Une semaine déjà que je suis dans un nouveau petit coin de paradis, du côté de l’Otago, dans le sud (justement !) de l’ile du Sud.
J’ai atterri, sans trop savoir comment dans une ferme vantée pour la diversité de son cheptel: lamas, ânes, moutons, chèvres et vaches. Intéressé par ce qui semblait être un joyeux bordel animalier, j’ai donc utilisé ma plus belle plume pour contacter les Host et me faire accepter pour le temps habituel (qui est justement indéfini…).
Grand bien m’en a fait ! Dans ce qui est maintenant ma quatrième expérience dans le monde merveilleux de l’Help Exchange, je n’ai jamais (quasiment) pris un tel panard à bosser ! Il se trouve en effet que le Farmer local semble prendre un malin plaisir à me refourguer les taches les plus divers et (a)variées, me faisant trimmer, suer et courir aux quatre coins de son domaine qui, en plus d’être grand est sensiblement beau et donne à mon âme de poète des raisons de bêler de joie (comme d’habitude en fait !).
J’ai donc désormais de nouvelles lignes à ajouter à mon CV: après les histoires de berger, de bucheron and co, j’ai eu le plaisir immense de découper ma première carcasse de bœuf (ou assimilé) pendant trois longues demies journées (au bas mot !), ce que je me fais fort de vous narrer de suite (enfin de suite, cela s’entend à la date de parution de cet article, hautement dépendante de la qualité de la connexion internet que je trouverais quelque part dans un rayon de dix kilomètres environ).
Nous sommes partis un beau midi vers la riante bourgade de Palmerston, sise à quinze kilomètres d’ici (aka The Middle of Nowhere) pour choper ce qui fut un boeuf dans une vie antérieure.
Après l’avoir transporté et dignement installée sur la table de la cuisine, grande fut ma surprise de voir le patriarche local, Don, 77 ans, se lever de devant son pc (c’est un Papy Geek !), se positionner à côté de ladite table, aiguiser un arsenal de couteaux à faire pâlir d’envie un dépeceur et tenir un discours fort intéressant rassemblant en une seule phrase tout ce qui était à venir:
• Découper la bestiole
• La dessosser
• Séparer le gras du reste
• Ne pas ébrécher la lame des trucs
|• Se faire plaisir
Ce fut donc une étape supplémentaire dans ma vie de WHVer néozélandais, à laquelle je ne m’attendais vraiment pas ! Il faut dire que trancher les côtes d’une cage thoracique à l’aide d’une scie, sous le regard narquois d’un vieux blagueur, distillant les bons mots et les conseils, cela vaut son pesant de cacahuètes.
Et inutile de vous dire que j’en ai gravement chié pour trancher dans le vif (c’est le cas de le dire) ces putains d’os, plus solides que les morceaux de bois que ma tronçonneuse favorite découpait les jours précédents. Une autre opération intéressante a consisté à séparer le mieux possible le comestible du gras dans ce n’était qu’un amas osseux ne ressemblant plus du tout au paisible herbivore bovin que nous connaissons si bien (et prétendons aimer de temps à autres sous une autre forme qu’un steak).
Je passerais volontairement sous silence la quantité inimaginable de bidoche qui m’est passée entre les mains, les seaux entiers remplis de fat , la taille démentielle des filets (et assimilés) ainsi obtenus pour conclure sur ces sibyllines paroles: Vive les bouchers !
PS: A côté de ça, je nourris des bébés chèvres au biberon. Comme quoi, je ne suis pas qu’un gros psychopathe découpant tout ce qui bouge (ou même ne bouge pas).