Karamea, cara mia.

Les jeux de mots possibles avec le nom de ce charmant bled sont innombrables et je ne vous ferais pas l’affront de vous en citer quelques uns, ayant suffisamment confiance dans vos capacités drolistiques !

Vous allez me dire, non sais raison, que j’ai encore trouvé le moyen d’atterir dans un endroit pas possible, dont la seule évocation donne des frissons aux plus citadins d’entre vous et, en effet, il y a de quoi.

Kareama donc, charmante petite agglomération sise au nord du nord de la côte ouest, bordée par la mer et un parc nationale, accessible par UNE seule route, icelle sous fréquentée, est un havre de paix que n’a pas encore touché le tourisme de masse qui m’a fait fuir le Fjorland si rapidement.

D’ailleurs, pour parodier un certain Napoléon, je me contenterais de vous citer ceci:

Quand je dirais « J’étais à Queenstown en été », on répondra « Bel est le fol ! »

Mais revenons à nos chers et blancs quadrupèdes bêlants (dont un spécimen se trouve justement attaché en laisse à l’extérieur d’ici, le hasard fait vraiment bien les choses) et donc à Karaméha la Sangokuesque.

Je loge dans une auberge qui est, ma foi, dans mon top 3 des LHF: Lieux Hautement Fréquentables. Dirigée avec amour par un Kiwi humanophile, qui croit en l’espèce humaine, elle est dotée d’un cinéma, de sa radio, d’un chambre « rasta » et d’une autre « rock and roll ». Elle est tournée au maximum vers l’autosuffisance, l’utilisation des énergies propres et le recyclage de tout ce qui est recyclable (et bien plus encore,. D’ailleurs, c’est fou tout ce qu’on peut mettre entre parenthèses des fois, comme ici où le roman que j’écris n’a aucun autre but que de combler un peu plus d’espace, histoire de vous faire croire que j’ai plein de choses à raconter mais pas encore ici ni maintenant. Ceci étant fait et prenant effet de facto, je referme ladite parenthèses qui n’en peut vraiment plus de s’ouvrir).

Le voyage pour arriver ici a été une vraie odyssée et, à vrai dire, le plus long que j’ai entrepris en 4 mois de roadtrippage océanien. Bien que la distance à couvrir fut sensiblement plus longue que l’anatomie d’une certaine personne bien connue (250 bornes environ), il ne m’a fallu non moins d’une demi journée et douze (oui, douze) voitures pour des trajets étant allés de deux minutes à deux heures.


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J’ai sensiblement l’impression d’avoir poussé les limites de ma chance à leur extrême limite, tellement je me suis retrouvé à me morfondre dans des endroits pas possibles à des heures indues. Je vous promets que Little Wanganui à 8 heures et demie du soir, et bien, y a personne, même pas un chat, un chien ou même un rat. C’est un cuistot rasta et son chien qui m’ont secouru, me trimbalant sur sept des quinze dernières bornes qu’il me restait à parcourir, avant de me lâcher in the fuckin’ middle of nowhere où ce fut ce coup-ci un pauvre couple qui, me voyant galoper le long de la route avec mon gros sac à dos, a eu la délicate intention de me déposer dans le Graal que je m’étais promis d’atteindre – et que j’ai atteindu, comme de bien entendu !

Pourtant, j’ai rarement été si proche de faire demi-tour et de foncer vers l’hostel de Granity qui me faisait de l’œil depuis un bout de temps et qui était, en fait, le seul endroit où je pouvais décemment passer la nuit.

Mais quand vous êtes un Backpacker océanien, que vous avez décidé d’être à Karamea le soir, que vous assez supporté d’attendre une heure et demi à Rangona, que vous avez écouté les délires mi-sionistes/mi-facho d’un Clerck Construction local qui voit dans la crise grecque un signe de l’Antéchrist à venir, que vous avez enduré les mille piqures des Sand Fly, que vous avez repéré – au cas où – les tuyaux où vous réfugier pour passer la nuit à venir au sec, que vous allez dans ce trou perdu parce que son nom sonne délicieusement à l’oreille et pour plein d’autres raisons encore, et bien, en vérité je vous le dis:

So be it et Just do it !

PS: Pour renouveler la tradition et me conserver vos faveurs, rien ne vaut mieux que de relancer le petit jeu bien connu du Derrick, qui n’est plus d’Or mais bel et bien de Platine.

Je vous pose donc, pour remporter Ad vitam quasi eternam, ce trophée tant convoité cette sybilline petite question:

Où fut donc prise cette photo ?

Sac à dos sur front de truc.

Indice: Y a une histoire de bouffe quelque part.