Alaska, Juillet 2009
L’Etat entier est ravagé par des feux de forêts qui dégagent dans le ciel du Last Frontier State de gigantesques nuages grisâtres. Cela fait maintenant deux semaines et demie que nous avons quitté Whitehorse et que nous sommes sur les routes avec PieréNiko. Rien ne nous a arrêté jusque présent et après avoir dévasté Fairbanks, Denali et autres Anchorage, il est temps désormais de penser à la fin de ce roadtrip légendaire.
Mais avant de sombrer dans une bien compréhensible mélancolie, nous partons pour notre ultime étape absolument pas programmée: la mine de McCarthy-Kennicott, située très exactement au milieu de NoOuère pas loin de Trouduku et à proximité de Jsépazou.
Pour y accéder, c’est pas compliqué, il suffit de se taper trois heures de route dégueu, caillassée, trouée, embourbée (Dempster Style), de traverser un immense pont suspendu, d’esquiver trois ou rivières qui ont oublié de rester dans leur lit et de ne surtout pas crever car les services (comme qu’ils disent là-bas) sont pas loin d’être inexistants.
Mais tels des aventuriers modernes n’ayant peur de rien, nous fonçons à l’aventure et arrivons, empoussiérés et vaguement inquiets après avoir vu une bonne dizaine de voiture de pompiers sur deux cents bornes. De là à dire qu’il y a le feu au lac…
Bref. La principale question qui se pose en ce moment présent est de savoir où nous allons bien pouvoir dormir. Le premier camping que nous spottons affiche des tarifs à faire pleurer un ours avare: 20 dollars l’emplacement par tente, 15 dollars la douche et ainsi de suite. Nos mines de français éplorés n’arriveront guère à émouvoir le proprio des lieux qui nous opposent un NO massif suivi d’un NO affirmatif et soupoudré d’une grosse pincée de NO définitifs quant à une éventuelle réduction.
Nous repartons donc la queue z’entre les jambes (pas de mauvais esprit s’il vous plait) quand nous croisons un joyeux luron qui nous tint à peu près ce langage:
– Wazzup boy ? Why that face ? Where are ya fraaaam ?
(….)
– French ? Ma mummy is from France, a petit village… Bayeux… She has rencontré un GI after the deuxième guerre… I am a petit peu french moi aussi… Follow me guys !
Et v’la t’y que ce monsieur se trouve être le proprio du second camping et qu’il nous offre un super emplacement sous les pins pour un prix tellement modique que je n’ose même pas l’écrire ici. Et avec la free water en plus et un poutain de sourire.
Ayant résolu le problème du logement, nous nous dirigeons donc vers le charmant patelin local, situé à une petite dizaine de bornes à pieds, après avoir décidé de reporter notre grosse rando’ au lendemain. Nous traversons un charmant petit pont (bien evidemment fermé aux voitures !),évitons la navette et allons résolument vers le rade local… d’où Pierrot se fait jeter car Môssieur n’a pas pris son ID avec lui et qu’on rigole pas avec ça là-bas, même au fin fond de l’Alaska !
Faut dire aussi que la Serveuse m’a dévisagé pendant cinq minutes et m’a demandé très sérieusement si ma carte était un Fake…
Rebref, on a finalement éclusé quelques godets bien mérités avec le Niko tandis que le Pierrot en était réduit à faire chauffer l’eau des pâtes en nous attendant.
Et c’est de fort bonne heure que nous nous couchâmes, sans savoir que la journée du lendemain serait la plus folle de tout le voyage…
Part 2-morrow !