Voyager, ce n’est pas qu’empaqueter des affaires dans des contenants diverses. Ce n’est pas non que planifier d’interminables itinéraires sur des supports très variés tout en cochant des croix sur une liste d’endroits à visiter absolument tout en tenant un registre budgétaire propre à faire cauchemarder le premier comptable venu. Voyager, c’est aussi s’évader et s’enfuir vers autre chose. Pour ce faire, point besoin de claquer x² bouzefs dans un vol: il existe plus simple, moins coûteux, plus accessible… Les livres, l’esprit et la curiosité, le cocktail idéal !
Les voyages imaginaires
Depuis que j’ai appris (et maitrisé) le subtil art de la lecture, il ne se passe un jour sans que je ne replonge dans un livre, dans un BD ou un magazine. Où que je fusse allé, ils ont toujours été mes meilleurs amis, mes uniques compagnons de voyage. Le moindre petit trajet est l’occasion de me plonger dans un autre monde, dans un univers alternatif dans lequel je me fonds, faisant corps et âme avec les héros et le monde ainsi décrit.
S’il y a un endroit où j’aurais aimé pouvoir vivre pour de vrai, je crois que ce serait celui créé par Frank Herbert dans son incroyable cycle de Dune. Pouvoir chevaucher un Ver, découvrir le désert profond hanté par les Fremen, naviguer à bord d’un vaisseau de la Guilde ou me promener en bateau sur Caladan: autant de fantasmes qui ne seront assouvis que dans les rêves, au sein desquels je risque fort de croiser une Révérende Mère du Bene Gesserit ou encore un certain Paul Atreides, Kwisatz Haderach en devenir !
Autre livre dans lequel j’ai rêvé de me plonger: Le pays des 36 000 volontés d’André Maurois, lecture obligatoire de tous les enfants (un peu) rêveurs. Dans ce charmant (et naïf) récit, l’héroïne se retrouve dans un monde où tout est permis et tout ce qui est vrai devient faux (et vice versa). Réservé aux cancres et aux mauvais élèves, l’accession est soumise à un très sévère examen par Maitre Corbeau himself et dont la sévérité n’a d’égal que l’humour et la candeur. J’ai souvent rêvé d’avoir des ailes et de m’envoler pour des voyages infinis en compagnie de quelques uns de mes meilleurs amis, survolant des forêts sans fin et atterrissant avec volupté pour m’empiffrer sans vergogne au premier goûter venu !
Autre classique immortel, aussi effrayant qu’attractif et dont l’auteur nous a quitté tantôt: Max et les Maximonstres de Maurice Sendak ! L’histoire universelle de ce petit garçon, partant pour une ile effroyable habitée par des monstres redoutables, est désormais inscrite au patrimoine littéraire de la Cedricité (ce qui n’est pas rien !) et je me fais fort de la partager avec ceux qui oseraient ne pas la connaitre. Aussi décriée fut-elle, elle fait rêver tous les mioches, bambins et adultes qui aiment s’imaginer régner, eux aussi, sur une armée de trucs pas beaux prêts à bouffer le premier malotru venu…
Si je devais choisir, parmi tous les auteurs que j’aime, je crois que mon choix se porterait sur un certain Roald Dahl. Aussi prolifique que talentueux, l’intégralité de sa production littéraire est une merveille. J’ai (littéralement) grandi avec ses livres, parcourant l’un, me replongeant dans l’autre, allant de sorcières en géant, découvrant la Norvège, devenant pilote de chasse, naviguant à bord d’une pomme géante habitée par des insectes géants (et mélomanes). Je prends encore aujourd’hui autant de plaisir à me déconnecter du monde réel pour suivre Mathilda ou Charlie dans leurs aventures.
Autre auteur (beaucoup plus contemporain et francophone) découvert sur le tard et dont les récits sont aussi allumés que passionnants, probablement unique dans son approche de la littérature et des univers créés: Bernard Werber. Souvent décrié (mais jamais égalé à mon sens), parfois inégal mais doté d’un rare talent pour tenir ses lecteurs aux abois, il est celui qui m’a fait me dire, en lisant l’introduction des Fourmis « Mais putain c’est génial ».
Je me rappelle particulièrement de ce moment où je suis resté scotché sur le siège avant de la voiture conduite par mon paternel de géniteur. Nous revenions de Jsépuzou pour aller Kekpart et nous nous étions arrêtés dans un quelconque Carrouf’ bourguoignon. Ayant quelques francs à dépenser, j’ai investi dans l’édition de poche de ce livre… et je n’ai plus décroché un mot avant d’avoir fini le bouquin. Tout était parfait, simplement. J’ai connu une rare immersion dans la vie d’un insecte, voyant par ses yeux, ressentant ce qu’elle ressentait, toujours plus avide de connaissances et d’aventures. Depuis, je collectionne les livres de cet auteur. J’ai exploré la mort avec les Thanatonautes, suis devenu une déité avec la pentalogie (je crois) des Dieux, j’ai parcouru le cosmos avec le Papillon des Étoiles et j’attends désormais avec impatience de connaitre la suite des Micro Humains…
Enfin, the last but not the least, celui à qui je voue un culte Givré de tout premier ordre, pour lequel j’ai claqué xx€ afin de m’offrir 7 de ses livres d’un seul coup, qui me fait baver, trépigner, hurler et rigoler en même temps, qui a contribué à mon amour infini pour la Finlande et les lapins: Arto Paasilinna.
C’est l’immortel Georginou qui m’a fait découvrir en premier ce Monsieur, lors de notre roadtrip yukonno-canado-américain de 2009. Il m’a parlé d’un auteur « complètement barré » dont les livres « sont un truc de fou » que je devrais « lire sans attendre ». Force m’est de constater que le bougre avait diablement raison et que je rêve désormais de côtoyer les héros ordinaires dans leurs aventures extraordinaires. Du monde cinglé du Cantique de l’Apocalypse joyeuse aux rêveries pastorales du Lièvre de Vatanen, je n’ai que très rarement retrouvé un tel talent descriptif et narratif, présentant le vert pays finlandais sous un tel angle. Me plonger dans ces livres est à chaque fois l’assurance de passer un moment d’exception, chaleureux, intime et agréable.
Cet article pourrait être possiblement sans fin et c’est le cœur gros que je passe sous silence Le petit prince, l’intégralité des écrits nordiques de Jack London ou encore certains films comme le Magicien d’Oz, certains dessins animés (les Mondes Engloutis, Il était une fois la Vie ou encore Albator voire même Galaxy Express 999)…
Mais dites-moi, en passant, c’est quoi, pour vous, votre plus beau voyage imaginaire ?