiment, après tout, un cliché ? Je suis probablement le plus exécrable des musiciens de ce monde et le pire chanteur possible, il n’empêche qu’au fin fond de l’Alaska, au cœur du Southland ou au milieu de l’Estonie, j’ai dansé et bougé au rythme d’une musique qui, en ces lieux, paraissait irréelle !

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Avez-vous déjà ressenti l’attrait extraordinaire que peut susciter un simple appareil photo ? Encore plus que cela, avez-vous déjà, de vos propres yeux, vu la joie intense provoquée par un simple geste, un simple cadeau, un simple polaroid ? Sans avoir eu la chance (la possibilité ou l’envie) de le vivre par moi-même, je crois qu’il suffit d’aller faire un tour sur quelques blogs spécialisés dans ce domaine (Julien par exemple) et de regarder attentivement les yeux des photographiés pour saisir le lien unique qui relie le photographe et son sujet. Dans des contrées reculées, il ne me parait pas abusé de dire qu’un appareil photo utilisé à bon escient peut ouvrir bien plus de portes qu’un long discours baragouiné. Offrir un présent, donner le moment figé dans le temps, c’est laisser la trace concrète d’un passage, poser les bases de quelque chose, communiquer au-delà des mots.

Polaroids

Toujours dans le partage, la découverte et l’échange, qui n’a jamais fait la cuisine pour un groupe d’inconnus, dans une auberge de jeunesse, quelque part dans le monde ? Je me rappelle ces amis d’amis d’amis, rencontrés par le biais d’une amie, à Wellington, et qui avait cuisiné des plats gargantuesques. Je ne parlais pas le chinois. Ils ne parlaient pas l’anglais. Pourtant, dans nos yeux, dans nos gestes, dans nos attitudes, je savais qu’ils me voulaient à table et ils savaient que je mourrais d’envie de goûter leur cuisine. Ils m’ont montré comment faire des dumplings, j’ai enseigné la Tarte Tatin. Aucun de nous ne connaissait la langue de l’autre (des autres) mais, dans le mime, nous avons trouvé un terrain d’entente et de compréhension commune !

Une cuisine

Les façons de communiquer entre inconnus ne parlant la même langue sont infinies. J’ai parlé ici des plus courantes, des plus évidentes, des plus communes. Je pourrais vous raconter le dessin, vous dire comment s’en tirer pour faire du stop en Chine ou acheter des tickets de métro en Russie. Ce que je sais, de façon certaine, c’est qu’il n’a jamais été aussi facile de voyager et de se faire comprendre, quand on le veut. Je me rappelle des bouquins du Routard, judicieusement intitulés G’palémo, une sorte de recueil de dessins pour pointer ce que vous voulez, qui m’ont toujours fait rire mais je pense qu’ils ont une vraie utilité. J’ai expérimenté les nouvelles technologies, Google Translate en Android et des échanges surréalistes par smartphone interposé avec mon copain le chauffeur de bus tchèque.  En tout cas, je ne crois pas qu’il existe de recette miracle pour réussir à se faire comprendre. Des mimiques, une gestuelle, in sourire, une poignée de main, un regard franc et sincère : je crois que c’est là, et la seul, le plus beau des langages, le plus simple et le plus répandu !