Alors que les tranches défilent avec une intensité folle, que les serveurs marchent de mieux en mieux et que les insatisfaits explorent toutes les voies possibles (vente de PVT, manifestation devant l’Ambassade, pétition pour la réouverture des quotas…) pour parvenir à leur fin, un cri résonne un tout petit peu plus que les autres dans le magma des réseaux sociaux: revenir au vieux système antédiluvien du courrier postal. Pourquoi cela est tout sauf une bonne idée: l’objet de l’article du jour (teinté de mauvaise foi).
Courrier VS Kompass
Avant, cela se passait comme ça
Je suis un ancien PVTiste de la cuvée 2009, ayant connu le stress de l’attente, la folie de l’ouverture et le speed inhérent à l’envoi des dossiers postaux. Car oui, à mon époque, nulle question d’Internet, de Kompass ou de formulaires entièrement informatisés, dématérialisés. Tout se faisait exclusivement à la main et demandait une préparation au moins équivalente à celle qui est demandée aujourd’hui aux prétendants.
Pour qui pense que cela était plus facile, plus rapide, plus aisé, je vais récapituler, de mémoire, quelques petits aspects de la demande de PVT… en ces temps-là.
1) L’Ambassade n’avertissait que par mail de l’ouverture des quotas. Pas de twitter, pas de service SMS. Il fallait camper pour de vrai devant son ordi et martyriser la touche F5 comme un cinglé pour être sur de ne pas rater THE mail.
2) A peine ledit mail arrivé, il fallait foncer au bureau de poste le plus proche, armé de tout les papiers demandés, dans le bon ordre, sans en omettre aucun et sans oublier de cocher les petites cases.
3) Il fallait avoir pris rendez-vous avec sa banquière en amont et disposer d’une attestation de fond conforme, bien tamponnée.
4) Il fallait envoyer tout ça et prier d’être dans les délais, sachant que le cachet de la Poste faisait foi (et lui seul).
5) Il fallait ensuite attendre, attendre et attendre. Aucun moyen de connaitre l’état de l’avancée du dossier, de savoir s’il était refusé/accepté avant de longues semaines.
6) Les délais pour ce permis n’étaient pas si courts que ça: déposée en décembre, l’obtention de mon PVT me fut notifiée mi-janvier (de mémoire).
Nous n’avions donc pas du tout accès à cette rapidité, cette efficacité et cette limpidité dans le processus actuel. Nous devions prier les mânes de nos ancêtres, sacrifier des chiens roux et espérer que les gens de l’Ambassade ne prennent pas la mouche pour une virgule mal placée ou pour un nom écorché, synonymes de refus mais seulement signifiés par retour de courrier…
Un système égalitaire ?
Je lis souvent que ce système postal était plus égalitaire que celui mis en place actuellement et cela me fait bondir. En effet, il suffit de réfléchir pour se rendre compte que:
– L’égalité de tous devant la Poste n’est pas la même que devant un ordinateur. Autrement dit, il est xxx² PLUS facile de tenter sa chance depuis Internet qu’en devant aller à la Poste la plus proche (faites un test: où se trouve l’ordinateur le plus proche de vous à cet instant précis ? Où se trouve la Poste la plus proche ?). Que dire donc des candidats habitants dans des villages reculés et devant faire 20 kilomètres ou plus pour accomplir les démarches ? Que dire de plus des horaires variables d’ouverture desdits bureaux ?
– Combien de PVTistes ont vu leur rêve partir en fumée à cause des défaillances d’un tiers ? Confier son envoi à la Poste, c’était prendre un risque (certes minime mais existant) de voir le courrier perdu/mal acheminé/retardé et donc de voir un projet éclater en morceau. En passant par internet, cette peur est éradiquée (mais certes pas totalement remplacée, les serveurs aussi ayant leurs limites).
– Gérer des afflux massifs d’envois de dossiers papiers, c’est tout simplement embêtant, chiant, redondant et agaçant. Le personnel de l’Ambassade a du, plus d’une fois, être proche de la crise de nerf en voyant arriver, chaque matin, des sacs et des sacs de lettres. L’internet a certes ses défauts mais il facilite – grandement – le système.
– Un quota mis (tardivement) à jour: quand vous postulez sur Kompass, vous savez très rapidement que tout est fini (ou pas). Quand nous postulions par courrier, nous devions attendre jusqu’à la dernière seconde S du moment M de la journée J pour savoir quand les quotas étaient clos. Et encore, quand cela était annoncé, ce n’était pas avec effet immédiat et des dossiers pouvaient encore être acceptés, jusqu’à minuit (le cachet de la poste intervenant encore…).
Maintenant, c’est comme ça (ou presque)
Désormais, vous n’avez plus qu’à être posé devant un ordinateur, après avoir bien lu les tutoriels de l’Ambassade (celui de cette année est une référence absolue).
Tout votre dossier peut être préparé en amont, vous donnant le droit à l’erreur et aux conseils des anciens. Plus de lettre de motivation, plus de course poursuite…
Vous êtes prévenus par 4 médiums différents, 24 heures à l’avance.
Le staff entier de plusieurs sites se mobilise pour vous aider, vous accompagner.
Vous avez trois possibilités pour postuler.
Votre attente dure au maximum deux jours pour savoir où vous en êtes.
Ma question
Mais au fait, vous vous plaignez de quoi, exactement ?