Second volet ce jour de mes multiples errances islandaises, avec le passage dans le Cercle d’Or.
Le Cercle d’Or
Pour résumer, ce charmant truc circulaire regroupe trois des plus beaux trucs visibles en Islande: Pingvellir, Gulfoss et enfin la vallée de Geyser d’Haukadalur.
Pingvellir tout d’abord (à noter que l’orthographe exacte est Þingvellir, avec la lettre toute bizarre du début !) est une entame parfaite pour s’extasier béatement dès le début du voyage: un parc naturel rempli de lacs, de canyons et de petites églises toutes mignonnes, invitant l’âme à se sentir poète. Il faut aussi savoir que ce n’est rien de moins que le lieu où fut crée l’un (le ?) des plus vieux parlements du monde, élu par le charmant, viril et courtois Grímur Geitskör.
Pas fous hein les islandais ! Faut dire aussi que quand on habite un pays comme ça, autant se faire plaisir et se faire ses réunions en extérieur plutôt que de se planter entre quatre murs… Toujours est-il que la vision de plein de chefs de horde coiffés de gros casques à cornes, tenant une grosse hache d’un main et trinquant entres eux avec les cranes de leurs ennemis a quelque chose de dépaysant (j’dois frôler l’anachronisme là !).
Sinon et de façon plus concrète, on notera sur place quelques panneaux explicatifs, un Visitor Center et tout plein de cars de touristes.
Ensuite, les chutes d’eau de Gulfoss: spectacle assez impressionnant que ces trombes d’eau se déversant sans cesse et toujours verticalement – preuve que la Nature est bien faite – dans un vacarme aquatique de la meilleure augure. Un court chemin permet d’accéder quasiment au point de chute (comment on appelle le haut de la cascade ?) et de prendre des photos assez réjouissantes (bien qu’humides). Des chemins de randonnée semblent permettre de faire de chouettes balades mais le bus ne nous ayant pas laissé le temps, je n’ai pas pu explorer d’avantage le lieu ! Encore ici, une boutique/Visitor Center et pas mal de touristes.
Troisième lieu enchanteur de cette trilogie, la vallée d’Haukadalur et ses cocottes minute locales: les Geysers, opportunément situés dans le riant arrêt de… Geysir (qui est ce coup-ci un monument national). On retrouve ici les premières traces de civilisation depuis bien longtemps: un camping, un hôtel, un restaurant/boutique de souvenirs/snack/bureau d’infos tenu par des gens forts sympathiques, acceptant les paiements en euros et tout cela à un tarif non-prohibitif – 1000 isk/personne et réduction pour les groupes . Le resto/snack ne casse pas quatre pattes à un canard mais a le mérite d’exister. Le camping, quand à lui, est vert, sans caillasse et situé à 2 minutes du parc géothermique. Enfin, vous avez un accès inclus à la (chaude) piscine locale et à ses douches à nudité (quasi) obligée.
La spécialité locale est donc les geysers. On en note pas mal dans le coin: des petits (Little Geysir), des grands (Geysir !) et des très grands (Strokkur)
Le parc en lui-même est vraiment en bordure de route donc très fréquenté. Il faut dire aussi que le spectacle offert par la variété des phénomènes (petites fumerolles, eau bouillante and co…) attire le chaland. Par contre, dès les derniers cars partis, c’est un plaisir de se balader là-dedans sous le soleil de minuit et de jouir qu’une (quasi) solitude !
Quelques petites randos sympas sont faisables, notamment en allant bien tout au fond à droite du lieu et permettant de contempler un beau panorama sur la vallée. Par contre, aucun intérêt à faire les 4 bornes pour Gulfoss à pied le long de la route…
Cette trilogie étant à présent achevée, passons maintenant à un gros morceau: la route intérieure de l’ile, la fameuse F35 (via Kjölur), ouverte seulement en été, traçant dans des paysages lunaires des Highlands, désertiques, toute faite de caillasse à la Dempster Style et qui a ravi mon petit cœur de yukonnais !
La F35 et Kerlingarfjoll
Pour le voyageur, l’enfer du tape-cul et l’agonie des amortisseurs commence quelques kilomètres après Gulfoss. Les arbres disparaissent, les plaines se font rocailleuses et poussiéreuses, la civilisation semble s’effacer d’un coup, sans transition et tout le monde se retrouve plongé dans un monde minéral où la seule chose qui crépite est le déclencheur de APN.
Où que vous regardiez, droite, gauche, est, ouest, le spectacle de cette désolation est le même. Au loin s’admirent les montagnes, au près se brûlent les yeux et s’asphyxient les poumons encrassés. Le bus passe sur et dans des rivières, roule au pas pour ne pas crever et les chanceux voyageurs apprennent tout plein de beaux jurons islandais (malheureusement indicibles ici !). L’on croise également de drôles d’ermites en vélo, des randonneurs randonnant et quelques gros 4X4 suréquipés.
Enfin, après quelques heures arrive l’Oasis tant espérée: Kerlingarfjoll, le F35 Best Kept Secret !
Quelques petites maisonnettes, un terrain de camping, un petit hôtel/restaurant, une rivière… et encore une fois, un panorama à faire fondre un pingouin égaré. Le personnel du coin (embauché en HelpX semble-il) est fort charmant, francophone et moultement aidant (réduction pour le groupe !). Il existe une salle cuisine pas mal équipée, des douches chaudes ouvertes à horaires réguliers et la possibilité de squatter le ouifi du coin.
Pour notre part, nous y sommes restés plus ou moins une journée (arrivée 15 heures, départ 15 heures le lendemain) mais avec le temps de faire deux choses essentielles:
– Nous baigner dans de vraies hotsprings bien chaudes (et perdues).
– Randonner au milieu de fumerolles toxiques, après avoir franchi plein de névés !
Pour ce qui est des Hotsprings, il suffit de suivre un petit chemin bien casse gueule sur la droite de la rivière pendant une vingtaine de minutes avant d’arriver à un cul de sac consistant en un vestiaire et deux bassins pétés mais suffisamment costauds pour retenir encore tout plein d’eau bien chaude. C’est un spot assez connu dans le coin, ce qui fait que le turn-over d’occupation avoisine les vingt minutes avant de laisser (ou pas) sa place à d’autres personnes.
Pour la rando N°2, c’est du nettement plus costaud mais c’est à faire ! Il faut commencer par tracer sur la colline en face et monter, tout simplement, pendant une heure et demie et un bon dénivelé, en croisant sur son chemin des champs de neige du plus bel effet. Le chemin est signalé par des bâtons plantés à intervalles réguliers et ne présente pas de difficultés particulières, si tant est que l’on prend son temps.
Une fois en haut, le spectacle est assez hallucinant:
La terre est ocre, les trous fument et tout ça pue l’œuf pourri. En suivant notre hiking way, il est possible de faire une boucle de deux bornes environ et de s’arrêter au bord d’un p’tit torrent encerclé par des trucs bizarres mais fort sympathiques (des trucs fumants, des trucs bouillants, des trucs gouttans…).
Au final, comptez 3 bonnes heures de marche A/R, largement faisables en une grosse matinée.
A suivre: la fin du Cercle d’Or, Mytvan et Husavik
PS: Petit ajout en HS sur une destruction en règle d’un coin de paradis, en plein sur le GR7, dans le pays béni du Haut Languedoc et sur ceux qui se battent pour éviter ça: Le collectif Fontfroide.