Connaissez-vous la gare TGV Haute-Picardie, sise exactement au milieu de nulle part, en les riantes bourgades de Estrées-Deniecourt, Berny-en-Santerre, Ablaincourt-Pressoir et autres Soyécourt ? Affectueusement surnommée la « gare des betteraves » par les taquins voyageurs picards, cette gare TGV // Ouigo interpelle. Loin de tout, privée de commerces, inaccessible sans véhicule motorisé, son principal (et évident) intérêt est de fournir des départs ferroviaires à prix très réduits pour voyager entre ça et là dans l’Hexagone. Pour des raisons personnelles (trop longues à expliquer ici), nous sommes devenus des habitués de cette gare. Au bout du Xième trajet depuis Amiens, nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes et de voir ce qu’il était possible de faire aux alentours kilométriques de cette fameuse Gare TGV Haute-Picardie. Voici donc quelques suggestions de sorties, escapades, promenades et autres visites faisables dans la Somme et accessibles essentiellement en voiture (hélas).
En Somme, qu’y faire ?
Se promener à Péronne
Péronne, vous connaissez ?
Haut lieu de la première guerre mondiale, ce n’est pas forcément la première ville qui vient en tête pour occuper une journée mais il y a bel et bien moult choses à voir cette riante bourgade samarienne : Historial de la Grande Guerre , parcs, grande balade à pied pour découvrir le patrimoine !
La ville est suffisamment petite pour être parcourue à pieds, on trouve des boulangeries ouvertes le dimanche et il y a de la place pour se garer sans aucun souci, notamment devant l’Historial (que vous ne pouvez pas manquer tellement il est, justement, immanquable). Notez d’ailleurs, à propos dudit Historial, qu’il semble possible de se promener sur les remparts environnants (chose que nous n’avons pu faire, pour une sombre histoire de pandémie mondiale) et que, d’autre part, il existe un billet couplé permettant de visiter, à moindre prix, l’Historial ET le mémorial de Thiepval.
Mon conseil : la balade péronnaise, un circuit de trois kilomètres et d’une heure qui fait découvrir Péronne façon lente et pédestre. Le tracé de l’itinéraire est à télécharger ici : Balade Péronnaise. Pour pique-niquer, le parc juste après la Porte de Bretagne est idéal !
Spécial copinage : les Deux Dames en Van, Paule-Elise et Hélène, exposent à l’Historial, dans le cadre de MémoireS, une exposition temporaire du 24 septembre 2021 au 18 décembre 2022. Spécialistes des photos prises au Vest Pocket, leur travail a déjà été exposé à de multiples reprises et mérite vraiment le détour !
Les traces du passé hantent les murs des villes. Les réclames d’hier, toujours profondément présentes, se gaussent doucement de tout ce qui clignote, vibre, illumine. Depuis le temps qu’elles sont là…
Aller à la rencontre des oiseaux à Cléry-sur-Somme
Envie de prendre un bon bol d’air frais et de rencontrer plein de piafs emplumés ?
En ce cas, foncez donc faire le parcours de découverte des oiseaux, le long des étangs de Haute Somme, à Cléry-sur-Somme ! Une chouette promenade d’une petite heure, très calme et bucolique, avec quelques points de vue aménagés pour observer les volatiles locaux ! Il parait que le tracé suit une ancienne voie ferrée, un « tortillard » qui reliait Albert à Péronne. Il paraît également qu’on peut voir, en se promenant, les ruines de l’ancien château local. J’avoue n’avoir rien vu de l’un ou de l’autre. Par contre, si vous aimez vous promener sur d’anciennes voies ferrées, foncez faire la Coulée verte (à l’autre bout du département). Sachez enfin que la zone est classée ENS (pour Espace Naturel Sensible), zone dont vous pouvez retrouver la liste de par ici.
Vous avez envie d’étendre un peu vos découvertes ?
Il y a un très joli point de vue à cinq minutes du parking avec le Belvédère des étangs, qui offre un panorama des plus sympathiques sur le paysage. Et si vous êtes à vélo, c’est encore mieux car Cléry-sur-Somme est sur le tracé de la véloroute qui relie Ham à la Baie de Somme !
Mon conseil : Si vous avez du temps (et l’envie, tant qu’à faire), n’hésitez pas à monter jusqu’au stade municipal pour voir s’il n’y a pas un match en cours : ambiance délicieuse, buvette et panneau légendaire pour accueillir les visiteurs : « Ici c’est Crécy ! »
« Ici, c’est Cléry » : une porte d’entrée vers le football dominical, qui sent bon la buvette, les escalopes de gazon qui volent, les cris d’oiseaux qui partent dans les airs autour de la rembarde et des ballons lancés aux cieux qui viennent déranger les bovins des alentours. Et ce jour-là, Cléry a gagné.
Marcher vers l’ancien village de Fäy
Quelque part au bout d’un chemin, à côté d’un pré clôturé où se reposent quelques chevaux, se trouvent les ruines mélancoliques de Fäy, un ancien village détruit en 1870, reconstruit puis occupé par les troupes allemandes en 1914, évacué en 1916, réoccupé en 1918 avant d’être finalement libéré par les soldats australiens. Fait unique, Fäy est le seul village détruit pendant le conflit à ne pas avoir été rebâti au même endroit (même en ayant été décoré de la Légion d’Honneur) puisque la reconstruction a eu lieu un peu à l’écart, sur un terrain plat (et non pas sur le flanc de coteau originel).
De nos jours, le site parait un peu à l’abandon, avec des panneaux fatigués et quelques bancs épars qui invitent à un repos méditatif et recueillant. C’est cependant le point de départ d’une chouette randonnée de trois heures, qui passent par ruines, forêts et champs, dans une solitude bienvenue, seulement brisée par les bruits des machines agricoles.
Mon conseil : consacrez un après-midi à faire la randonnée « La régale » qui est une boucle de neuf kilomètres au départ de Fäy dont le tracé et la description détaillée sont à télécharger ici : Randonnée la Régale (fichier PDF). Attention, chemin potentiellement (très) boueux !
Faire la tournée des Belvédères de la Somme
Saviez-vous qu’il y a des belvédères dans la Somme, qui paraissent presque des montagnes et qui offrent des vues aussi imprenables que surprenantes ? Il y a même une route dédiée qui en fait le tour (et constitue un super programme pour découvrir la région, soit dit en passant) ! S’y balader ne prend que rarement que plus d’une heure, les tracés sont très simples à suivre et la vue récompense les courageux qui s’aventurent sur ces sentiers peu fréquentés. Ceux qui nous intéressent, à portée de roue de la Gare TGV Haute Picardie, sont celui de Frise et celui d’Eclusier-Vaux.
Le premier cité, celui de Frise, offre une boucle aménageable de 2,3 kilomètres, à faire en 50 minutes (Lien PDF), à travers un terrain assez surprenant. Si vous ne voulez pas randonner, admirez simplement la vue depuis le parking ! Le second, celui d’Eclusier-Vaux, est plus petit mais offre une originalité avec un passage via un larris (autrement dit, un chemin de chèvre très, très étroit). Comptez 40 minutes pour couvrir les 2,3 kilomètres du tracé (lien PDF) avec un joli dénivelé samarien au passage. Notez que si le larris ne vous parait pas assez engageant, vous pouvez simplement faire demi-tour, les trois points de vue étant situés entre le parking et l’entrée dudit larris.
Mon conseil : Prenez des chaussures adaptées dès que vous allez randonner, le terrain peut être, parfois, relativement piégeux. Faites également particulièrement attention aux dates de la saison de chasse.
De champs en champs, des fois poussent les coquelicots. Au pays du même nom, en terre samarienne, ils rappellent ceux qui se battirent et tombèrent ici.
Là. Partout.
Errer entre les cratères du Bois de Wallieux
Le bois de Wallieux, c’est le témoignage visuel, in situ, des impacts d’obus sur le sol. En ces lieux reculés, un petit parcours (sur une passerelle surélevée) permet de contempler cratères, cratères et cratères, agrémentés de quelques panneaux indicatifs. On y trouve également une sculpture, faite par Ernest Pignon-Ernest, intitulée « L’autre côté des arbres » et inaugurée en 1998. Une promenade petite par la taille mais très riche en enseignements. Notez qu’elle s’enchaîne parfaitement avec le pèlerinage de Fäy, les deux sites étant très proches l’un de l’autre. Ils font d’ailleurs partie intégrante du Circuit du Souvenir, un itinéraire de 92 kilomètres qui relie les principaux sites des combats de la bataille de la Somme de 1916 ainsi que certains sites de la bataille du Kaiser et de l’offensive des Cent-Jours de 1918.
Mon conseil : Surveillez les enfants, histoire qu’ils n’aillent pas s’aventurer par-delà les barrières . On trouve d’autre part, non loin de là, le cimetière allemand de Vermandovillers, plus vaste nécropole allemande dans la Somme (avec 22 632 corps de soldats).
Et la gare TGV Haute-Picardie, dans tout ça ?
Sachez une chose : il n’y a rien à faire dans cette gare, si ce n’est regarder passer les trains, boire un café aux distributeurs ou encore regarder une chaîne d’information à la télé de la salle d’attente (et les deux dernières activités vont remarquablement bien ensemble). La Gare TGV Haute-Picardie est clairement un lieu de départ, d’arrivée, de transit mais rien de plus. On y va sans y rester, on la traverse sans y jeter un œil, pressé d’aller attraper son train à destination de Paris, Marseille ou ailleurs. Sans commerce, avec des toilettes et ceinte de parkings, elle voit passer les foules, qui se dépêchent de monter dans qui sa navette (directe depuis Amiens ou encore Saint Quentin, me dit Wikipedia), qui sa voiture, qui son covoiturage…
Bref, une gare comme tant d’autres, à qui il manque peut-être juste quelques détails pour vivre une nouvelle vie !