Gros ressortage de vieux sujets que je croyais abandonné: mes 7 merveilles du monde n’à moi et dont vous trouverez pas plus loin que juste après les deux premiers volumes, consacrés respectivement à Tombstone et Arches.
Voici donc venu le temps de la Merveille N°3 et qui va nous ramener du côté de Terre Neuve:
Cape Spears
Vous vous rappelez sans doute que la fin de mon PVT m’avait amené du côté de cette ile paumée où je n’ai rien fait d’autre pendant un mois que de chasser les lapins de la colloc’, bouffer de la poutine maison, errer dans les pubs irlandais, écumer les musées locaux et déposer beaucoup de cvs.
Toutes ces activités, bien que chronophages, n’ont jamais réellement assouvi l’ennui relatif et la nostalgie ambiante des derniers jours d’un long voyage, d’autant plus que celui-ci a méchamment tourné à l’introspection et aux questions rituelles sur l’ultime mois.
Il se trouve par ailleurs que je ne savais pas absolument pas quoi ce que j’allais bien pouvoir trouver à Saint John’s en dehors des bons vieux clichés: des marins, des toutous, la mer et des bateaux. Inutile de dire que j’ai bien été servi pour cette partie, ayant même eu l’honneur, le privilège, le plaisir de rouler un palot à un saumon gelé tout en déclamant un texte barbare faisant de moi un vrai Newfie (le screechin’ que ça s’appelle…), roux, barbu et velu.
Mais là n’étant pas la question, j’en viens donc à aborder Cape Spears.
J’avais balancé à tout hasard sur le groupe CS de Terre Neuve une requête de lift pour aller errer sur ce petit bout de terre qui se trouve avoir cette particularité:
C’est donc une fortement gironde demoiselle locale qui nous a accompagné, moi et la canadienne habitant là depuis cinq ans et qui n’avait jamais mis les pieds là-bas… et qui paraissait même ignorer l’existence de ce truc.
Le trajet, rapide, nous a amené en bord de mer où nous avons pu admirer:
– Une mer salement démontée
– Un vent carrément féroce
– Des récifs indubitablement coupants
Et, dans cette atmosphère marine de désolation, j’ai su/compris/réalisé que c’était là une forme d’adieu que je faisais à mon Canada. Sachant que c’était mon avant dernier jour là-bas, que je repartais pour la grisaille francilienne le lendemain soir, que je m’apprêtais à aller boire my last pint et que la nuit allait être consacrée à la longue agonie du rangement des affaires, j’ai compris que la fin était là, pour de vrai.
Alors certes, cela m’a pris ensuite longtemps pour saisir la réalité d’un retour à la vie d’avant, à retrouver des repères/repaires perdus, à revoir des choses oubliées mais c’est aujourd’hui, avec le recul et la douce ironie d’une année passée en France que je me rends compte de l’intensité de ce moment, que je croyais de prime abord n’être qu’un émerveillement typique du Cedric moyen mais qui était en fait un cheminement affectif vers l’Au revoir.
Alors voila pourquoi ce petit bout de terre ilien paumé, n’ayant d’autres attraits à la base que d’être septentrional à en mourir est une de mes merveilles:
Car là où on a dit « Au revoir », on revient forcément dire Bonjour, me revoila !