Dans le cadre d’une commande d’un article, j’ai eu le plaisir de pouvoir retourner à Bruges, où je ne suis pas allé depuis 2006 (et une sombre histoire où se mélangent Rouen et des francs belges). Bien que mon séjour en terre de Flandres fut d’une courtitude absolue, j’en ai cependant tiré beaucoup de plaisir. La période, peu touristique, la tranquillité des rues et le temps radieux ont fait de ces trois jours un vrai moment de bonheur voyageur. Du coup, je vous propose aujourd’hui dix raisons, personnelles, subjectives et invérifiables, de vouloir aller à Bruges !
Mes dix raisons d’aller à Bruges
1) La ville est un hymne au voyage lent et pédestre.
Si vous allez à Bruges, il est fort à parier que vous resterez dans le centre historique, délimité par les diverses portes et moulins à vent. Si vous considérez que j’ai mis, pour rallier la gare au centre, moins de quinze minutes, vous comprendrez que ne pas visiter la ville à pied est une simple et énorme aberration. D’autre part, rien ne sert d’être pressé quand vous marchez dans les rues pavées et le long des canaux : tout invite à la relaxation, la détente et l’épanouissement. J’ai pris un plaisir fou à ne rien viser et à simplement errer d’églises en églises, de musée en musée (et ce fut ma plus belle expérience depuis belle lurette). Sans vouloir déblatérer sur les notions de slow travel, on peut quand même dire que Bruges pourrait en être la Capitale (s’il y avait besoin d’en avoir une).
2) Il y a des églises et des surprises à chaque coin de rue.
Je marchais, quelque part dans les ruelles et je suis tombé sur un musée. J’ai longé des canaux, je me suis perdu et j’ai trouvé une église. J’ai refait le chemin, me suis re-perdu et j’ai re-trouvé une autre (et splendide) église. Entre deux séances de Promenade/Errance/Perditure, mon regard a toujours été accroché par des portes, des façades, des bateaux, des statues ou des niches. Bruges est un musée public à ciel ouvert, où l’entrée est gratuite et l’ouverture permanente.
3) La Oud Zone
Imaginez un endroit qui parait coupé du monde, où se trouvent une église et un musée dédié à Picasso, à une minute sur les mains d’une place très touristique. Imaginez que cet endroit est un havre de paix où viennent se reposer les étudiants et que, juste en face, se trouve une statue de Michel-Ange (le seul et unique). Imaginez également que les locaux ne font qu’y passer et que les autres ne semblent pas connaitre l’existence de ce petit paradis et vous trouvez MON coup de cœur labellisé Bruges 2014 : Oud Sint-Jan !
4) La brasserie de la demie lune
Entre l’Irlande et le Canada, j’ai pris l’habitude de visiter les brasseries dans tous les pays où je me rends. Vous pensez que je n’allais pas rater celle de la demie lune (De Halve Maan en VO). Je sais toujours ce qui m’attend quand je m’aventure dans ce genre de truc : des gros groupes, des histoires de houblon et des cuves à ne plus finir. Or, et c’est rare que cela arrive, parler français m’a été plus que bénéfique lors de ma visite puisque je me suis retrouvé avec seulement deux autres personnes pour la visite guidée, tandis que les anglophones formaient un troupeau d’une trentaine d’humanoïdes ! Pour le reste, je ne peux que recommander d’y aller, ne serait-ce que pour profiter de la vue depuis le toit de la Brasserie et pouvoir déguster une bière blonde non filtrée à la fin de la visite (de 90 minutes) !
5) Le silence du Béguinage
Il y a des lieux où, quand vous y pénétrez, tout change d’un seul coup. Vous passez dans une autre dimension, dans un autre espace-temps. Dans ce cas bien précis, c’est dans un univers de calme, de repos et de silence que je suis rentré d’un seul coup, comme plongé dans une immense faille cosmique où les seules valeurs sont le repos de l’âme et la méditation. Vous l’aurez compris : je venais de découvrir le Béguinage. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, ce site est vraiment unique. Les petites maisons blanches, la grande pelouse, le petit pont et la grande porte : une suite de clichés a priori disparates mais qui, une fois réunis, offrent une composition aussi belle que décalée, aussi religieuse que mystique, aussi inattendue que surprenante. Ne ratez d’ailleurs pas la visite de la (petite) maison et de son incroyable cloitre dont je suis tombé amoureux dans la seconde.
6) Le beffroi
Sur ce coup-là, j’avoue être (un peu) de mauvaise foi car, après l’ascension monstrueusement vertigineuse, je m’attendais à pouvoir baver devant un panorama d’exception tout en prenant des photos de folie dans tous les sens. Las, un grillage anti-suicide fait clairement c*** (oui chier mais en version polie) et m’a gâché une grande partie du plaisir. Je me demande vraiment s’il n’y pas un moyen plus pratique de prévenir les morts tout en n’embêtant pas les touristes. Bref, la bâtisse est vraiment belle, les cloches très jolies, les (petites) expositions intéressantes mais la vue n’est pas celle que l’on attend (aussi paradoxal cela soit-il).
7) La nuit flamande en automne
La nuit, tous les chats sont gris (parait-il). A Bruges, tous les canaux sont sombres et les ponts éclairés. C’est un plaisir que de parcourir, dans la solitude nocturne, les rues désertes de la ville. Dès mon arrivée, je me suis laissé porter par le hasard afin de trouver ET une friterie ET un coin sympa où manger. Du coup, je me suis retrouvé dans un #FMON (Fuckin Middle of Nowhere) loin de tout (mais pas tant que ça, nous parlons de Bruges) où j’ai pu profiter à donf de ma soirée. En plus, les monuments illuminés la nuit, c’est super beau !
8) Suivre les canaux sans raisons.
A la fin de mon second après-midi, j’ai décidé de lâcher mon plan, d’oublier mon guide et de suivre les canaux, toujours vers le nord-ouest, histoire de voir ce que cela pouvait donner. J’ai découvert des églises, des pont et des façades, des rues aux noms tortueux et des impasses pavées qui sentaient le poisson. Si le touriste primaire n’a pas de raison spéciale de s’aventurer par là, l’amoureux des atmosphères urbaines que je suis y a trouvé son bonheur : les parfums de l’inconnu, de l’habitude et de la routine populaire, mixés ensemble !
9) Les musées « locaux »
Si vous êtes un afficionado de la culture, vous savez que Bruges possède de sérieux arguments pour convaincre. Cependant, savez-vous que certains lieux, potentiellement attrape-touriste et stupides au possible, sont en fait de véritables perles qu’il faut visiter pour ne pas mourir idiot ? C’est afin de me détendre que je suis ainsi allé explorer les musées de la Frite et du Chocolat, pensant que tout serait bouclé en dix minutes, emballé, pesé et oublié. En fait, les expositions permanentes sont vraiment intéressantes, ludiques et bien foutues. Je me suis même retrouvé à tourner dans Lumina Domestica (le musée des Lampes, oui oui) et à trouver ça bien ! Bref, si vous en avez marre des chef d’œuvres de la peinture flamande, allez vous détendre l’esprit : ça vaut le coup (et le coût aussi).
10) Parce que… Tout le reste !
D’un marché aux poissons aux boutiques de chocolat via les marchandes de dentelles ou les statues de la Madonne, Bruges est une expérience unique qu’il faut savourer comme une praline au houblon. Je n’avais pas été totalement convaincu en 2006, je le suis désormais beaucoup plus, prêt à y retourner et à user de nouveau la semelle de mes chaussures sur le pavé flamand !
Un grand merci à The PlaceTo.Be pour les informations, à Visit Brugge pour l’organisation, à Thalys pour le transport et à mes (géniales) guides francophones croisées durant mes visites locales. N’hésitez pas à fouiner sur les liens situés juste au-dessus, vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin pour organiser au mieux votre futur séjour belge !