S’il y a bien quelque chose qui m’horripile, m’agace, m’énerve et me fait horreur, c’est tout ce qui à trait aux activités nautiques. Je n’ai jamais pris la moindre petite once de plaisir à patauger caninement, à me rouler dans des vagues monstrueuses ou encore à taquiner le goujon pendant 9 heures, avec un bob ricard et un verre de pastis à la main, assis sur un tabouret pliant datant de la préhistoire. Il se peut, de temps à autres, que j’eusse pu connaitre quelque intérêt à expérimenter certaines de ces activités: la plongée sous-marine aux Caraïbes est en un exemple correct. Aussi, c’est pourquoi mes cheveux se sont hérissés tandis que mes dents crissaient lorsque j’ai appris que nous allions faire du Surf en Norvège. L’histoire d’un Cédric revenu sur son avis, pour sa plus grande joie et son plus grand bonheur: Lofotrip volume 3 !
Voir Unstad et surfer
Une route vers le bout du monde
Aller surfer à Unstad, ça se mérite. En effet, l’endroit est aussi charmant qu’inaccessible, planqué au fin fond d’une route démentielle, bordée par des paysages à se damner (comme presque partout dans le coin en fait…). Imaginez que vous deviez traverser des cols, rouler dans des tunnels et voir, par instants fugace, l’océan montrer le bout de sa marée à l’horizon. Imaginez que vous n’attendiez qu’une seule chose mais que celle-ci est repoussée, par petites bribes, vous laissant sur votre envie, frustré et anxieux. Imaginez enfin que vous ne savez absolument pas vers quoi (et vers où) vous mettez les pieds mais que tout laisse présager le meilleur: vous pouvez alors saisir mon état d’esprit sur le moment !
D’ailleurs, je crois que cela faisait très longtemps que je n’étais pas tombé aussi amoureux des routes d’un pays (depuis l’Alaska Highway en fait). Partout où nous sommes allés, je suis resté scotché – littéralement, à la vitre du bus, au siège du train ou au hublot de l’avion. Les étendues sans fin de la toundra nordique, les falaises abruptes des fjords, le ressac calme et silencieux de l’océan ou encore les petites maisons éparses, comme dispersées par la main d’un architecte un peu fou: tout cela parle à mon vécu de voyageur et fait vibrer quelques cordes cosmiques bien planquées au fond de mon subconscient…
Dans cette logique de rêverie et d’émerveillement, Unstad s’est avérée une étape formidablement bien adaptée: petite, intime et perdue, habitée par quelques farfelus venus chercher là le repos de l’âme (et pour le cœur, un monde meilleur ©Jsépluki), l’inspiration d’un cliché génial ou la folie d’un geste cent fois tenté mais jamais réussi. Des surfeurs, quelques photographes, un berger et ses moutons, une auberge, un sauna et, au bout de la route: la plage, encastrée entre les montagnes, anse fermée !
Bucolique et isolée
Pour vous aider à mieux saisir l’esprit de l’endroit, je vous propose cette petite série photographique…
La spécialité locale: le SURF !
Pendant longtemps, la Norvège est restée une Terra Incognita pour le surf. En effet, qui voudrait s’aventurer dans des latitudes aussi inhospitalières pour le simple plaisir de faire trempette dans une eau propre à geler (vivant) un (gros) ours polaire ? Puis, est venue la lumière, la révélation, la folie avec la découverte, qu’en fait, les vagues de ce coin sont tout ce qu’il y a de plus propices à la pratique du surf. Régulières, puissantes, agréables et de confiance, elles réunissent en elles les conditions recherchées par les fanas de la planche flottante ! Dès lors, notre petit coin de paradis est devenu l’un des spots les plus courus de la Scandinavie, autant pour sa beauté que les qualités énoncées plus haut (et il y a même désormais une compétition au slogan génial: One sword to rule them all).
Dès lors, vous comprendrez qu’il aurait été stupide de ma part – à un point difficilement concevable mais déjà atteint – de passer outre cette opportunité de folie. Après tout, ce n’est pas tous les jours que je suis en Norvège et c’est la première fois que j’ai la possibilité de faire du surf… Quelques secondes de réflexion plus tard, j’ai balayé 3 semaines d’incertitudes en un seul mot: « YES », avant de me lancer dans le truc le plus farfelu, ahurissant et surprenant possible pour un Cédric moyen: une activité aquatique en pleine mer (avec moi en tant qu’acteur principal).
Le plus dur, en fait, n’a pas été de rider comme un fou sur des tubes dantesques, ni de pagayer ou encore d’apprendre comment tenir en équilibre sur un truc défiant toutes les lois de la gravité. Non, le plus dur a été, en fait, d’enfiler l’espèce de combinaison mi-latex, mi-caoutchouc, mi-jesaispaquoi, collante et isolante, destinée à nous protéger des rigueurs de la température. Il faut suivre toute une procédure spéciale pour ne pas déchirer l’isoprène, respecter le sens d’enfilage et ne surtout pas laisser un petit millimètre pas fermé, au risque de patauger bien vite… à l’intérieur du truc ! Le reste n’est que poésie. Le staff de la School Surf a été d’une gentillesse et d’une patience terrible, m’assurant que je ne risquais pas de me noyer, prenant le temps de m’expliquer, point par point, la procédure avant de partir avec moi vers la Grande Aventure de l’Océan.
Résultat des courses: j’ai surfé. En Norvège. Dans les Lofoten !
Pour aller plus loin…
Si vous décidez, vous aussi, de vous lancer dans l’aventure des Lofoten et de partir découvrir Unstad, vous n’allez guère être embêtés par le choix en ce qui concerne le logement et la nourriture puisqu’il ne semble y avoir qu’un seul endroit (en-dehors du camping) où vous pourrez profiter d’un repos mérité et salvateur: l’auberge de la Surf School !
Des cabines allant de 3 à 12 personnes (pour un prix variant selon la saison), du Wifi et un sauna font un mélange parfait pour le vadrouilleur de service. Notez cependant que les douches sont situées au niveau de la réception et que vous allez devoir, potentiellement, courir très vite pour rejoindre votre logement depuis icelles (ou vice-versa).
N’hésitez pas de même à tenter une réservation pour profiter des talents culinaires du coin, vous pourriez être très, très surpris (y compris en mangeant des trucs totalement inattendus… comme de la Baleine – expérience unique et goûteuse mais sur laquelle je ne vais pas m’étendre, du moins pas de suite).
Enfin, si le surf vous cause, toute l’équipe est à votre disposition (de juin à aout, tout le temps; sur demande le reste de l’année). Le cours privé d’une heure est facturé NOK 900 et NOK 1195 par personne pour un groupe (minimum 3 !) et pour une durée de 3 heures. L’équipement est bien sur fourni et les profs sont (je me répète) vraiment compétents !
A bientôt pour le quatrième (et dernier) épisode du #Lofotrip… à mon retour de Sicile où je pars samedi pour une semaine.