Wellington, finale de la coupe du monde
Soutenir un XV de France, équipe décriée et malheureuse d’un parcours loin d’être héroïque, c’est la mission que nous nous sommes fixés, nous autres valeureux expatriés francophones de par ici.
Le lieu est celui de d’habitude: la fan zone du waterfront, envahie cette fois-ci – et de façon prévisible, par des centaines de kiwis tous de noirs vêtus et prompts à entonner leur éternel « All Blacks, All Blacks ».
Nous nous glissons de façon furtive au milieu de cette foule pas méchante, habillés aux couleurs de notre drapeau et chantant à qui mieux mieux notre «Allez les Bleus » national. Soudain, l’un de nos voisins fait de même et chante avec nous , avec son plus bel accent, ce qui ne manque pas de nous réjouir.
Le moment des hymnes est grand: l’on entend strictement que nous au beau milieu de cette foule et cette Marseillaise nous laisse espérer un grand match, dur et viril, loin de la branlée annoncée depuis une semaine par les médias locaux, peu habiles à se rappeler les leçons du passé, aux contraires des locaux, assez prompts à se méfier.
L’hymne kiwi passé, le coup d’envoi est donné dans un grand rugissement. Les chants, peu variés, commencent et nous nous sentons biens seuls de par ici, malgré la baguette entraperçue au loin.
Très vite un premier essai est marqué mais les gens sentent que la partie ne sera surement pas aussi facile que prévue, bien loin de ça même… Les français, sans génie offensif mais habité par une hargne peu commune, livrent une véritable guerre de tranchées, rendant coup pour coup et ne lâchant pas une semelle de terrain, aux noirs d’en face, qui semblent légèrement tétanisés par l’événement.
La mi temps est sifflée et nous entonnons un chant glorieux surement jamais entendus sous ces latitudes: «Les corons », commencé par notre Matthieu national et repris avec un chœur gros comme ça par notre colonie (trois personnes en fait).
La seconde mi temps commence et de suite l’on sent qu’un autre match a commencé: essai français et franche domination de nos joueurs. Notre joie – légèrement déplacée – ainsi que le silence ambiant nous font sentir qu’une autre issue est possible: le titre à la maison !
Petit aparté: excellente ambiance et aucune pression sur nous… mais quand l’essai a été marqué, un petit espace s’est fait dans la foule, nous isolant quelque peu. Nous avons aussi perçu quelques petits regards en coin nous laissant penser qu’une victoire ne serait peut-être pas le meilleur de trucs possibles…
La seconde mi-temps dans son ensemble a été un long chemin de croix: de la transformation ratée aux quatre dernières longues minutes, ce ne fut que tension, palpitations, gémissements et au final, un énorme cri de joie lorsque l’homme en noir a libéré tout un pays…