Salut ma France.
Tout d’abord, excuse-moi de ne pas t’avoir écrit plus tôt mais j’étais très occupé à me balader un peu partout (grâce à tes supers accords de PVT, merci de la trouvaille !).
Donc, comment vas-tu ? Que deviens-tu ?
Je me rappelle, quand je t’ai laissé la dernière fois, tu étais en couple avec un mec de droite. Je vois maintenant que tu penches nettement à gauche. Tant mieux ou pas alors ?
Je vois aussi que ton peuple passe son temps dans la rue. Qu’as-tu donc fait encore ? Et qu’est ce que c’est que ce combat d’arrière garde visant à légaliser le mariage homo’ ? Tu n’en as pas marre des fois d’être toujours en retard sur le reste du Monde (rappelle toi de la peine de mort et de l’IVG… Quel bordel ce fut dans tes institutions !) ?
Bref, tu te doutes bien qu’en fait je m’en fiche un peu de tes réponses et que je ne t’écris pas par politesse désintéressée: je vais donc être direct.
Ma France, en ce moment, tu m’agaces un petit peu (voire même beaucoup).
« Quoi ? »
« Comment mais enfin ? »
« Mais je ne vous permets pas »
Et bien si, tu vas me permettre, et pas qu’un peu, vu que je vais t’expliquer clairement mes soucis (tu noteras le pluriel).
1) Il est où le boulot ?
Tu vas me dire, là tout de suite immédiatement maintenant, comment cela se fait que je ne trouve rien, nada, nothing, quitche dans un domaine où j’ai des compétences avérées et dans lequel je me fais chier à chercher.
Tu vas me dire aussi pourquoi est ce que le taux de réponse à mes candidatures avoisine – comme certains prêts – le taux 0%, alors que je relance, explicite, contacte et communique au maximum afin de savoir justement QUEL EST CE PUTAIN DE SOUCI ?
Ensuite tu vas être gentille de bien vouloir éclairer ma lanterne à propos de ça: j’ai bossé au minimum 6 ans dans la décennie passée et, ô miracle de la relativité, cette durée s’est vue réduire à 2 ans et 3 mois par les services de ta structure nationale de recherche d’emploi.
Certes, c’était de l’animation et des CEE mais que diantre quoi !
2) Pourquoi tout le monde veut se barrer ?
Partout je ne lis que la même rengaine, remplie de ces même mots: exil, départ, fuite, étranger.
Te demandes-tu donc pourquoi ?
Comment est-ce possible qu’une génération entière ne trouve son épanouissement que loin de tes vertes prairies ?
Je pourrais t’apporter quelques éléments de réponse, te causer de l’accessibilité à l’emploi et d’autres spécialités d’ailleurs mais ce serait vain: tu gardes encore et toujours les yeux fermés et tu te réfugies derrière de valeurs vieilles d’un siècle, tout en sachant que le modèle existant est voué à un échec aussi prévisible qu’inexorable.
Pourtant, Dieu seul sait la chance que j’ai d’être français !
Quand je vois les possibilités qui existent, l’accompagnement que tu nous apportes dans la vie quotidienne, tes remboursements, tes allocations, ta protection sociale…
Le souci est que tu es trop généreuse et que tu favorises l’abus, encore et toujours, par un peuple passé spécialiste dans le domaine et qui mériterait une médaille si cela était une discipline olympique.
3) Pourquoi le Piston et les Diplômes ?
Tu sais, quand je t’ai trompé, avec bassesse et jouissance, du côté du Canada et de la Nouvelle Zélande, j’ai fait plein de boulots dans lesquels je ne me voyais vraiment pas qualifié (vois-y un héritage de ta société, je présume).
Pourtant, on m’a donné ma chance et on m’a laissé apprendre beaucoup, beaucoup de nouvelles compétences dont je me fais une joie de te faire profiter à mon retour.
Las ! Tu te rappelles, je suis sur, la litanie des réponses négatives, tout basées sur le même axiome: diplôme = compétence et Vlan dans la gueule, passe ton chemin petit être, même si tu es blindé d’expérience.
C’est la même chose si tu n’es pas un « fils de », un « ami de », « un parent de »: portes closes et bien fermées.
Honnêtement, je ne pensais pas que la situation était aussi grave et que tu étais aussi sclérosée, effrayée par la nouveauté, la remise en cause et que tu ne jurais que par le maintien intraitable, intégriste des choses déjà en place.
Aujourd’hui, le constat est sale, très sale et, excuse-moi, tu y es vraiment pour beaucoup.
Tu es danger, ô ma France !
Je ne te quitte pas: je n’en ai pas les moyens, ni forcement l’envie. Cependant, je me demande, en tant que citoyen de toi, si je fais le bon choix en restant ici et en te versant, encore et encore, la dîme annuelle de tes impôts.
Je te salue cependant, le cœur en berne et l’âme blessée, en te souhaitant un prompt et bon rétablissement.
Avec beaucoup de rancune,
l’un de tes fils.