C’est une auberge sans réelle classe, une de celles dont on croise le même modèle, cent, mille fois peut être au détour des pays traversés, comme ces motels photocopiés les uns sur les autres et qui s’étendent à perte de vue le long des highways américaines.
Une fois le bureau franchi, une fois les formalités d’accueil dument remplies et accréditées par les charmants Cerbères locaux, le voyageur fatigué de son long voyage se voit remettre l’éternel sésame: la clé de la chambre où il pourra sans vergogne reposer son corps meutri par les kilomètres accumulés.
La chambre elle-même n’a aucun intérêt: c’est un quelconque placard à dormir, doté de deux lits superposés, avec tout juste l’espace nécessaire pour entreposer les amoncellements de bagages, sacs à dos et autres pochettes qui ne manquent jamais de s’entasser dans le plus absolu des désordres.
Comme d’habitude, les murs sont peints d’une couleur neutre, sans fantaisie, sans risque. L’ensemble en lui-même est chaleureux mais ne déparerait pas dans un quelconque service hospitalier.
La fenêtre, dotée de quatre battants, s’ouvre sur une arrière cour où se reposent trois chaises et un barbecue, encadrés par deux parasols à moitié cassés.
La faune de l’hôtel est assez disparate: une famille, des jeunes, des anglais, des bourrés et des pas bourrés, quelques allemands, un écossais de passage, une charmante blondinette et des mecs à lunettes, planifiant les voyages à venir.
Pendant que j’écris ces lignes, deux demoiselles attendent, assises le long du mur, de pouvoir accéder aux ordinateurs et à l’internet gratuit..
Au dessus d’elles, un vaste puzzle constitué de réclames publicitaires vantant les activités du coin, « New Zealand Most Awesome Tandem Skydive », « From the mountain to the sea », « Welcome to our slice of paradise » et autres « South Westland Horse Trek ».
A leur gauche, directement peint sur le mur, une petite touche de fantaisie avec une carte du pays réalisée de façon enfantine, avec moults renforts de petits bonhommes, de drapeaux et d’animaux probablement imaginaires (comme les Kiwis, par exemple).
Devant cette carte, et assise sur la seule chaise disponible de l’endroit, je discerne le dos d’une autre jeune femme, aux cheveux longs, tombant sur les épaules, une bière posée à côté d’elle, regardant quasi-fixement un jeu de puissance 4 arrivé ici sait-on comment.
Doucement ce soir, chacun regagnera sa chambre une fois l’heure venue, le DVD regardé, les boissons bues et les joints fumés.
Le bruit s’atténuera et viendra le silence, seulement entrecoupé par les sons de la nuit.
Ce sera une nuit de plus passée loin de chez soi, une nuit de plus à rêver, une nuit de plus à insomnier, une nuit de plus à…