Nous sommes à l’aéroport de Belfast, dans l’attente d’embarquer. Je te tiens dans mes bras pendant que tu souris, gazouilles, tripotes. Tu regardes autour de toi et tu ne sembles pas gêné par toute cette agitation. Tour à tour imperturbable, charmeur, charmant, souriant, boudeur. Alors que tu viens de vivre ton premier voyage à l’étranger, ton premier roadtrip en voiture, tes premières vacances itinérantes en famille, il me semble que tu es déjà comme chez toi en Irlande du Nord !
Voyager avec toi
Dire qu’il y a un gouffre terrible entre mon existence AVANT et APRÈS ton arrivée parmi nous n’est pas un élément péjoratif ou négatif. C’est simplement un constat lucide qui me fait écrire que tu as bouleversé ma vie. De facto, tu as également chamboulé mon approche du Voyage et ma conception d’icelui. En effet, partir avec toi, c’est devoir changer totalement ma perception de l’organisation, remettre en cause intégralement ma vision, m’adapter, prévoir, anticiper. Prévoir le pire et espérer le meilleur.
Pour cela, heureusement, je ne suis pas seul. Bien qu’ayant derrière moi plus d’une dizaine d’années de travail avec les enfants // adolescents (dans le cadre de séjours scolaires et itinérants à l’étranger), rien ne m’avait cependant préparé à l’exactitude requise pour le premier voyage d’un Petit Homme en terre nord-irlandaise… et c’est pour cela que je dois une infinie gratitude à ta mère, ma compagne. Grâce à son légendaire sens de l’organisation, j’ai pu suivre peu ou prou un chemin balisé à défaut d’être entièrement tracé. Prendre ceci, cela, sans oublier ça, ça et ça. Acheter tel chose sur place, laisser telle autre ici et ne pas oublier de s’enquérir de la présence de XX ou encore XX sur place.
Voyager avec toi est également synonyme de choix. Ne pas rouler trop longtemps pour ne pas te lasser. Privilégier les lieux accessibles aux poussettes ou, dans le cas échéants, aux porte-bébés dorsaux. Avoir toujours à portée de main quelque chose pour te distraire, t’amuser, t’apaiser, te calmer, te nourrir. C’est également ne plus chercher systématiquement à en voir le plus mais s’orienter vers le mieux, le long, le profitable, l’agréable. Plus de courtes escales qui nécessitent un déballage // remballage complet du matériel du Papa Voyageur mais plutôt deux ou trois grands arrêts destinés à découvrir, voir, ressentir.
Rien que pour tout cela, je devrais te remercier… Ou te maudire, je ne suis pas encore totalement sur ! Cependant, une chose est certaine : on ne s’ennuie jamais lorsqu’on voyage à tes côtés !
Voyager, c’est VIVRE
Pour m’occuper de toi au quotidien, je sais que tu aimes bouger, que tu tiens peu en place, que tu as une tendance naturelle formidable à distiller du bonheur autour de toi, par tes sourires, tes mimiques, tes regards et tes rires. Dans ce domaine, force m’est de constater que tu t’es régalé en Irlande du Nord pendant ces 8 jours entre Belfast et Derry. Qu’est-ce que tu as distribué, à la ronde, presque en permanence, autour de toi, comme Bonheur ! Que ce soit dans le Hall d’hôtels 4*, dans la chaleur d’un Bed And Breakfast, dans le vacarme d’un Pub ou au passage de la Douane, tu n’en avais cure. Vivant, heureux, épanoui.
Tu as également, ô mon Fils, grandi. Non pas par la taille mais par l’apprentissage, par l’Humanité. Je crois que je n’oublierais jamais cette image de toi, assis dans ta chaise haute, en bout de tablée, attrapant fourchette et couteau de « grands » pour manger en solitaire cette purée de pomme de terre gentiment offerte. Fier comme Artaban, sous nos regards incrédules, tu as offert une prestation de haute volée saluée comme il se devait, par force louanges et exclamations (auxquelles tu as d’ailleurs généreusement participé). Maintenant que tu marches, que tu manges et que tu bois, j’en viens (presque) à me demander de quelle utilité je peux encore t’être.
Enfin, tu as VU. Tu as découvert, dans un petit coin perdu qui s’appelle Cushendun, l’Océan. Tu as marché, pour la première fois de ta vie, sur une plage de sable et tu es resté comme émerveillé devant ce spectacle infini de la mer allant et venant. Solidement arrimé sur mon dos, tu as alterné entre rires et pleurs, des forêts de Glenariff aux rocs de la Chaussée des Géants, dans des paysages qui t’ont arraché des « Cébôôôôô’ aussi émouvants que drôles. Des fois, campés sur tes petites jambes, tu me jetais un regard mutin avant de partir vers ton Aventure. Une colline devenait ton Everest, un lévrier ton Dragon et une chèvre ton Amie, le tout sous les yeux aussi inquiets qu’émus de toute ta famille.
D’un amour réciproque
De mon point de vue de Papa, ce voyage a été fantastique. Si je vais raconter en d’autres lieux certaines histoires et certains aspects pratiques, je ne peux m’empêcher de me féliciter d’être allé au bout de cette envie qui me titillait depuis belle lurette. Je savais en effet que l’Irlande était une destination de très bon goût pour les escapades familiales. Je ne savais pas, par contre, que mes enfants y seraient si bien accueillis. Partout, des chaises hautes sur simple requête, du petit boui-boui perdu au pub immense en passant par les restaurants (presque) étoilés. Partout, des sourires, de l’attendrissement et une glace offerte pour te consoler lorsque tu as pleuré après être tombé. Partout, de la sollicitude, des mots doux, des regards affectueux. Aucun juron, aucun geste d’énervement, de lassitude, de colère envers toi, même lorsque tu as braillé de fatigue entre le dessert et le café. La zenitude élevée au rang de sport national.
Des geste simples (des petits cadeaux), des intentions d’une gentillesse confondante (des repas sur mesure, du matériel adéquat fourni sans requête) et une ambiance générale qui me fait dire, en toute sincérité et objectivité, que l’Irlande du Nord est une destination idéale pour un voyage motorisé en famille avec un petit garçon de 15 mois (et sa grande sœur de 8 ans, bien sur).
Merci à Tourisme Irlande pour l’aide logistique dans l’organisation de ce voyage dont le contenu éditorial est entièrement libre et dont je reste le seul décideur.