Au jour le jour, au gré des inspirations, des souvenirs, des anecdotes, des traces : les Carnets de Finlande ne sont pas un guide pratique. Ni vraiment un article. Ni vraiment un témoignage. Juste quelques mots pour raconter. Créer un pont entre vous et moi. Et me souvenir, en quatre étapes, épisodes, moments. Qui se poursuivent avec Turku, troisième étape de mon séjour.
Retour vers le Turku
25/9/23
Le gratin du Finnois
Dur, dur de quitter Tampere après ces quatre jours enchanteurs. Honnêtement, je serais vraiment bien resté plus longtemps dans la capitale mondiale du Sauna mais je dois aller à Turku. Et par le train de midi et des brouettes, qui arrive à quatorze heures et des poussières : un trajet sans histoire(s), à part que je me décide enfin à réserver un hébergement pour les trois prochaines nuits, après avoir joué une dernière fois à pile-ou-face entre l’auberge de jeunesse et le couvent.
Ma première impression en descendant du train et en arrivant à Turku : un gros, gros soupir à l’idée de me farcir 900 mètres avec mon sac sur les épaules. Et ce n’est pas le grand sourire de connivence de la backpackeuse qui chemine à mes côtés dans la rue qui change quoique ce soit : je n’ai pas la motivation pour partir explorer Turku là, tout de suite, immédiatement. Et en plus, j’ai faim. Et quand j’ai faim, je ne pense qu’à une chose, manger. Alors, afin de pouvoir continuer le récit, je dois trouver un endroit où me restaurer et poursuivre l’histoire sans faim. Bref, j’arrive à l’auberge – bizarrement située dans un immeuble mais au rapport qualité-prix merveilleux – je lâche mes sacs et je pars en direction du spot à fréquenter en priorité si vous êtes un.e affamé.e en Finlande : le kauppahalli local. Autrement dit : une halle, un marché couvert. Voire même un foodcourt. Un endroit où manger bien, bon, local et pas cher (ce que je fais en bon auteur de guide que je suis).
Et voici donc venu le temps de la première réelle exploration de Turku. Deux places fréquentées. Des rues perpendiculaires genre downtown d’Amérique du Nord. L’Aura qui coule au milieu, avec ses rives et ses sculptures géantes. Je me gratte la tête, me dirige vers la Cathédrale et je regarde ce qu’il est possible de faire à Turku, un lundi de septembre à 15h30. Et je tombe sur un musée médical, qui semble n’être ouvert que le dernier lundi de chaque mois, entre 16h et 18h : typiquement le genre de plan que j’adore et qui débouche sur une improbable visite guidée à mi-chemin entre l’anglais et le finnois, par un conservateur étonné (mais ravi) de voir un touriste français en goguette dans son minuscule et ravissant musée (bénévole). Cette première journée Turku s’achève finalement dans une hutte asiatique, en face de la gare, pour un délicieux plat de street food thaïlandais.
Je bugue sévèrement, sur le chemin du retour, en croisant un robot de livraison autonome, qui se balade tout seul dans les rues de Turk (et apparemment, je ne suis pas le seul). Mais bon, demain sera un autre jour (comme pas cette soirée qui va ressembler aux autres : écrire, écrire, écrire) !
26/9/23
Turku à la Föli
Nouveau réveil, nouveau matin, nouvelle journée et grosse dose de motivation : c’est ma journée musée(s). Je vais enfiler les visites comme des perles sur un collier, en commençant par la mammouth local : le château de Turku, un mastodonte du XIVème (siècle hein, pas arrondissement). Mais avant tout, je saute sur la présence d’une machine à laver pour faire une immense lessive (et foutre le bordel dans ma chambre en installant le seul séchoir dispo’). Ca me permet également de bosser pendant une heure et c’est toujours ça de pris.
Une lessive étendue plus tard, me voici donc parti dans les rues de Turku. Je profite du besoin d’acheter une carte de transport du réseau local (joliment dénommé Föli et qui permet de voyager dans une vaste zone à prix unique et indécemment bas) pour faire un détour par LA boutique de photo repérée la veille et qui dispose d’un stock d’appareils argentiques absolument incroyable. Si je ne trouve pas la pièce idoine, je passe cependant un chouette moment à faire l’escargot: à baver.
Juste le temps d’un trajet en bus et me voici confronté à un terrible désarroi, à une douleur immense qui brise mon cœur en mille et un morceaux : le restaurant de burgers que je voulais tester est fermé. C’est donc ronchonnant que je me dirige vers l’adresse bis. Où je passe un moment ex-cep-tion-nel, avec un saumon délicieux emballé dans la douceur du sourire taquin de la serveuse m’apprenant que l’expression « s’il vous plait » n’existe pas en finnois, que c’est comme ça et que la vie est belle aujourd’hui, vous ne trouvez pas ? Je savoure ma soupe, mon saumon et ce moment, trouvant tout d’un coup que Turku est, en fait, une chouette ville !
Mais trêves de blablas, j’ai un château sur les bras, et du genre costaud, le bestiau. Et grand. Avec deux parcours de visites distincts, prenant chacune une bonne heure et demie si on scanne tous les QR code (qui donnent accès à des commentaires en français). J’avoue avoir légèrement accéléré le pas vers la fin (surtout lorsque le guide-surveillant présent dans la salle a entrepris de m’indiquer la généalogie détaillée de tous les souverains du pays : ma patience me perdra).
Aussitôt la visite bouclée, j’enchaine sur la suite du programme : d’autres visites de musées, autant que faire se peut jusqu’à fermeture. C’est donc ainsi que je salue le musée d’art moderne N°1 du coin, celui de la pharmacie et celui, plus étonnant, d’archéologie et d’art moderne (N°2), le premier ayant été aménagé suite à la découverte de ruines durant la construction du second, ruines de l’ancienne Turku, laissée en état in situ et dans lesquelles on peut déambuler en (quasi) toute liberté.
Pas de surprises pour le soir : BBB (Burger, Bière et Boulot) !
27/9/23
Et puis, Naantali.
Dès qu’il avait su que je partais trois semaines en Finlande et que j’étais à la recherche de conseils, reco’ et autres bons plans, Manu avait surgi dans mes DMs Instagram avec un seul mot, répété en boucle tel un mantra : Naantali, Naantali, Naantali (avec moult coeurs partout). Comme je suis du genre à faire confiance à mes potes (de feu la TG) et à mes communautés, j’ai regardé sur la carte, vérifié les transports puis hoché la tête. Ouaip, Naantali semble valoir le coup, même si la haute saison touristique est passée depuis quelques temps.
C’est donc le sourire aux lèvres, avec un beau soleil dans le ciel que je fais une infidélité à Turku et part passer la journée à Naantali. Enfin ça, c’est ce qui était sensé se passer. Parce qu’en réalité, Naantali fin septembre, c’est calme. Très, très calme. Trop calme en fait : le parc des Moumines est fermé, les magasins sont fermés et, en-dehors d’une ou deux visites de musées très, très anecdotiques, il n’y a en réalité que des balades en plein air à faire. Alors, certes, je ne vais pas me plaindre : j’adore me balader dans la nature du coin. Et le décor est franchement joli, avec ses pontons cachés, les canards cancanant en famille, l’église de bois et son orgue mais j’en fais le tour bien trop vite. Je reprends donc le premier bus venu pour revenir à Turku et aller visiter, non pas un musée d’art moderne mais bel et bien un ancien quartier de maisons en bois, superbement préservé et qui témoigne de ce qu’était Turku avant l’incendie qui a ravagé la ville les 4 et 5 septembre 1827.
Après un petit passage à l’auberge pour recharger les batteries (autant les miennes que celles de mes appareils), je pars m’offrir une pizza dans un établissement très recommandé, très fréquenté et où les plats portent le nom des membres de la famille royale britannique. L’attente me permet de découvrir que le bar entier participe à une sorte de Murder Party, un genre de jeu de rôle à suivre en VO sur les télés de l’établissement. Pour ma part, je sais que l’assassin est le Colonel Moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier donc je ne traine pas. Pourtant, ce soir, je n’ai pas envie de rentrer. J’ai plutôt envie de me balader et de dénicher quelque chose. Je lance donc une rapide recherche dans les bars les mieux notés de Turku jusqu’à tomber sur une anomalie à 5*, située totalement en-dehors du centre, dans ce qui semble être plus une zone industrielle désaffectée qu’un lieu où sortir : exactement ce que j’adore. Et c’est là que je suis tombé sur ce wagon illuminé dans la nuit, comme une oasis dans le désert. Et j’ai a-do-ré m’assoir dans ce train sans départ ni arrivée, discuter avec le patron et ses mille vies et refaire le monde le temps d’une bière, au son du jazz.
Comme toute chose a un terme en ce monde (sauf les impôts qui en ont quatre, a dit je ne sais plus qui), il a bien fallu que je quitte les rails et que je rentrasse (et ceci n’est pas subjectif malgré le fait que ça en soit) à mon auberge faire mes bagages et, comme tous les soirs, écrire mon contenu quotidien.
28/9/23
L’Aura l’appelle.
Faire le sac ce matin plutôt que demain et changer d’hôtel un jour avant mon départ ? Oui, pour une raison pratique très simple : j’ai un ferry à choper pour l’archipel d’Åland très, très tôt le 29 et aucune envie de traverser Turku en bus à pas d’heure avec mon barda. Et puis, pas loin dudit ferry, il y a aussi un truc sympa : un gros bateau transformé en musée, restaurant, centre de conférence et auberge de jeunesse. Où j’ai réservé une chambre pour la nuit. Je fais donc mes adieux au centre-ville de Turku et à mon auberge pour aller prendre mes quartiers maritimes (dans le même quartier).
Une fois installé dans la (minuscule) cabine qui m’est échue, le programme de la journée est vite tracé : des musées à visiter, une brasserie à tester et des explorations à mener, le tout avec une très forte tonalité maritime, du fait de la présence de l’Aura et de tous ces bateaux. Le repas du midi et l’après-midi passent donc assez vite et je passe allégrement d’un lieu à un autre, en empruntant au passage plus que de raison le génial petit funiculaire du coin, qui dessert le site de l’ancienne prison devenu un quartier hype (avec sa brasserie, son hôtel, son spa et plein d’autres choses). Je profite aussi du tout petit traversier pour changer de rive (et de programme vu que le dernier musée de ma liste est fermé pour travaux).
Ma toute dernière balade à Turku est empreinte d’une douce et inattendue nostalgie envers cette ville qui a finalement su me séduire. Merci donc pour ta saisissante étrangeté qui n’a eu de cesse de me surprendre, de m’étonner, de me faire sourire et marcher (beaucoup). Un dernier regard sur une œuvre de street-art en pleine création et sur la suite de Fibonacci et voilà, c’est presque fini, Turku.
[Bonus photographique]
Turku au tél’
Lever, appuyer, enregistrer : une fois n’est pas coutume, mon téléphone a passé bien plus de temps dehors que mon appareil photo. Il faut dire que c’est tellement facile aussi. Et utile, vu que j’utilise les photos en lieu et place de la prise de notes. Alors, façon en vrac et papparazzi, voici Turku au tel’ !
Turku façon Street Art
Turku façon musée
Turku façon Turku
Naantali aussi
Impressions tardives (et numériques)
Marrant quand même. Ma première impression de Turku a été celle d’une froideur et d’une grisaille terribles, au point que je veuille retourner de suite à Tampere, par le premier train venu. En fait, il faut croire que, dans le voyage, il faut toujours laisser sa chance à tout parce qu’au final, ben j’ai kiffé Turku. C’est juste qu’il a fallu du temps, de la marche et de la patience pour trouver ce que je n’ai cherchais pas vraiment (parce que quand je cherche un truc dans une ville, en général, je le trouve). Bref, ça vaut ce que ça vaut mais si vous êtes dans le coin, faites un tour à Turku. Et allez voir l’archipel, il parait que c’est magique !
Petit point légal : toutes les photos sont soumises au droit d’auteur. N’hésitez pas à me contacter si vous pensez en avoir usage, voulez en acheter un tirage (ou autre). Et si vous aimez mon travail ici et là, vous pouvez même me payer une bière 2.0 (et merci Gab’ pour le titre).