Une journée à Extra-Nourritures

Vous vous rappellez des livres dont vous êtes le héros ? Et bien je renouvelle le concept de manière absolue (ou presque…). La, ça va être du Vis ma vie de travailleur syndiqué à Whitehorse, Yukon, Canada.

Je résume l’endroit: Xtra Foods. Un supermarché classique, à la lutte avec Wallmart de Canadian Store mais avec un CA et des ventes en progression de 49% depuis l’année dernière. En France, ça se situerait entre le Leader Price et l’Atac grosso modo.

Mes journées commencent à 9.00 et se terminent à 17.30, payées 11.35 dollars canadiens de l’heure, avec deux breaks d’un quart d’heure et une demi-heure pour manger en sus.

8.00

Le réveil sonne. Je dormais. Rebellion et rendormage pour 9 minutes supplémentaires. Oui, mon portable se relance uniquement de 9 minutes. Me demandez pas pourquoi, c’est comme ça… J’ouvre les yeux puis les rideaux (la formule stylistique employée ici est un zeugma). Je me lève, allume le PC et vais faire le café en me grattant une partie indécente de mon anatomie (les cheveux bien sur, il ne viendrait pas à l’idée de me gratter les rastacougnettes avec une paspeurdesours rodant dans l’appartement). Je lance ma cafetière à 5 dollars de la Salvation Army, prépare deux toasts à la confiture, un verre de céréales, une pomme et éventuellement de la compote de pomme. C’est en général à ce moment-la que ma chère colocataire part au travail. Je suis encore légèrement abruti donc mon salut du matin se résume à un bororygme vagissant.

8.30

Je bois mon café et consulte les nouvelles du jour. Checke les mails et les offres d’emploi, sait-on jamais. Je me dirige vers la salle de bain, me fous un seau d’eau froide sur la tronche, me lave les dents, me passe de l’eau dans les cheveux pour me rendre une gueule humaine et enfile mon pantalon noir avec ma chemise blanche. Oui, je suis déguisé en pingouin pour travailler. On a la classe ou on l’a pas.

8.45

Je m’en vais, cinq minutes de marche pour arriver au boulot, le temps de manger une pomme en essayant de pas me casser la tête sur le verglas. J’entre dans le magasin, dis bonjour/Mornin’, How are ya ? Not so bad. Je rentre dans l’arrière stock, monte l’escalier, dépose mon pull et mets mon badge « Cedric Grocecy ». Sous titré: President Choice, How can I help ? Je descends l’escalier, pointe n’importe comment comme d’habitude, tape deux bouts de discut’ avec l’équipe de nuit qui m’oriente sur le boulot de la journée. En général, des palettes de marchandises à foutre en rayon… Je choppe un gros chariot (les petits, c’est mal vu et c’est pas pratique.)

9.00-11.00

Je fais des aller retours avec mon gros chariot entre les différents rayons. Je coupe les cartons avec mon cutter, fous les trucs dans les étagères adéquates, mets les emballages vides sur le dessous de mon chariot et ainsi de suite. Quand je suis de bonne humeur, ça me prend une bonne heure pour vider l’intégralité d’un chargement. Faut juste que je fasse gaffe à bien choisir des petits trucs bien chiants à foutre en place, genre les épices ou les fruits de mer en conserve. Très bien ça pour occuper une matinée de réapprovisionner le rayon Canned Seafood.

11.00

Je prends ma première pause, monte dans la Staff Room et mange une pomme en buvant un café. Y a pas grand monde et je regarde la télé un quart d’heure. Après, je pars me recoiffer, vérifie que ma chemise est bien dans mon pantalon, souris à la jolie caissière qui prend sa pause à 11.10 et retourne bosser.

11.15-14.00

Même histoire que le matin. Je cherche toujours les trucs chiants et prends bien mon temps pour charger et décharger. Le rayon pates est cool pour ça, avec les 3000 sauces différentes… Quand je vois un boss passer (Bill, Michael ou Marc), je fais genre je gère trop et arrête de faire mumuse avec mon cutter.

14.00-14.30

Pause repas. J’achète pour 3 dollars un plat microondable et deux barres de mars. Et basta. Je mange une pomme aussi. Je souris toujours à l’autre jolie caissière qui prend sa pause à 14.15. Je pointe quand j’arrive et je repointe quand je pars, comme d’habitude, n’importe comment.

14.30-16.30

La même chose que précédemment. Rien de neuf. Peu de monde dans les rayons, ils n’arrivent que vers 15.00. Donc quand je range pas les rayons, je range les caddies. Par six, comme les packs de bière. Ou je passe un p’tit coup de balai. En souriant aux deux jolies caissières.

16.30

Deuxième break de la journée, l’occasion de manger une pomme. Sans sourire aux caissières qui ne sont pas la. Donc du coup, je parle soit italien avec ma copine caissière sympa, soit français avec ma copine boulangère québécoise, soit anglais avec les p’tits jeunôts qui bossent en Part Time.

16.45-17.30

L’art de ne rien faire sans le montrer. C’est le moment de réorganiser le stock intérieur, de vider les montagnes de cartons emmagasinés dans la journée, de sourire à la demoiselle de la charcuterie, de parler avec mon pote des fruits et légumes, d’essayer de gratter des jours de congés supp’ avec mon boss (Marc, trop cool…). Bref, en faire le moins possible. Normalement, dans ces horaires-la, je suis du côté de la Cool Room à ranger le lait et les oeufs par date de fraicheur. Pas trop dur. Vers 17.20, je monte me changer (mettre mon pull par dessus ma chemise et mon manteau par dessus mon pull), dis au revoir à tout le monde (les p’tits jeunôts en pause), pointe en partant. Et faire quelques courses tant qu’à faire. Cheddar, pain de mie, cookies, petits écoliers et Kit Kat Black Chocolate Intense Flavour.

17.30

Fin de la journée et retour à la maison… Mais la c’est une autre histoire que je vous raconterai surement tantôt (entre piscine, jacuzzi, bar, sorties, hockey…).