Au jour le jour, au gré des inspirations, des souvenirs, des anecdotes, des traces : les Carnets de Finlande ne sont pas un guide pratique. Ni vraiment un article. Ni vraiment un témoignage. Juste quelques mots pour raconter. Créer un pont entre vous et moi. Et me souvenir, en quatre étapes, épisodes, moments. Qui commencent avec Helsinki, porte d’entrée du pays et de mon séjour.
120 heures capitales
16/9/23
Retrouver Helsinki
Depuis que je sais que j’ai un guide de voyage à mettre à jour et donc une enquête sur le terrain à effectuer, je n’attends qu’une chose : partir pour gouter de nouveau au plaisir fou de la solitude voyageuse. Cela doit faire plus de huit ans que je ne suis parti aussi seul, aussi longtemps. Alors trois semaines en solo en Finlande, c’est le genre d’offre qui ne se refuse pas (surtout quand l’offre en question est un vrai travail).
J’ai dans la tête bien des souvenirs au moment d’embarquer à CDG en direction d’Helsinki : mes premiers pas en Finlande, en 2010. Le retour en tant que blogueur invité, quelques années plus tard. Et des passages épars, ici et là. Je sais que j’aime cette ville et je sais que je n’aurais aucun souci à m’y replonger tel le saumon dans un torrent d’Alaska. Cependant, il est une chose que j’attends avec une impatience exaspérante : Suomenlinna ! En attendant, je me balade avec mes gros sacs achetés avant de partir en WHV kiwi. Toujours fidèles, toujours solides. Mes meilleurs copains d’aventure(s) et de bourlingue(s) !
Vol sans histoires. Trajet jusqu’à la gare sans histoire. Récupération de la clé sans histoire. C’est la première fois que je vois le quai d’une gare depuis ma chambre. Il est 16 heures et j’ai faim. Juste le temps de balancer les sacs et c’est parti : à moi Helsinki.
Je n’ai pas de mal à retrouver mes marques dans la ville et à m’y diriger. Je laisse la gare dans mon dos et je pars faire mes emplettes (car oui, oublier ma brosse à dents est une de mes compétences spéciales). Un hamburger, le port et une bière à 9€ plus tard, il est raisonnable d’aller se coucher. Demain sera un autre jour.
17/9/23
Suomenlinna et des musées.
Je ne sais pas pourquoi j’ai des souvenirs aussi forts de Suomenlinna. Pourtant, je n’y ai passé qu’un après-midi, un dimanche d’août 2010, avant de partir à Saint-Pétersbourg. Peut-être que ces moments étaient magiques ? Uniques ? Exceptionnels ? En tout cas, j’ai décrété que ce dimanche serait consacré à l’île forteresse. Juste à elle, rien qu’à elle. Et je me suis même levé tôt pour ça.
Il ne fait ni beau ni moche. Quelques gouttes passent, sans plus et nous ne sommes qu’une poignée de touristes à faire la traversée. Je passe vite fait à l’office de tourisme choper un plan et je trace ma route sur les chemins de l’île. Objectifs : faire la tournée de tous les musées ouverts et trouver une adresse sympa où manger à midi : il y en autant d’un côté que de l’autre.
Pluie. Tempête. J’ai été pris en traitre et trouvé refuge dans une ancienne casemate. Bordel que ça souffle aujourd’hui ! J’abrège ma tournée des remparts et fonce me réfugier dans l’immense salle de pique-nique déserte, avec ses robinets où boire « l’eau la plus pure au monde ». Rien que ça. Un couple asiatique m’observe et nous nous saluons. Rencontre silencieuse.
J’enchaine les visites sur un rythme industriel et finit par trouver un restaurant bien caché après un chantier naval. Je mange mes premières chanterelles finnoises du séjour et savoure le feu de bois de la grande salle. Dehors, une famille est réunie pour célébrer l’anniversaire d’une arrière-grand-mère. Dans le vent et sous la pluie : nul n’en a cure. Pour ma part, il est quatorze heures et mon tour de Suomenlinna est déjà achevé, battant en brèche mon plan soigneusement conçu. Que faire alors ? Prendre de l’avance et aller visiter d’autres musées ouverts le dimanche ! Et me voilà jouant à saute-musée, autant que faire se peut, d’une adresse à une autre, sans m’arrêter. Je visite, je regarde, j’admire, je note, j’interpelle, je questionne. Du design, de l’architecture, de l’histoire, de la photographie, de la ville, je prends tout ce que je trouve. Et j’adore ça ! Ma tournée s’achève dans l’exceptionnel musée national avec ses incroyables montages photographiques. Dommage qu’il doive fermer pour rénovation(s) aussi longtemps !
Le soir, je décide de m’offrir une séance d’errance digestive et nocturne sans but. Pour le seul plaisir de la balade. Balade qui m’amène (in)volontairement dans un pub à 6€ la pinte. Pub que je m’empresse d’ajouter à ma collection d’adresses tellement il est chouette et authentique. Et je croise trois lièvres en revenant. Peut-être sont-ce ceux de Vatanen ?
18/9/23
Helsinki et ses quartiers
D’habitude, j’essaye d’éviter autant que possible les visites guidées. Mais là, je ne pouvais passer outre. Et grand bien m’en a fait puisque pendant trois heures, j’ai découvert une autre facette de la capitale. Intimiste, inattendue, pétillante et amusante. Nous passons de l’incroyable bibliothèque nationale aux Halles de Kallio, un quartier où il fait merveilleusement bon se perdre et errer doucement. Toute la matinée, je ne cesse d’écouter, de photographier et de noter (encore et encore), le tout sous un soleil éclatant.
Je passe le reste de la journée à faire mon nouveau sport favori : visiter des musées. Plein de musées. Comme celui du sport ou celui du tramway. Ou des musées qui n’existent pas (ou plutôt qui n’existent que sur Google Maps). Le tout entrecoupé de pauses panoramiques et d’observation de l’entrainement de l’équipe de foot de la ville. Je finis cette journée en allant m’avachir (avec classe et distinction) sur les marches de l’escalier de la place la plus iconique de toute la ville, d’où j’observe autant la vie suivre son cours que l’improbable mise en scène demandée par un touriste à deux jeunes locaux pour une simple photo. Eclats de rires généraux et une nouvelle journée qui s’achève.
19/9/23
Töölö (et ses musées)
Nouvelle journée, nouveau quartier et nouveaux musées : le rythme est chargé et les nuits courtes car, chaque soir avant de me coucher, je rentre les adresses de la journée, vérifie les informations, met à jour ce qui doit l’être. L’idée est de profiter d’être sur le terrain pour faire le maximum de travail maintenant (et d’en avoir le moins possible une fois rentré, évidemment).
Et donc, Töölö (qui se prononce Teuleu Teueuleu, merci Sam’ pour la précision) ,si j’ai tout bien suivi). Des musées (d’art, de nature, de design et d’autres trucs que je ne suis pas sur d’avoir saisi). Une sandwicherie danoise. Une librairie française improbable et géniale. Une statue de Chewbacca dans un hall. Une tête de mouette géante dans la rue. Je coche mes noms au fur et au mesure de la journée et me retrouve à avoir fini plus tôt que prévu. Que faire en ce cas ? Et bien solliciter sa (super) communauté sur IG et écouter les suggestions. Comme celle où il est question d’aller nourrir des écureuils à Seurasaari, que je rejoins facilement en bus (sans vérifier les horaires de retour, ah ah, hashtag boulet). Je vois en effet des écureuils. Et des maisons de bois. Et je fais une chouette balade dans la nature. Sans faire gaffe au bus qui s’en va, là-bas. Et qui est le dernier de la journée. A 16 heures de l’après-midi. J’en suis quitte pour une petite balade supplémentaire !
Le soir, changement d’hôtel. Une autre petite balade supplémentaire, façon escargot avec ma maison sur le dos. Je profite de mon nouveau quartier pour chercher un nouveau plan bouffe. Que je trouve après 45 minutes de balade, le tout suivi d’une halte dans un bar où la bière s’affiche à 12€90, un tarif qui ne semble choquer personne. Ils sont fous, ces finnois !
20/9/23
L’Espoo fait vivre
Le voici, le voilà : mon premier parc national en Finlande. Je l’avais repéré depuis belle lurette celui-ci, tout accessible en transport en commun qu’il est, Nuuksio. Il suffit de prendre un train, un bus (avec la même classe de maternelle anglophone, à l’aller comme au retour) et hop, à moi les randonnées pour ce dernier jour à Helsinki. Sauf qu’il y a un truc que je n’avais pas prévu: l’alerte météorologique « Temps dégueulasse et vents violents ». Du coup, mon projet d’échappée très belle s’est transformé en une humide retraite à l’abri du musée-restaurant-buffet all you can eat (mais avec quand même un joli panorama pendant la randonnée que je me suis dépêché de faire).
Alors, comme un plan est tombé à l’eau, autant en sortir un autre de ma besace à merveilles : je profite de ma présence à Espoo pour aller voir Emma, un musée d’art moderne absolument merveilleux, musée où je constate que mes chaussures de randonnée sensées être imperméables sont en fait de vraies passoires. Et que si je veux pouvoir continuer à marcher en Finlande au sec, il va me falloir une nouvelle paire. Mais en attendant de trouver chaussures à mes pieds, je visite Emma. Et le musée du jouet, situé juste à côté. Et je m’émerveille de tout ce qui est mis en place pour les enfants partout, depuis les salles de jeux aux toilettes adaptés. Et je trouve ça merveilleux. Aussi merveilleux que la paire de pompes à 25€ que je déniche à Lidl, dernier magasin tenté avant de devoir claquer un smic et trois reins ailleurs.
Tel Boudu, me voilà donc sauvé des eaux et prêt un nouveau départ !
[Bonus photographique]
Helsinki instantané
Sur la page Facebook du blog, j’ai écrit – durant le voyage et bien plus tard – que je ne prenais que peu de photos par rapport aux fois où je suis en reportage pour une destination et que j’ai du contenu à créer. Et c’est vrai : le nombre de clichés pris avec mon bon vieil Olympus est quasiment risible. Par contre, là où je me suis lâché, c’est avec le téléphone. J’ai paparazzé comme un bourrin, tout et rien à la fois, de l’emblématique au superflu en passant par l’immanquable et l’anecdotique.
Helsinki au tel’ : le Street Art
Helsinki au tel : les musées
Helsinki au tel’ : ce qui ne va pas ailleurs !
Impressions tardives (et numériques).
Donc, Helsinki. Y revenir, tant d’années après et ne pas être déçu, c’est déjà une réussite en soi. Et puis prendre le temps. Se l’offrir en fait. Presque paradoxalement vu que j’ai bouffé plus de musées en cinq jours là-bas qu’en trois ans à Amiens. Mais devoir explorer oblige à une sorte d’exhaustivité, de liberté. De permis d’errance et de détours. D’aller chercher les perles cachées et de vérifier les adresses éprouvées. Il faut aussi sortir les sécateurs et virer sans remords ce qui n’a plus sa place. Ce qui a disparu, ce qui n’existe plus. Il faut explorer, battre le pavé tant qu’il est chaud. Tout vérifier sans arrêt. Et puis, ces quartiers et ces noms improbables. Et ces musées où les enfants sont les bienvenus. Et Suomenlinna, envers et contre tout !
Petit point légal : toutes les photos sont soumises au droit d’auteur. N’hésitez pas à me contacter si vous pensez en avoir usage, voulez en acheter un tirage (ou autre). Et si vous aimez mon travail ici et là, vous pouvez même me payer une bière 2.0.