Du 20 au 25 mars dernier, j’ai eu la chance d’accomplir l’un de mes rêves givrés: partir découvrir la Norvège du nord et la région des Lofoten, grâce à une invitation de Visit Norway. Ce vieux fantasme trainait dans ma tête depuis de longues années et force m’est de constater que j’ai trouvé là haut, dans cette région nordique européenne, bien plus que je croyais y découvrir. Cet article ouvre donc une série consacrée à ce voyage, surnommé #Lofotrip sur les réseaux sociaux, et vous emmène à la découverte d’une réserve pas comme les autres: le Polar Park, au nord de Narvik !

A la rencontre des Loups
Une longue histoire
Ma relation avec les animaux polaires ne date pas d’hier. Depuis l’époque où j’explorais le Yukon sous toutes ses formes, je voue un culte frénétique à tout ce qui porte robe blanche ou dents acérés. Le souvenir d’une rencontre irréelle à la frontière des TNO, quelque part sur la Dempster, m’émeut toujours autant que mon entrevue intime avec un bœuf musqué, quelque part en Alaska. Le contact est souvent hallucinant, surprenant. Surprendre l’animal dans sa vie, l’épier et le voir accomplir mille petits gestes anodins est toujours une source d’émerveillement pour moi et je recherche à revivre, encore et encore, ces moments pas comme les autres.

Aussi, vous comprendrez facilement mon émotion lorsque j’ai pris connaissance du programme et que j’ai découvert, qu’entres autres réjouissances, m’attendaient une rencontre avec des loups… mais aussi des renards arctiques, un carcajou, des ours et autre faune si typique des régions arctiques ! Plus fort encore, une entrevue bien particulière apparaissait à l’ordre du jour: un tête à tête avec lesdits Canidae Canis Lupus, au cours duquel ils sont sensés venir près, très près…
Préparer, anticiper, rêver.

Aussi excitante soit-elle, une telle rencontre ne se prend pas à la légère. Ainsi, nous eûmes droit à un très sérieux briefing de la part du staff local, Heinz, Marius et Heidi. Il nous fut expliqué, sous toutes les coutures, tout ce qu’il fallait faire (et ne surtout pas faire) pour que le moment se déroule le mieux possible. Ainsi, il est interdit de se déplacer en solitaire, de tenter d’attirer les loups façon « caniche à mémère », de poser des affaires sur le sol (au risque de les voir embarquées…), de laisser trainer écharpe, bijoux, bagues… De même, une posture bien particulière est à adopter, avec un genou posé sur le sol et l’autre jambe repliée, le tout pour pouvoir absorber le choc en cas de câlin trop malin ! Enfin, les dames furent ravies d’apprendre qu’elles seraient probablement favorisées car les loups adorent lécher le maquillage ! Loin de me refroidir, ces conseils eurent plutôt comme effet de prouver que j’avais face à moi des gens compétents et efficaces, qui aiment leurs animaux et ne sont pas prêts à faire n’importe quoi pour générer du bénéfice. D’ailleurs cette attraction n’est pas autorisée pour les mineurs, les malades, les cardiaques, les médicaments lourds, les femmes enceintes… Sécurité prime sur rentabilité !
Prêt à partir, emballé dans une grosse (et chaude) combinaison adaptée aux températures locales, je me demandais quand même, in petto, si tout cela était une bonne idée et si je devais vraiment me risquer à laisser un animal tel que le loup s’approcher de moi… surtout lorsqu’on songe à la relation toute particulière qu’il entretient avec l’Homme, entre fascination, haine viscérale, chasse et amour, désormais protégé alors qu’il fut exterminé sans nuance pendant des siècles. Cependant, comme il vaut mieux avoir des remords que des regrets…
Let’s go !

J’ai vu le Loup (et il m’a léché)
Quand nous nous apprêtons à rentrer dans l’enclos, nous les voyons déjà. Trois bêtes majestueuses, calmes, allongées sur la neige et semblant bronzer tranquillement. Une double porte grillagée donne accès à leur territoire, où gisent quelques os d’où pendent des lambeaux de viande séchée, preuve d’un repas récent. Au moins, bien nourris, ils ne devraient pas avoir à l’idée de se faire un steak de Cédric ! Le silence s’est fait au sein de notre petit groupe et nous avons pleinement conscience que nous nous apprêtons à vivre un moment d’exception.

Encadrés par nos guides, nous avançons dans la neige, jusqu’en haut d’une petite butte où nous nous asseyons en ligne, conformément aux instructions de notre briefing. Le premier réflexe des loups est de venir faire la fête aux têtes bien connues qui nous accompagnent. Qu’il est loin le cliché de la bête féroce sautant à la gorge du premier homme venu pour en faire son repas ! Ce n’est que léchage affectueux et preuve d’un lien intense qui unit ces animaux à leurs soigneurs (et amis).

Absolument pas peureux, les bêtes tâtent le terrain, reniflent et donnent de généreux coups de langue à certains. Quand l’une d’elles passe devant moi puis s’arrête, je suis à deux doigts de vouloir la prendre dans mes bras et de la serrer fort contre mon cœur. La majesté de cet animal en mouvement est incroyable. Fluide, gracieuse et affutée, elle n’en est pourtant pas moins un prédateur redoutable… ce que mon cerveau semble totalement oublier tellement je suis plongé dans le moment présent, faisant fi de toutes mes peurs précédentes.

L’intensité de la rencontre est tout bonnement incroyable. Après m’avoir regardé attentivement, le loup lèche généreusement mes mains, me renifle une fois de plus et semble décider que je ne corresponds pas à ses critères d’amour. Il part donc vers l’un de mes confrères, sans que je ne puisse m’empêcher au passage de plonger ma main dans sa fourrure épaisse, douce et chaude. S’en suit un moment hors du temps, lorsque la meute se met à hurler en coeur, répondant ainsi à l’appel lancé par Heinz. Bouche bée, oreilles grandes ouvertes, nous écoutons et observons un spectacle rarissime: le cri de ralliement d’une espèce, entendu depuis la nuit des temps mais si rare à voir « pour de vrai ». Guttural et aigu, le son fait vibrer mes organes et résonner des sentiments inconnus en moi. J’ai envie de me lever et de hurler moi aussi, avec ces animaux, à pleine gorge et de toutes mes forces.
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Après quelques minutes de mitraillage intense, il est temps de repartir. Sur le chemin de la sortie, notre trio magique revient à deux reprises nous saluer, comme s’ils avaient encore un petit doute sur notre identité. A chaque fois, et malgré les soupirs de nos encadrants, nous nous jetons à genoux sur le sol et prions de toute la force de notre âme pour qu’ils reviennent…

Un dernier tour puis ils s’en vont, retournant vaquer à leurs occupations canidéennes…


Une fois rendus dehors, les sourires fleurissent et l’émotion est palpable. Nous avons vu, touché et caressé des bêtes incroyables et nous jacassons à ce propos comme des enfants devant le dernier jouet à la mode. Nous nous racontons nos ressentis, notre vécu de la situation et nous prenons conscience de la chance folle qui nous a été offerte à cette occasion. Il est cependant difficile, très difficile, de formaliser avec des mots une telle rencontre. Pour moi, cela a été un moment purement sensoriel, aussi dramatique que fabuleux et je crois que je le garderai toute ma vie dans un petit coin de ma tête…
Et ce n’est pas fini !
Après toutes ces émotions, je croyais que le tour était fini. Grossière erreur puisque nous avons fait d’autres rencontres assez improbables, comme le montrent les images ci-dessous. Ours, carcajou (!!!) et renards arctiques furent d’autres moments de franche rigolade, de détente et de peur (aussi). Il faut savoir que les animaux ne sont pas tous comme les loups et je vous assure que le carcoujou (aka Glouton aka Wolwerine) se serait fait un plaisir de nous sauter à la gorge si le besoin s’en était fait sentir. Il faut dire aussi que je voue un culte extrêmement étrange à ce bestiau bien précis tellement sa façon de vivre m’impressionne. D’ailleurs, j’étais réellement plus mal à l’aise devant lui qu’avec les loups…



Les petits gloutons de renards sautant partout, montant et descendant nos corps à la recherche de nourriture ont remporté (à l’unanimité) la Palme d’or des « animaux les plus mignons jamais croisés dans des latitudes pareilles ».


Il est à noter que (joyeuse) rencontre est ouverte aux enfants. Ils risquent de faire comme nous, tout à la fin: ne pas vouloir partir et jouer, encore et encore, avec ces petites bêtes folles qui courent partout !
Pour en savoir plus
Pour en savoir plus sur l’endroit, les possibilités de restauration, de logement et le prix des différentes activités, le site officiel du Polar Park est à votre disposition et regorge d’informations essentielles. Je recommande chaudement la lecture de la rubrique Good to Know dont je cite cet extrait:
« POLAR PARK is one of the animal parks in the world with the most space per animal The animals are not in small cages, but have lots of space – and can hide themselves if desired. Although most of our animals are ve ry social and curious and not afraid to humans.But anyway: If you do not take the time, it may be that you do not see the one or the other animal. The countryside around POLAR PARK is amazing. Go a few rounds, sit down. Take yourself the time to photograph, to « study » the animals, take a romantic piknick or take a meal in the restaurants. Enjoy yourself.«
Enfin, y aller n’est pas compliqué vu que le site n’est distant que d’une trentaine de kilomètres de Narvik, via une route aussi sinueuse que belle, passant par quelques sites historiques de premier ordre (dont le champ de bataille de la WW2 !). N’hésitez pas, dans tous les cas, à contacter l’équipe de Nothern Norway, qui se fera un plaisir de vous aider !