Objets inanimés, avez-vous une âme ?
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?
Je plagie cet éternel poème d’Alphonse de Lamartine pour vous parler de ce qui occupe mon coeur en ce moment. De cet être cher que je chevauche par monts et par vaux quel que soit le temps, qui jamais ne se dégonfle, qui se laisse tenir d’une main ferme et qui a la croupe nettement rebondie.
Mon vélo. Bien sur.
Bleu. Deux roues. Deux freins. Huit vitesses à droite. Trois vitesses à gauche. Une selle. Un espèce d’armortisseur hydraulique. Deux pédales. Pas de phares, pas de sonnettes. En ma possession jusqu’aux premières neiges. Pour une somme modique avoisinant les 150 dollars.
Bien. Les présentations étant faites ( Chers lecteurs, mon vélo. Mon vélo, mes chers lecteurs), laissez-moi vous narrer ma journée d’aujourd’hui qui fut belle. Simplement.
J’avais prévu d’essayer de voir les aigles qui campent dans les alentours, dans les aires (oui, le nid d’un aigle est une aire) soigneusement disposées aux alentours de Whitehorse. Bon, autant le dire de suite, d’aigle, je n’en vis qu’un, volant en cercle et toujours hors de portée de mon appareil.
A noter que si j’avais été ND et si j’avais eu ma grosse focale et mon gros objectif, il est clair que j’aurais pu prendre des photos d’une qualité bluffante et ainsi m’attirer les louanges de mon géniteur. Cette dernière phrase est la disgression la plus minable que j’ai jamais faite. Elle est garantie 100% mauvaise foi absolue. Fin de l’aparté destiné à une partie ultra minoritaire de mon lectorat.
Donc, presque pas d’aigle. Mais je ne sais pas pourquoi, alors que je roulais vers mon chemin habituel, j’ai eu comme un message divin. Soleil. Vélo. Matinée. Yukon. Et la mon regard a dérapé vers un panneau disant « Miles Canyon 5 kilomètres ». Boum. J’ai brutalement changé de braquet et youplaboum. A l’aventure le Cedric. Direction l’imprévu et le déjà connu-mais-seulement-en-hiver.
Voila. J’ai pédalé, monté, descendu, remonté, redescendu, craché mes poumons et tout le toutim habituel. Mais j’y suis arrivé. Et que j’ai décidé derechef de changer mes plans et de revenir en empruntant un chemin que je voulais prendre depuis longtemps: celui qui longe le Lac Sastrucmuche.Et donc acte. Je me suis pété le cul au sens propre du terme sur des dizaines de rochers, cailloux, souches d’arbres, branches… Gravi des collines et descendu des montagnes. Sauté, couru, glissé, dérapé… Mais je l’ai fait.
En trois heures de bonheur. Ma première randonnée en vélo au Yukon. Pas prêt de l’oublier celle-la. C’était juste magique. Tout seul au milieu des bois sur mon vélo, effrayant les spermophiles et les écureuils à tour de pédale. Un petit goût de paradis. Absolument pas programmé.
Bon après tout ça, il a bien fallu rentrer. Et retourner aux bassesses de la vie quotidienne et à ma quête-si-dure-qu’elle-est-même-pas-sur-WoW: trouver du travail. J’ai encore déposé quatre ou cinq cévés, rechopé mon responsable culturel qui m’a promis une réponse rapide.
Bref, rien que du très classique. Mais est-ce que je peux vraiment me plaindre ?
Réponse et suite des aventures de « Cedric sur son vélo explorant le Yukon » demain avec la partie 2:
Canyon City
PS: Un article du Monde parle du Yukon sous le titre » Au Yukon, le grand nord à l’accent français ». A lire avec un certain recul en gardant seulement deux chiffres en tête:
- 31 608 habitants
- 1200 francophones (dans tout le Yukon – 483 450 km2)