Paris, le 1er août 2050
Mesdames et messieurs, bonjour et soyez les bienvenus pour ce second volume de notre émission « Un regard sur le siècle ». Après notre édition précédente consacrée à l’évolution du voyage au cours des cinquante dernières années, nous vous proposons, ce jour, une rencontre exceptionnelle avec Monsieur Léo Küpè, qui occupe les fonctions de Creativy Strategic Planner, Future Disruption Analyzer and Leading Thinking Chief Officier au sein de la SIN (Société d’Intérêt National) 2gether4BetterWorld (©), créée en 2025 suite au Forward Jump voulu par le FRP (French Republic President) Emmanuel M. Pendant cet entretien, nous allons revenir sur les bouleversements connus par l’industrie du Voyage et, plus précisément, du logement touristique !
Monsieur Küpè, pourriez-vous nous dresser un portrait rapide de ce qu’était le logement tourisme avant votre naissance, à l’aube des années 2020 ?
Tout d’abord, sachez que je suis ravi d’être présent ici à vos côtés ce soir et que je suis totalement enchanté de pouvoir partager mon expertise et ma knowledge à propos de ce serious subject. J’espère pouvoir éclaircir, avec cette échange, beaucoup de shadowy aeras. J’en profite aussi pour vous rappeler que je suis disponible H24 et J7 pour apporter advices, supports et soutiens dans tous les domaines (contact et tarifs sont en ligne sur ma PWP – Personal Web Page qui, comme chacun le sait, est l’espace numérique public obligatoire créé à la naissance de chacun d’entre nous et qui contient toute nos statistiques professionnelles depuis le premier bulletin de notes). Bref, pour répondre à votre question de façon simple, sachez que c’était, en 2020, simplement la fin d’un système voué à sa propre perte. L’uberisation (comme on disait à l’époque !) à outrance du logement tourisme, par le biais d’une trentaine de plateforme et la possibilité pour chacun de transformer sa maison, son appartement, sa chambre ou sa cave en logement touristique avait transformé tous les centres urbains de moyenne ou grande ampleur en zone où quasiment plus aucun habitant local ne résidait ! Pour prendre un exemple classique, le Marais, à Paris, présentait un taux d’occupation du parc immobilier de 2,3%. Ainsi, 97,7% des logements répertoriés étaient destinés à accueillir des touristes ou des voyageurs. Il en allait de même pour quasiment toutes les ZTP (Zones Touristiques Prioritaires, aménagées en grande partie grâce à l’abattement fiscal d’office à 55% prévu par la Loi de Développement Ethique et Commerciale). Pour autant, gardez en tête que je ne parle pas ici d’un phénomène local mais bel et bien de quelque chose de mondial. Vous souvenez-vous du surnom de Reykjavík à l’époque ? AIRBNB City ? Nous en étions arrivés à un tel point que la ville elle-même se demandait sérieusement si elle ne devait pas se renommer officiellement et vendre ses droits de naming ! Je ne vais pas m’étendre sur les nombreux abus mais notez qu’il était dans les pratiques courantes et acceptées que de tendre deux perches croisées dans un salon, d’y suspendre quelques rideaux et de transformer ainsi une pièce de 15 m² en quatre chambres « simples et usuelles, totalement user-friendly et totalement focusées sur une intimate experience où la simplicité du mobilier concorde à créer une atmosphère propice à la rédécouverte de soi et de l’authentique, dans une volonté primordiale d’un dénuement expérientiel ». De même, il était demandé de partager les sanitaires, de faire le ménage tout en s’acquittant quand même de frais de gestion souvent supérieurs au prix seul de la location. Le fait de devoir payer – en plus – des droits d’inscription à la plate-forme, des frais de consultation des listes, des options freemiums pour accéder aux descriptifs et avis ainsi qu’un versement « suggéré » pour être placé en tête de liste d’attente (pour les logements les plus demandés) a grandement rajouté au malaise ambiant qui se dessinait peu à peu et ne pouvait aboutir qu’à une situation explosive.
D’accord. Du coup, que s’est-il donc passé quand la masse critique – si je puis m’exprimer ainsi – a été atteinte ?
De facto, cette occupation massive a entraîné la fameuse crise hôtelière de 2025 qui a elle-même – indirectement – donné naissance à la création la CTF (Ceinture Touristique Francilienne). Pour remettre les choses dans le contexte, il suffit de vous rendre compte que le chiffre d’affaire des hôteliers a connu une baisse moyenne de 84% entre 2018 et 2025 tandis que celui des Hot’hôtes (une contraction singulière sensée renvoyer aux notions de chaleur // accueil, auto dans le sens auto-entrepreneur, déplacement, motivation, progrès, déplacement…) connaissait une croissance foudroyante, à plus de 1500%, pactole partagé entre tous les acteurs du MEUH (Marché économique unitaire Hexagonale). Dès lors que la fracture était avérée, il suffisait d’une simple petite étincelle pour mettre le feu aux poudres et c’est ce qui s’est passé avec le ZERO DAY, cette journée catastrophique du 23 septembre 2025 où le taux d’occupation des chambres était de 0%. Si l’incrédulité a été la première réaction, la colère qui s’en est suivi et la décision de rendre gratuites TOUTES les chambres de TOUS les hôtels enregistrés a été le vrai tournant de la crise. La colère par la gratuité : ça a été un coup de génie ! Les voyageurs ont redécouvert les hôtels et le Gouvernement a décidé par la suite de frapper un grand coup en interdisant purement et simplement la location privative dans tous les secteurs définis. Il y a alors certes eu une période de flottement mais tout s’est arrangé lorsque, après de longues discussions, il a été décidé de rouvrir lesdites locations dans un espace périurbain circulaire. C’est ainsi qu’est né le projet immobilier le plus fou du XXIème siècle avec la fameuse CTF.
Si elle est désormais entrée dans les mœurs et est connue de tous, pouvez-vous quand même nous en dire plus à propos de celle-ci ?
On ne va pas se leurrer : interdire les locations privatives, c’était se priver d’une manne financière certes volatile (car peu contrôlée) mais cependant assez conséquente. Donc, la réflexion du Gouvernement a été de réfléchir à comment mettre la main sur cet argent tout en gardant le contrôle sur le marché immobilier, en rouvrant la porte aux IGLOO (Instances de Gestion des Locations Ouvertes et Ouvrables). La réponse apportée a été simple : concentrer le marché en un lieu, loin des centres menacés, taxer sans pitié et encadrer strictement le tout. La position périurbaine est venue naturellement car les zones bâties étaient vouées à l’abandon. Du reste, la construction massive a apporté du travail, injecté des fonds propres et permis le développement des transports entre Paris et la TGC (Très Grande Couronne). De plus, l’instauration des postes de contrôles pour les flux entrants et sortants de la CTF vers la TGC, avec la taxation d’office des tous les produits acheminés vers elle, associée au TFT (Tarif Forfaitaire de Transit) et à l OAL (l’Obligation d’Acheter Local) a permis au projet d’atteindre son seuil de rentabilité en un temps record. Je crois d’ailleurs que d’autres projets du même genre sont en cours de développement vers Lyon ou Paribis (le nouveau nom de Bordeaux).
Je crois savoir que ce ne fut pas la seule mesure instaurée pour aider les hôteliers…
En effet ! Puisqu’il était impossible de légaliser les IGLOO sans donner une contrepartie aux hôteliers, la décision a été prise que chaque voyageur circulant sur le sol français devait passer au moins 66% des nuitées de son séjour dans un établissement agréé et reconnu comme tel par le MST (Ministère du Soutien Touristique). S’il était certes possible d’échapper à cette règle en versant l’équivalent des nuitées majorées à hauteur 50%, peu de voyageurs ont en réalité opté pour cette option. L’obligation faite en amont de devoir s’inscrire sur la plateforme dédiée, d’y créer son profil et de soumettre son parcours avec les réservations a été une aide fabuleuse pour mettre en place cette décision courageuse. Cela a donné un vrai coup de fouet à l’industrie hôtelière qui est dorénavant certaine d’avoir des taux de remplissage constant et, s’il est vrai que les tarifs ont subi une hausse assez conséquente – quoique relativement logique – c’est une certaine image de la France qui est ainsi défendue et maintenue à haut niveau. Enfin, n’oublions pas que beaucoup d’autres secteurs militent pour obtenir les même droits, tels que les restaurateurs qui aimeraient beaucoup pouvoir faire salle comble à chaque service…
Le mot de la fin ?
Certaines mauvaises langues considèrent qu’il est devenu quasiment impossible de voyager en France à bas prix et que l’enregistrement de toutes les nuitées au sein du CACA (Centre d’Activités Centralisées et Annotées) est une atteinte au droits les plus élémentaires de chacun à disposer de ses données et de sa liberté. A ceux-ci, je répondrais qu’il est normal de participer à l’effort économique du pays dans lequel on voyage. Tout est pensé pour l’égalité soit au centre des démarches et, comme le disait un certain confrère des années 2000 : seuls ceux qui ont quelque chose à cacher ont peur de donner leurs données !