Fils sur la navette fluviale sur la Meuse

Liège en famille

Liège, du chaos nait la beauté

Cela ne fait que quelques minutes que nous sommes descendus – littéralement – dans le downtown liégeois et, déjà, je sais que je suis en train de tomber amoureux de cette ville. Il y a des choses, comme ça, qui ne s’expliquent pas. Des coups de foudre, des love at the first sight, des tomber en amour au premier regard. Et c’est exactement ce qu’il m’est arrivé à Liège.

Autour de moi, tout n’est que frénésie, anarchie, chaos urbain. Je regarde, j’écoute, j’observe et j’entends des travaux, des cris, des interpellations à voix haute d’un trottoir à un autre, des ruelles crades qui côtoient des avenues classe, des boutiques de luxe adossées à des superettes antiques, des rades d’antan où l’on trinquait la clope au bec et la main claquant sur le zinc juxtaposées à des Healthy and Detox Shop, des friteries qui puent le graillon et des restaurants étoilés. J’ai l‘impression délicieuse d’avoir trouvé une copine de New York et Berlin, une de ces villes qui semble courir après elle-même, dans une course effrénée sans queue ni tête vers l’avant, qui ne doit s’interrompre sous aucun prétexte. Toujours plus vite, toujours plus haute, toujours plus follement. Et dans ce fatras citadin innommable que ne semble vivre que par et pour lui-même, je suis comme un poisson dans l’eau, le sourire vissé aux lèvres et les yeux bloqués en position grand angle. J’enregistre, je m’imprègne et j’emprunte absolument tous les chemins les plus détournés, au risque consenti de devoir courir pour rattraper le reste de ma famille.

Cependant, Liège n’est pas que cela, que cet immense jeu de dominos en équilibre précaire dont on ne sait jamais s’il va réussir à s’élever ou bien si tout n’est que prélude à une chute finale inévitable. C’est également, envers et paradoxalement, une cité de prestige qui possède un patrimoine étonnant qu’il suffit simplement de chercher pour trouver, au détour d’une place, d’une rue ou d’un pont. Evidemment, ce n’est pas ici la beauté formelle, globale et légendaire de certaines cités des Flandres mais plutôt quelques joyaux répartis avec sagacité entre ici et là, qui viennent offrir un contrepoint délicat, comme si Liège venait dire “Hey toi, tu sais que je ne suis pas exactement comme tu le crois ? As-tu vu mes ruelles ? Mes musées, mon arsenal et mes palais ? T’es tu perdu vers la Cathédrale ? Hein ? Alors ?”

J’ai l’impression délicieuse d’avoir trouvé une copine de New York et Berlin, une de ces villes qui semble courir après elle-même, dans une course effrénée sans queue ni tête vers l’avant, qui ne doit s’interrompre sous aucun prétexte.

Instantanés liégeois

Et puis, cet alliage liégeois entre tradition et modernité, entre avant-hier et après-demain, est renforcé par tout ce qui tient de l’indicible, du volatile, de l’éphémère : les œuvres de street art, le vol des oiseaux sur la Meuse, le regard d’un mouton qui paisse sur les hauteurs, des chants estudiantins dans la nuit, la chaleur d’un sourire, la trinquée de deux verres au-dessus d’une table, une mine réjouie au moment de commander, des papilles qui en redemandent, un souffle court au bout d’une montée interminable, des ISO qui s’envolent et crament une prise de vue nocturne, des mantras susurrés dans la chambre d’hôte, des jeux d’enfants et des conversations d’adulte, le vent dans les cheveux sur un bateau, une murène rigolarde, des contes nocturnes dans la boue, du shopping de dernière minute, des batteries à zéro dont on se fout royalement, une immersion dans Magritte, un goûter hors de prix suivi d‘une incroyable murmuration volatile, une gaufre dévorée des yeux avant d’être croquée du bout des dents, une voiture garée pour ne plus y toucher, des tours, des détours et des retours.

Aparté voyageur

C’est un véritable bonheur que de découvrir de nouvelles villes en ces temps étranges où les variants jouent avec les nerfs et où les plans de voyage(s) millimétrés peuvent s’effondrer sans prévenir, balayé comme un fétu de paille dans le vent. Il convient donc de savourer à leur juste saveur ces instants d’une normalité apparente, dont on ne sait trop s’ils sont des morceaux d’hier, de ce légendaire “monde d’avant”, revenus se promener aujourd’hui, s’ils sont juste des cadeaux éphémères dispensés par on ne sait quelle déité planquée là-haut ou bien, simplement, des trésors déterrés par hasard qui vont aller en s’amenuisant au gré du temps.

Ce qui est sûr, cependant, c’est qu’il convient d’en profiter à 1001%, de ces fameux moments à l’origine et à la durée de vie incertaine. Croquer la pomme du voyage à pleines dents en vivant plutôt d’un jour vers le lendemain plutôt qu’un mois sur l’autre. Garder la semaine prochaine en horizon probable plutôt que se projeter dans un futur aussi lointain qu’incertain. Faire une sorte de mix entre un YOLO raisonnable et un Carpe Diem raisonné, en assurant le respect sanitaire en toutes circonstances, en respectant les règles du jeu plutôt que d’imposer les règles d’un JE bien égoïste et solitaire.

Je ne sais toujours pas de quoi les monde du voyage, du tourisme et des déplacements seront faits, à courte échéance (et bien malin est celui qui se lance dans ce genre de projection) mais, ce dont je suis sûr, c’est que, plus que jamais, les voies, les chemins, les rues et les boulevards que vont devoir emprunter ces mondes vont passer par les arrêts Local, durable, proche et humain. Dès lors, ne l’oublions pas : la valeur d’un voyage ne se mesure pas à l’aune de la distance parcourue et la beauté réside souvent dans l’inattendu. Comme là, juste de l’autre côté de la frontière. En Wallonie, par exemple !

Oh, une murmuration !

Murmuration : a flock of starlings.

Et si vous avez envie de voir ce que cela donne en vidéo, viendez donc voir sur Tik Tok !

Oh, du Street Art !

Conclusion objective lucide et impartiale

Bref, c’est fou, c’est n’importe quoi, c’est grand, c’est beau : c’est Liège !


Liège en famille, le guide pratique

Aller à Liège en famille ?

Si vous vous demandez si Liège est une ville recommandée pour un séjour en famille, laissez-moi vous dire ceci : OUI, OUI et OUI. Nous commençons, avec #DeT, Pitchoune et Fils, à avoir une petite expérience des vacances familiales à quatre, nos guêtres ayant trainé de l’Irlande du Nord aux USA, de l’Italie à l’Allemagne, de moults régions hexagonales aux montagnes autrichiennes. Je sais aussi reconnaître lorsqu’une ville fait l’unanimité, lorsque tous les voyants sont au vert. Et bien, en ce cas bien précis, nul doute possible : Liège a coché tous les cases et notre passage fut une franche réussite. Aussi, voici quelques conseils, adresses et recommandations d’activités testées et validées, pour votre futur séjour liégeois en famille !

Que faire à Liège avec des enfants ?

Les balades ludiques

Visiter une ville de façon ludique, cela vous dit ?

Si tel est le cas, vous allez adorer les différentes possibilités offertes par Liège, notamment sur l’aspect exploration, découverte(s) et problèmes à résoudre, que ce soit via une application dédiée, une BD ou un livret. Pour cette fois-ci, nous avons testé Le trésor de Saint Lambert, une aventure au cœur de la cité ardente. Il s’agit d’un album comprenant deux bandes dessinées pour autant de parcours dans le centre-ville. Enigmes à résoudre, trésors à chercher, explications historiques, le tout permettant de sortir des sentiers touristiques et de découvrir d’autres facettes de la ville. Très chouette et idéal pour occuper quelques trous dans le planning ! N’oubliez pas de jeter également un regard intéressé sur la page officielle dédiée aux Balades Liégeoises.

L’Aquarium-Musée Universitaire

Dans un vaste bâtiment d’un style très classique, situé sur les bords de la Meuse, se trouve un vaste musée occupant plusieurs étages et qui constitue une sortie idéale les jours de pluie : l’Aquarium – Musée universitaire de Liège. On y trouve donc (et fort logiquement) un vaste aquarium public divisé en deux univers (Biodiversité du monde aquatique et Requins et récifs coralliens) où nagent moult murènes narquoises, des requins à pointe noire, des Nemo (plein de Nemo) et même un poisson-chat à l’envers (hashtag histoire vraie).

Aux étages, la visite permet de découvrir l’Histoire Naturelle, via des vitrines, des vitrines, des vitrines, des squelettes dans des vitrines, des pierres dans des vitrines, des insectes dans des vitrines, des algues dans des vitrines, des serpents dans du formol dans des vitrines (et ainsi de suite). Il faut prendre le temps d’expliquer, de lire et d’observer pour tirer pleinement partie de la richesse des collections (qui sont d’ailleurs en court de réaménagement). Il y a quand même quelques spécimens assez impressionnants, avec une mention spéciale pour l’anaconda (GLOUPS) et les bestioles d’Amérique du Sud (GLOUPS). Il y a aussi quelques impressionnants squelettes et des bornes interactives.

Une troisième salle, nommée TréZOOR, permet quant à elle une plongée dans l’histoire et le patrimoine du Muséum et de l’Institut Zoologique, au travers de pièces d’exceptions, d’une mise en lumière des espèces disparues ou encore des étonnants modèles didactiques du professeur Édouard Van Beneden. Intéressant et étonnant ! Enfin, le sous-sol abrite Les petits Zozos, un espace ludique dédié aux 0-5 ans. Cependant, ledit espace étant fermé actuellement (afin de respecter les mesures barrières), je ne pourrais vous en dire plus.

Toutes les informations pour visiter l’Aquarium-Musée Universitaire sont à retrouver sur le site officiel. Pass sanitaire et masque obligatoire. Pass famille à 22€ (deux adultes et trois enfants maximum). Ouvert tous les jours, toute l’année (sauf le 1er janvier et les 25, 25 et 31 décembre).

L’expo Inside Magritte

Se plonger dans l’œuvre onirique et fantastique de Magritte, par le biais d’une véritable plongée (au sens le plus littéral du terme) dans son art mais aussi jouer avec les lumières, les reflets, s’assoir, écouter, voir, écarquiller les yeux, sourire, penser, se tourner et se retourner, se poser pour mieux décoller, reculer pour mieux sauter, prendre et se prendre en photo, voyager, décoller, s’immerger : pour tout ça (et bien plus encore), il vous suffit de vous rendre à l’exposition Inside Magritte qui se tient à la Boverie, jusqu’au 6 mars 2022. Je ne veux pas trop vous divulgâcher ce qui vous attend mais sachez simplement que c’est immersif, impressionnant et addictif !

Informations, horaires et réservation des tickets depuis le site officiel. Masque et pass sanitaire de rigueur ! Ouvert tous les jours de 10 à 18 heures, fermeture le lundi. Pack famille (deux adultes et deux enfants) à 38€. Consignes gratuites pour les bagages. Chouette cafétaria pour manger sur place. N’hésitez pas à visiter également les collections de la Boverie . Enfin, notez qu’on trouve – juste en face – un petit jardin idéal pour laisser les jeunes se dépenser avant de nouvelles aventures.

Les coteaux liégeois

Un gros coup de cœur et une parfaite illustration du magnifique paradoxe qu’est Liège, cette ville où la nature se trouve à un jet de gaufre du chaos urbain : les Coteaux de la Citadelle. Sis du côté de la Citadelle, lesdits coteaux offrent cinq itinéraires de promenades différentes à travers huit sites : Favechamps, le Péri, les terrasses de minimes, la Montagne de Bueren, le parc de la citadelle, le bois des Carmélite, le bois Fabry et le coteau de Vivegnis. Chacune de ces promenades a sa propre longueur, son propre caractère et permet de découvrir autant de facettes insoupçonnées de la métropole liégeoise. De notre côté, nous avons parcouru différents tronçons d’iceux, avec une prédilection particulière pour le parc de la Citadelle, croisant étudiants en goguette, familles joyeuses et autres moutons interloqués par tant d’activité.

Marcher, explorer, monter

Si l’idée de marcher sans buts précis est un aspect du voyage familial que vous appréciez particulièrement alors vous allez adorer vous promener, simplement, dans Liège. Fouiner ici et là pour débusquer les fresques de street-art, faire du shopping gourmand, se perdre dans le dédale des ruelles, monter (pour mieux les descendre) les 374 marches de l’escalier de la Montagne de Bueren (et sans faire trop de bruit, s’il vous plait), vous poser pour manger une gaufre, regarder une murmuration dans le ciel, naviguer sur la Meuse…

Liège est la ville parfaite pour déambuler encore et encore !

Où manger à Liège

Ville gourmande et épicurienne, Liège regorge de bonnes adresses, de restaurants régionaux, nationaux, internationaux (et même galactiques, c’est dire) où il est possible de manger autant sur le pouce que dans un cadre luxueux où les étoiles ne sont jamais loin. Durant notre séjour, deux lieux ont particulièrement marqué nos estomacs, de la façon la plus positive qu’il soit.

Le premier des deux est le foodcourt de la Grand Post, avec ses sept comptoirs, son bar, sa zone (sécurisée) de co-working, sa frénésie, son paiement sans contact et l’affichage de l’avancée des commandes sur des écrans répartis avec sagacité. On y trouve des burgers végés, des burritos mexicains à se damner, des ninja bowls et même une brasserie artisanale. Le menu, rien qu’à lui seul, suffit à me faire saliver. Mayo sur la barquette : les prix sont loin d’être délirants, à environ 10€ le plat.

Seconde adresse très, très chaudement recommandée : Como en Casa, un restaurant revendiqué végétarien et vegan, avec des légumes bios de saison, le tout en circuit court et local. Le service est souriant, ultra sympathique, la carte est alléchante et les plats vraiment, vraiment bons. J’ai encore en bouche le goût de ma patate avec fantina, sauge piments et butternut. Une merveille, je vous dis ! Et, ce qui ne gâche rien, la carte des boissons propose des chouettes vins (et d’excellentes bières également). Plats à la carte, environ 17€.

Enfin, parce que ce serait un crime de ne pas le faire, profitez que vous êtes à Liège pour déguster une gaufre, que ce soit à Saperlipopette (Rue des mineurs, 18), à Eggenols (Rue des Guillemins, 92) ou encore à la Maison Massin en Outremeuse (Rue Puits-en-Sock, 6). Pour ce qui est de l’assaisonnement, c’est vous qui êtes aux commandes !

Où dormir à Liège

Nous avons passé deux nuits chez Marie, une chambre d’hôtes de charme, qui sent bon les voyages, l’Orient et le Zen, située juste derrière la Citadelle. Idéale pour les familles, la chambre Arc-en-Ciel est tel un cocon détendu où il fait bon se reposer après une grande et belle journée de promenade. Marie est, d’autre part, fort sympathique, désireuse d’accommoder au mieux ses hôtes et prépare un excellent petit déjeuner.

Se déplacer à Liège

Avant toute chose, un conseil que je pense incontournable si vous êtes motorisés : garez votre voiture dans un coin et oubliez-la le temps de votre séjour .Vouloir conduire et se déplacer en voiture, à Liège, en l’état actuel, avec les travaux du tramway (prévus pour 2024) me parait être un état proche de l’Hérésie et de la damnation éternelle. De plus, étant donné les courtes distances entre les différents centres touristiques, l’intérêt immense de se déplacer à pieds et les possibilités de prendre le bus pour raccourcir les éventuels temps de trajet, rien ne nécessite réellement de donner primauté à Titine. Pour le reste, le choix est votre : vélo, trottinette, bus, train et même petite croisière avec la navette fluviale sur la Meuse, le temps d’une heure et de cinq arrêts (en saison seulement).

Toutes les informations essentielles sont sur le site officiel : Se déplacer à Liège.

Pour conclure !

Quelques petites choses à glisser dans votre valise avant le départ : un estomac vide (pour vous régaler), des yeux grands ouverts (pour vous émerveiller), une paire de chaussure qui ne craint pas l’usure (parce que vous allez marcher), de l’endurance (pour les 374 marches de la Montagne de Boeren), un parapluie (parce que) et des vêtements chauds (en hiver), de la place dans les sacs (pour les souvenirs).

Pendant votre séjour, n’oubliez pas vos masques, le Pass Sanitaire (un duo incontournable) ainsi que l’achat du Visit Pass (quinze musées pour 18€, c’est un vrai bon plan).

Et une fois rentré.e.s chez vous, l’essentiel de l’essentiel : préparer vos sacs pour votre futur, inévitable et immanquable retour à Liège !

Cet article est le premier de la saison 3 de la série #VeryWallonTrip organisée avec le soutien logistique de Wallonie Belgique Tourisme que je remercie fortement. Le contenu éditorial n’en reste cependant pas moins indépendant et soumis à ma seule volonté.