Sunset féringien

L’alphabet voyageur des Îles Féroé en famille

De A à Z, 26 lettres pour 26 récits, anecdotes, adresses, conseils pour un voyage aux Îles Féroé en famille !

A comme Animaux

A gauche de la route, des moutons. A gauche des moutons, des oies qui cancanent. A gauche des oies et des moutons, des chevaux, qui regardent eux-mêmes passer des canards et des moutons et des oies et des autres moutons et, des fois même, des vaches poilues qui auraient bien besoin d’un bon coup de peigne. Les îles Féroé comptent environ 80 000 moutons pour 55 000 habitants. Et on ne parle de n’importe quels moutons, hein. Si l’on parle environ de 70 types de føroyskur seyður (mouton féringien) différents, ils viennent tous d’une seule race : le Mouton d’Europe du Nord à queue courte. Et ce patrimoine génétique fait que les bestioles du coin sont de vrais MTT (Mouton Tout Terrain) que l’on retrouve aussi bien avachis sur le bitume que galopant aux sommets des montagnes (et aussi dans les assiettes mais c’est une autre histoire). Notez que si vous rentrez en collision motorisée avec l’un des ces quadrupèdes, il faut prévenir la police locale. Non pas pour vous punir mais pour le fermier soit indemnisé (et aucunement à vos frais).

Un mouton prend la pose

B comme Bøur 

Bøur, 70 habitants, ses maisons de bois aux toits herbeux, son cimetière avec un arbre, son église délicieusement délabrée et sa vue absolument incroyable sur l’arche de Drangarnir et l’île de Tindhólmur : il n’en fallait pas plus pour faire de ce tout petit village pluriséculaire (on parle d’une existence déjà attestée par la chronique en 1350) un des lieux les plus fréquentés des Îles Féroé. A tel point que, comme dans bien d’autres endroits de l’archipel, un panneau demande aux visiteurs de montrer le respect (Virðing) essentiel, du genre de ne pas regarder par les fenêtres des habitations ou de ne pas prendre les habitants en photo sans demander auparavant. Mais il n’y pas que cela, à Bour : il y a surtout la plus belle des aires de jeux, avec le plus incroyable des panoramas. Un petit paradis pour les grands et les petits, avec un accès pas évident à dénicher mais qui se fait en toute sécurité (car en l’absence de tout trafic motorisé, merci le parking à l’entrée du village). Bref, un arrêt à faire au crépuscule, entre chien et loup, pour regarder le soleil enflammer les rochers lointains et les cheveux des enfants !

C comme Cascades

Des fois, elles sont là, à se couler douce entre copines. D’autres fois, elles sont plus solitaires, impétueuses, jaillissantes. Il arrive de les croiser, nombreuses, lors d’une randonnée ou même de les enjamber, minuscules, au détour d’une route, d’un sentier ou d’un chemin. Elles, ce sont les cascades, une composante aquatique incontournable des paysages insulaires des Îles Féroé. En même temps, dans un archipel possédant un lien aussi puissant avec l’eau, comment aurait-il pu en être autrement, eau-trement ? Alors, depuis un bateau, un hublot, une fenêtre baissée, d’un doigt tendu, d’un objectif calé, du bout de la main, de l’œil, de la chaussure, on salut, on fait trempette, on rend hommage depuis le minuscule filet coulant paresseusement à fleur de pente jusqu’au mastodonte paré de ses habits de gloire 2.0, immortalisé par tous et toutes !

D comme Doigt de Troll

Une petite randonnée gratuite d’une vingtaine de minutes qui permet de voir un doigt de Troll, quoi de mieux pour une découverte des îles Féroé en famille ? C’est exactement ce que nous nous sommes dit en regardant les balades accessibles à tous et ne demandant pas de compétences spécifiques. Trøllkonufingur donc (qui peut se traduire par le Doigt du Troll ou encore le Doigt de la femelle Troll) raconte une drôle d’histoire. Celle d’une sorcière troll qui avait envie, ma foi et pourquoi pas, d’envoyer valser les Féroé du côté de l’Islande, comme ça, d’une pichenette. Madame s’amène donc du côté de Vagar et se prépare à son sinistre méfait lorsque, ô stupeur, se ramène un invité (et plutôt rare dans le coin) : le soleil qui change donc instantanément notre Dame en pierre. Et la fait couler. Or, elle était si grande que lorsqu’elle touche le fond de l’océan, l’arrière de sa tête et son doigt émergent encore de la surface. L’arrière de sa tête est l’île de Koltur, et son doigt est Trøllkonufingur. Et cela donne – encore une fois – un paysage immanquable, une chouette petite balade et la plus mignonne des aires de repos jamais vue sur un chemin de randonnée. Ah, au fait, si vous avez envie d’escalader le doigt, sachez que 11 personnes – seulement – l’ont fait depuis 2016. Et la route que vous empruntez est réservée aux personnes possédant un terrain : laissez donc votre voiture au parking !

Le chemin de Trøllkonufingur


Les infos pratiques

– Départ du parking
– Arrivée au point de vue
– Distance : environ 1,4 kilomètres
– Temps de marche : 20 minutes

Le topo de la rando

Une vingtaine de minutes de balade pour arriver au panorama. Peu de trafic motorisé et de beaux arrêts sur le chemin.

Les choses à noter avant d’y aller

On trouve le très chouette café de Fiskastykkið juste à côté pour une pause gourmande. Et le village de Sandavágur est charmant, avec notamment une rune planquée dans l’église.

E comme Enfant

Partir aux Îles Féroé en famille, donc avec des enfants, bonne ou mauvaise idée ? Ayant fait ce voyage avec Brind’Ado et Fils, je vais me baser sur notre expérience commune pour vous apporter une réponse : très, très bonne idée. Il faut vous dire que l’archipel est un terrain de jeu extérieur naturel absolument fabuleux où chaque randonnée, chaque promenade peut se transformer en une aventure dont ils sont les héros, avec les moutons pour compagnons et les cascades comme décors. Il y a également toutes ces aires de jeux dont la qualité (presque improbable des fois) ferait rougir certaines installations hexagonales. Et puis, il y a cette liberté apparente des enfants féringiens qui semblent bénéficier d’une grande amplitude de déplacements. Pour autant, il ne faut pas non plus se leurrer : un voyage en famille aux Îles Féroé demande un certain budget pour la nourriture, la location éventuelle de la voiture et les éventuelles activités payantes (mais si on peut faire sans très facilement) ainsi qu’en amont, l’achat (ou la location) de matériel adapté pour tous (vêtements chauds, chaussures de randonnée imperméables…). Cependant, si vous le pouvez et en avez l’occasion, un voyage en famille aux Féroé est et reste une expérience exceptionnelle dont vous parlerez ensemble longtemps. Alors, n’hésitez pas !

Un moment avec maman aux îles Féroé

F comme Fiskastykkið

Fiskastykkið, en féringien, cela veut dire le sol pavé de pierre. Et ce nom prend tout son sens quand on sait que ce charmant café-restaurant était, autrefois, un lieu où le poisson était mis à sécher avant d’être exporté aux quatre coins du monde. Il était d’ailleurs particulier ce sol : il était pavé de pierres, aussi nettes qu’une carapace de tortue, et les interstices entre les pierres assuraient un courant d’air constant. Les vagues qui s’engouffraient dans la gorge apportaient avec elles l’air salé de la mer (et cette explication vient d’ici, si vous vous demandez). De nos jours donc, plus vraiment de morue qui sèche à l’air libre mais plutôt des plats à base d’icelle, concoctés et préparés avec amour ici. La carte offre autant de belles promesses qu’un refuge idéal pour se mettre au chaud quand il pleut et vente un poil trop à l’extérieur, refuge que nous avons testé et apprécié à sa juste valeur !

G comme Gásadalur

Auparavant, dans un passé pas si lointain que ça, Gásadalur était un village du genre franchement inaccessible, plus facile à rejoindre en hélicoptère qu’à pied. Tout cela a changé à partir de 2003, avec l’ouverture d’un tunnel à travers la montagne, long d’un kilomètre et demi environ. Du jour au lendemain, le petit village et ses quatorze habitants se sont donc retrouvés reliés au monde extérieur par une vraie route, empruntable par les voitures. Or, ce qui est vrai dans un sens l’est également dans l’autre le reste du monde extérieur peut désormais se rendre tout autant facilement là-bas avec, pour beaucoup, une idée en tête : aller admirer la cascade de Múlafossur (qui est tellement belle qu’elle a eu son propre timbre en 2003). Or, bis, ladite cascade est également le site naturel gratuit le plus facilement accessible depuis l’aéroport de Vagar (en quinze minutes). Et donc, facilité d’accès plus site emblématique franchement bien trop instagramable égal beaucoup, beaucoup de gens qui viennent, se garent à l’arrache et repartent aussi sec. Via le tunnel qui ne comporte qu’une seule voie et ne peut donc être emprunté que dans un seul sens. Cela couplé avec une réelle tendance suicidaire à vouloir prendre LA photo (et pour avoir vu des touristes asiatiques enjamber les barrières pour se tenir littéralement au bord du vide le temps d’une photo, je vous jure que je ne rigole pas), il est intéressant de suivre l’évolution de la gestion des lieux à court et moyen terme et voir comment cet afflux va être géré, quel est son impact concret sur l’économie locale et quelle réponse va être apportée. Et si vous vous demandez, le site est évidemment magnifique. Et vaut largement le détour !

Randonner de Bøur à Gásadalur


La cascade de Gasaladur

Les infos pratiques

– Départ au pied du tunnel
– Arrivée sur la route
– Distance : environ 3 kilomètres
– Temps de marche : 1 heure aller

Le topo de la rando

Le chemin suit l’ancien tracé qu’empruntait le facteur pour aller déposer le courrier, trois fois par semaine.

Les choses à noter avant d’y aller

Le sentier est présenté comme accessible aux enfants à partir de 10 ans mais comporte des secteurs pas vraiment commodes. Faites bien attention, notamment si vous avez le vertige, ce serait d’ajouter un volet médical à votre découverte des îles Féroé en famille. Des informations exhaustives et pratiques sont disponibles sur le site officiel.

H comme Harriet

Il y a des endroits comme celui-là où tu sais que ça va bien se passer. Forcément. Parce que l’air est empli de bonnes vibrations. Parce que des moutons te regardent par la fenêtre et parce que tu as été salué en arrivant par un lapin égaré et des chevaux décoiffés. Et parce que tu sens que ça va le faire. Et que le lendemain, en effet, ça l’a fait. Tellement que tu te retrouves ta famille en pyjama dehors en train de nourrir des moutons au lieu de prendre son petit-déjeuner. Et de discuter. Et de sourire. Et de se souvenir de cette soirée de la veille, de ce repas gargantuesque qui s’est prolongé un tantinet plus tard que prévu, autour de récits de vie qui convergent et divergent, d’anecdotes parentales, de grossesses océaniques insulaires. De choix, de chats sauvés et d’un chiot un peu fou. De cette viande qui a passé quatorze heures au four, de ce gratin qui n’était pas dauphinois mais presque. Et de ce gâteau au chocolat nappé de chocolat accompagné de sa sauce au chocolat qui a allumé plus d’étoiles dans les yeux de Fils que toutes les novæ de l’univers connu. Bref, il y un endroit comme ça qui s’appelle Hanusarstova. Et jamais on l’oubliera !

I comme Îles

Voyager dans les Îles Féroé en famille, c’est se rendre dans un chapelet de 29 îles (dont 18 principales) réparties sur un territoire de 1400 km² et habité par 54 000 habitants. Autrement dit, les Îles Féroé sont presque aussi grandes que le Val d’Oise avec la population de Vannes, Chelles ou la Roche-sur-Yon. Et une capitale, Tórshavn, qui regroupe quasiment 20 000 âmes féringiennes. Ce qui veut dire, peu ou prou, que beaucoup d’îles des Féroé ne sont habitées que par une poignées d’habitant-e-s qui peuvent se compter parfois sur les doigts d’une main. Il faut donc se préparer à une certaine solitude et à une sérieuse remise en cause d’un modèle urbain européen qui n’est guère de mise ici. Les villes sont des villages, les commerces aléatoires et chaque île possède son histoire, son identité, ses accès et ses particularités. Et encore, cela est tempéré depuis les ouvertures des fascinants (et payants) tunnels sous-marins qui permettent de passer sans soucis d’une à autre. Ne plus être dépendants des conditions maritimes pour traverser a du être une sacrée révolution dans la vie des féringiens. En tout cas, chacune des îles est une raison spéciale aller aux Féroé : certaines sont minuscules et sont des refuges à Macareux, d’autres sont inaccessibles sans permis (et ainsi de suite). Prenez donc simplement le temps de baliser correctement votre voyage en amont en vous souvenant que changer d’île, aux Féroé, est comme changer de station de métro à Paris : une routine !

A bord d'un ferry aux îles féroé

J comme Jamais Plus

Dans le froid, le vent, la pluie et le brouillard de Skúvoy, je suis sûr que l’un-e d’entre nous y a pensé fortement, très fortement à ce « Jamais plus de journée galère à aller se faire rincer sur une île pluvieuse avec une météo pourrie où on croise plus de moutons que d’habitants, où les macareux se cachent pour (se) nourrir et où rien d’autre ne pointe à l’horizon que des nuages, des nuages et encore des nuages ». Et bien vous savez quoi ? C’est normal parce que, comme partout, rien ne peut être parfait. Et surtout les Îles Féroé avec leur météo d’une instabilité légendaire. Et c’est aussi un aspect important – essentiel même – de cette destination à prendre en compte quand on choisit d’y aller : la probabilité de se faire salement rincer, de devoir changer les plans et de faire de la pluie une alliée plutôt qu’une ennemie. Mais c’est instabilité est également source de merveilles, de découvertes, de changements subtils dans les lumières et l’éclairage. Et quand le soleil daigne darder ses rayons d’argents dans la pénombre orageuse, on a la sensation d’un voile soulevé. Alors, le jamais plus devient un peut-être qu’après tout, en y réfléchissant bien, il se pourrait que…. jusqu’à la prochaine averse, la prochaine tempête !

Au crépuscule dans les îles Féroé

K comme Kroner

Je ne parle pas d’ici d’un quelconque chanteur ou d’une contraction profane entre un plat à base de K et un döner mais plutôt d’une monnaie. Celle des îles Féroé en l’occurrence, la couronne danoise, danske kroner en VO. Cette charmante couronne (qui se divise en øre, 100 d’entre eux faisant une couronne) dispose d’un taux de change à peu près stable avec l’euro, 1€ valant environ 7,46 DKK. Il se pourrait que vous n’y touchiez cependant pas durant tout votre voyage car le paiement sans contact par CB est très répandu et très accessible. Un petit bémol quant à celui-ci : la banque émet des frais à chaque paiement, correspondant au taux de change BCE et des frais abscons (combinaison qui dépasse l’euro facturé à chaque fois). Il peut être malin de privilégier un gros retrait en début de séjour pour limiter l’addition desdits frais. Et ce sera l’occasion d’admirer des pièces trouées (parfaites pour être enfilées sur un collier).

L comme Lentement

Positionné à mi-chemin entre l’Ecosse et l’Islande, les îles Féroé ressemblent à une poignée d’énormes cailloux jetés dans l’océan par un géant fou, vert, jaune ou rouge. Avec leurs falaises striées qui tombent à pic, les macareux qui ne se dévoilent qu’avec patience et autres pics rochers qui se parent d’étoffes brumeuses, c’est peut-être la destination par excellence pour voyager lentement, longuement, sans se presser ni se stresser. Se la jouer tortue en se moquant des lièvres. S’offrir le luxe indicible de préférer la marcher à la course, l’aiguille des heures plutôt que des minutes. Tourner le dos à la vitesse et saluer, non pas la paresse mais simplement la tendresse d’un moment doux et calme de contemplation passive d’un paysage unique aux teintes éphémères et baignant dans une lumière qui n’existe déjà plus. Les Îles Féroé ne marquent pas au fer rouge le voyageur. Elles se contentent de s’insinuer calmement en lui, d’imprégner neurone après neurone, souvenir après souvenir, impression après impression jusqu’à ce que l’évidence se fasse claire, limpide. Une fois ne suffit pas !

M comme Mølin

Pour trouver Mølin, ce n’est pas compliqué : allez sur l’île de Sandoy et suivez la direction de Skálavík. Une fois la ville (enfin le village) trouvé, continuez à rouler jusqu’à ne plus avoir le choix entre vous garer ou envoyer votre voiture faire un tour dans l’Atlantique (histoire de faire un peu de concurrence au Titanic).Une fois l’une des deux options sélectionnée, retournez-vous, montez l’escalier et vous voici arrivé au café-restaurant-bar-guesthouse de Mølin, l’une des adresses les plus recommandables pour un voyage dans les Îles Féroé en famille ! Et cela parce qu’ici, tout respire depuis 1889 le simple, l’humain, le local. Depuis l’accueil souriant, la décoration des lieux, maritime et éclectique jusqu’au contenu des assiettes (où burger, rab de frites et agneau ont régalé nos papilles familiales). En fermant les yeux, je me suis presque cru dans une série britannique, dans un port de pêche écossais. Et puis, en sortant de Mølin, il y a ces balades à faire, ces gens à saluer d’un signe de tête bourru, amical et enjoué à la fois. Ce téléscope intriguant, ce chemin qui serpente jusqu’au terrain de sport financé par l’UEFA et cet alpaga qui fait tâche dans le décor. Mølin et Skálavík, c’est une image de carte postale d’une ville côtière des Îles Féroé, un petit bout d’un bout du monde comme hors du temps, loin de nos frénésies et rythmes effrénés. C’est une ode à la patience, à la lenteur et au calme. Et c’est la meilleure introduction possible à tout cela !

N comme Nature

Vous connaissez le droit à l’accès à la nature, le Allemansrätten suédois ou encore sa version norvégienne ? Voire même le Jokamiehen oikeudet de Finlande ? Et bien, cela ne fonctionne pas aux Îles Féroé. Niet, no, nada. N’espérez donc pas pouvoir vous aventurer où bon vous semble puisqu’il n’y a pas tout simplement pas d’espace sauvage public. Cela veut dire, concrètement que le camping sauvage n’existe pas (dans le sens où vous n’avez pas d’endroit où le pratiquer) et qu’il n’est donc possible de camper que dans les espaces spécifiquement dédiés (autrement dit, les campings). Cela va de même pour celles et ceux qui espèrent pouvoir roupiller pépére dans leur camping-car, van ou autre RV en profitant d’une aire de parking ou point de vue : interdit aussi ! Et pour ce qui concerne la nature de façon plus générale, souvenez-vous d’appliquer encore et toujours les principes du LNT : Leave Nothing but Traces, Take nothing but Pictures.

O comme One Line Road

Comme dans les Highlands d’Ecosse ou les hauteurs du Connemara, on trouve dans les Îles Féroé moult de ces petites routes à peine assez larges pour un mouton et sur lesquelles deux voitures ne sauraient tenir de front. C’est donc pour cela qu’on été aménagés, sur les bas-côtés, de nombreux endroits où s’arrêter -non pas pour profiter du paysage – mais bien pour laisser passer le trafic arrivant. Alors, quand vous êtes au volant sur une d’icelle, ne soyez pas tentés de vouloir passer en force et faites ce qui est attendu de vous : faciliter la circulation, ne pas vouloir jouer au plus fort et faire en sorte que tout se passe bien !

Les routes des Feroe serpentent

P comme Pluie

Plusieurs choses sont certaines dans la vie : une tartine beurrée retombe toujours du mauvais côté, le jour suit la nuit, le chat miaule et vous allez prendre la pluie aux Féroé. Ceci n’est pas une probabilité, une possibilité ou une éventualité. C’est une obligation, une certitude. Forcément, à un moment ou à un autre, les gouttes vont tomber pour un épisode allant de la légère bruine rafraichissante à la bonne grosse averse qui tombe toute la journée sans s’arrêter une seule seconde. Nous avons testé plusieurs de ces épisodes, du tout petit au grave relou et cela me permet de vous donner quatre conseils :

1) Si vous partez à la journée, prenez du change avec vous, histoire de pouvoir mettre des habits secs si besoin est.

2) Tant qu’à acheter du matériel, prenez-en qui soit vraiment imperméable. Et tentez de vérifier cela avant de vous retrouver avec deux piscines en guise de chaussure de randonnée alors que vous ne marchez que depuis vingt minutes.

3) Des habits de pluie à enfiler par-dessus les vêtements, c’est la meilleur idée du monde, à condition que lesdits habits ne gouttent pas sur et sous vos vêtements.

4) Une randonnée pendant ou immédiatement après la pluie, ça glisse vraiment, pour de vrai et beaucoup. Alors, autant que faire se peut, apprenez à vous méfier, à changer les plans et même à annuler, surtout sur des tracés sans sentier, près des falaises ou sur sol seulement herbeux.

Q comme Que faire aux îles Féroé en famille

J’ai tenté de répondre ici et là à cette interrogation, au fil des lettres et des conseils disséminées le long de cet article. Cependant, il serait bête que ce Q soit un cul-de-sac interrogatif et que vous ayez eu l’impression de tourner en rond jusqu’à présent. Je vais donc apporter au moins UN élément bien plus concret à cette légitime interrogation, élément que voici : MARCHER ! Marcher pour voir, explorer, découvrir, monter, descendre, admirer. Marcher pour commencer la randonnée, marcher pour la terminer. Marcher pour vous rendre au ferry, pour y embarquer et désembarquer. Marcher pour saluer le lapin, le mouton, le cheval. Marcher pour vous à votre chambre, sous votre tente, à votre table, au restaurant, à l’aire de jeux, à la plage. Marcher pour respirer, se déconnecter, en prendre plein les yeux. Marcher, pour revenir à l’essentiel : vous, en plein nature !

R comme Randonnées

Voyager aux Îles Féroé en famille signifie une chose bien claire : 99% des activités se font en extérieur et implique bien souvent de marcher, se déplacer, aller d’un point à un autre via des itinéraires le plus souvent pas mal verticaux. Autrement dit, les Îles Féroé sont avant tout une destination pour celles et ceux qui apprécient non seulement les moutons mais surtout les randonnées. De ce côté, notre petite tribu se défend pas mal, ayant crapahuté joyeusement d’Irlande en Ecosse via quelques refuges hexagonaux et autres beaux itinéraires des Vosges. Cependant, la randonnée dans les Îles Féroé est – parfois d’un autre niveau. Il y a par exemple, les sentiers plats pour aller observer des doigts de Troll et il y a aussi, toujours par exemple, Vatnsdalsvatn, un lac sensé être en forme de coeur pour une randonnée d’une petite heure, présentée sur le site officiel comme « it is relatively easy to get to, although the climb up is steep ». Autrement dit, facile d’accès mais avec une pente un peu ardue. Ah, ah, ah, j’en rigole encore. Non seulement la pente n’est pas juste un peu ardue, elle est juste ininterrompue, humide, boueuse et glissante. Le sentier n’existe virtuellement pas et il faut viser les cairns et longer la barrière pour se faire une vague idée de la direction (qui consiste à aller toujours plus haut, de toute façon). J’ai perdu, au fur et à mesure de la montée, toute la famille (qui a décidé que la plage en contrebas était infiniment plus intéressante que mon lac), mon souffle et pas mal de certitudes mais j’ai quand même réussi à voir mon lac après des tours et des détours improbables (notamment avec la dernière barre rocheuse). Avec lui, j’ai retrouvé le bonheur, le souffle égaré, la satisfaction d’avoir vaincu la montée, un panorama démentiel, des cascades, une cabine solitaire, deux moutons et la joie d’être seul dans un petit coin des Féroé rien que moi. Et même si la descente fut longue et périlleuse, avec une merveilleuse et spectaculaire glissade dans la boue locale, j’ai « fait » Vatnsdalsvatn !


La randonnée du lac de Vatnsdalsvatn


En direction de Vatnsdalsvatn

Les infos pratiques

– Départ au pied de la cascade
– Arrivée au lac
– Distance : verticale
– Temps de marche : 1 heure aller

Le topo de la rando

Le chemin – très peu présent – longe la rivière jusqu’à un éperon rocheux qu’il convient de contourner en passant au large et en suivant les cairns.

Les choses à noter avant d’y aller

Attention : c’est une randonnée constituée à 99% de montée pure. Le seul passage plat se trouve tout à la fin, aux abords immédiats du lac. Rien de compliqué techniquement parlant mais attention aux glissades dans la boue !

S comme Skúvoy 

« Ah oui, quand même, dans le genre hors des sentiers battus, vous êtes pas mal là ». Ca, c’est que ça dit Melissa quand elle a vu que nous passions une journée à Skúvoy, une toute petite île de 14 habitants accessible en une traversée de trente minutes environ depuis Sandur. J’avais repéré des macareux, une histoire de Skuas et des balades. Et puis, de toute façon, nous avions un contact, en la personne de Jóhannus, un fermier-éleveur-guide local. L’idée était donc simple : arriver par le ferry de 8h30, retrouver J. puis gambader sur l’île avant de rentrer manger puis repartir gambader et reprendre le ferry de 15h30. Ca, c’était le plan original. Qui est totalement et littéralement tombé à l’eau par la faute de la lettre précédente et de la météo la plus humide qu’il fût. On a pris la drache, la saucée, la pluie accompagnée par un vent à décorner des bœufs et faire voler des moutons. Du coup, la grande randonnée s’est transformée en un squat dans les règles chez J. où nous avons squatté au chaud jusqu’en début d’après-midi où la météo s’est arrangée et où nous avons pu explorer un tantinet plus Skúvoy, découvrir la plus vieille tombe des Féroé (celles de Sigmundur Brestisson, mort en 1005), saluer plein de macareux et voir que l’UEFA est également venue construire un terrain de foot ici, où l’école n’a plus accueilli le moindre enfant depuis vingt ans !

T comme Tórshavn

« La capitale au bord du monde » comme est joliment surnommée Tórshavn est une ville étonnante, intrigante, qui offre une autre vision des Féroé. Plus urbaine mais tout autant décalée. Comme avec le quartier gouvernemental, par exemple et ses petites maisons de bois aux toits herbeux, qui offrent un décalage incroyable avec nos habitudes architecturales urbaines habituelles. Ce décalage se retrouve de par ailleurs un peu partout dans la ville, depuis cette délicieuse église de 1609 à la voute étoilée jusqu’au dédale d’une aire de jeux pas comme les autres en passant par la vieille ville de Tinganes, le Viðarlundin í Havn (le parc avec les seuls arbres du pays, disent-ils un tantinet ironiques) ou encore le stade de foot avec son merveilleux bar à jus N°12. A vrai dire, nous n’avons pas réellement su que faire de ces heures capitales. Une fois la voiture garée (puis déplacée et garée de nouveau, une histoire de temps maximum, de disque de parking et de zones allouées), nous avons marché, erré. Nous sommes baladés entre ici et là. Avons vaguement suivi un parcours et un autre, avant de finalement trouver le meilleur restaurant à burger de la ville, des œuvres de street-art et des petits recoins surprenants. Ce qui me fait dire ceci à propos d’un arrêt à Tórshavn pendant un voyage aux Féroé en famille : y aller n’est pas nécessairement une obligation mais ne pas y aller serait cependant une abomination. Alors, si vous y passez, offrez-vous quelques heures de lentes et silencieuses déambulations : cela en vaut quand même la peine !

Se reposer à Tórshavn

U comme Unique

On ne va pas se mentir, les îles Féroé sont réellement une destination unique (aussi cliché et bateau cela soit-il, dans le sens où toutes les destinations sont uniques). Et pourquoi ? Parce que j’en ai rarement pris autant dans les yeux côté beauté des paysages. Du début à la fin de de notre voyage, ça a été une orgie constante, permanente, inarrêtable. Montagnes, lacs, reliefs escarpés et déchiquetés, îles qui jouent à cache-cache dans la brume, ombres chinoises, panoramas aquatiques, moutons poseurs et cascades oniriques : c’est un renouvellement infini, un bonheur à photographier et des souvenirs gravés pour la vie. Bien sûr, tout cela est subjectif et né de mon seul et simple ressenti. Mais, bordel et quand même : qu’est-ce qu’elles sont belles, ces Îles Féroé (et cette première vision depuis le hublot de mon avion, je n’avais pas connu ça depuis la Nouvelle-Zélande, c’est dire).

V comme Virðing

Ne pas faire voler son drone au-dessus des moutons, des routes ou des sites interdits. Ne pas sortir des chemins indiqués. Ne pas regarder par les fenêtres des habitations. Bien refermer les clôtures après être passé. Toujours demander l’autorisation avec de photographier quelqu’un : toutes ces demandes sont celles que l’on retrouve à l’entrée des sites touristiques majeurs avec toujours la même introduction : RESPECT suivie de please, have Virðing. L’impact du tourisme étant ce qu’il est – et les îles Féroé étant une destination encore relativement en-dehors des radars touristiques, l’archipel n’a pas connu jusqu’à présent une croissance démesurée de sa fréquentation (tel le désastreux modèle islandais qui l’a voulu, l’a eu et le regrette pas mal maintenant). C’est aussi peut-être pour cela que les seules mesures visibles de prévention sont ces panneaux (et également peut-être le fait de rendre payant – terriblement cher d’ailleurs – certaines randonnées et vues emblématiques, ce qui est encore cependant une autre histoire). Je me doute que s’il a fallu installer ces panneaux, c’est en réponse à certains comportements problématiques. Pour autant, ici se pose une interrogation intéressante : quid de l’éducation au tourisme desdits voyageurs ? Que faire ou ne pas faire, comment se comporter, quels sont les tabous culturels d’une destination, les sujets à aborder (ou pas): il y a vraiment matière à réflexion (et l’office de Tórshavn l’a fait avec une très intéressante approche sur sa carte de la ville : une liste de sujets à aborder pour se faire – ou pas – des amis) !

W comme What, Who and Where

Une langue à base de ástøðiligur, drápsmaður, alfrøðibók, ein ið fremur fosturtøku et autres brúdleypsveitsla est pour moins le étrange, si ce n’est déconcertante. Et étant donné que peu d’entre nous parlent naturellement la langue locale (lle féroïen ou féringien), vous serez ravis d’apprendre que l’anglais est usité un peu partout (et dès assez tôt apparement). Vous n’aurez donc strictement aucun souci pour communiquer avec les locaux (qui ont parfois un accent un peu surprenant mais compris sans aucun souci par #DeT et Brind’Ado. C’est peut-être mon accent à moi qui est un peu surprenant). Bref, notez cependant à toutes fins utiles qu’essayer de parler quelques mots de la langue locale est toujours bien vu donc : HEY, ORSAKA, TAKK et SKAL et ALT I LAG. Avec ça, vous pouvez même faire le tour du monde en plus de celui des îles Féroé !

X comme X marks the place

Prenez une carte des Îles Féroé. Repérez Vadar puis Sørvágur puis Bøur. Juste quelques centaines de mètres avant l’entrée du village, un chemin privé qui part vers le bord du fjord et qui amène à un hébergement nommé The View. Faites une croix ici : vous avez trouvé le logement avec LA VUE imprenable sur l’un des plus beaux panoramas féringien : l’arche de Drangarnir et l’île de Tindhólmur. C’est, honnêtement et objectivement, un emplacement exceptionnel. Et une vue absolument incroyable lorsqu’on se réveille et qu’on ouvre le rideau de sa cabane en bois (avec le toit en herbe, bien entendu). En plus, il y a des canards en goguette et des moutons bêlants : on ne passe pas loin du spot de rêve durant un voyage aux Îles Féroé en famille (et vu les commentaires du livre d’or, nous ne sommes pas le seuls à penser cela) !

Par la fenetre de la chambre

Y comme comme Y aller

Comment aller aux Îles Féroé ? Plusieurs options se présentent à vous, selon votre motivation. L’option la plus simple, bien évidemment, est l’avion avec la compagnie aérienne nationale, Atlantic Airways et des vols A/R directs entre Paris CDG et Vagar. Il faut compter un poil plus de deux heures un vol et environ 200€ (oui, c’est relativement peu cher en s’y prenant bien) avec des rotations renforcées durant l’été (et un service à bord très correct, ce n’est pas du low-cost). Il apparait que Iceland, SaS (Scandinavian Airlines) et Widerøe (une compagnie norvégienne qui part de Bergen) ont également des vols depuis le Canada, l’Islande, Londres et les USA . Si vous êtes plutôt voyage au long cours, il semble possible de rejoindre les Îles Féroé en ferry, depuis Hirtshals (au Danemark) ou Seyðisfjørður  (en Islande). J’ai d’ailleurs rencontré un couple de néerlandais qui voyageaient ainsi avec leur camping-car : une chouette aventure !

Depuis le hublot de l'avion

Z comme Ze End

Z comme Zorro, Zzz ou Ze ne sais pas : je n’ai pas réussi à trouver un mot en Z pouvant s’appliquer à notre voyage aux Îles Féroé en famille. Rien qui ne permette de vous raconter les délicieux sourires de la famille caressant un mouton, notre joie sans cesse renouvelée devant les paysages, la fatigue d’une balade bien trop humide, mes retrouvailles avec les macareux, la gentillesse de J., le bonheur d’une poignée de minutes solitaires en haut d’une pente trop pentue, le goût si spécial de ces morceaux de viande d’agneau séchés en plein air, le goût tout aussi spécial de ce fromage du coin, le déclic sans cesse répété de l’appareil photo, les blagues récurrentes à chaque panneau Skully et cette joie d’avoir vécu ce voyage définitivement pas comme les autres!


Petit point légal : tout le contenu est soumis au droit d’auteur. N’hésitez pas à me contacter si vous pensez en avoir usage, voulez en acheter un tirage (ou autre). Et si vous aimez mon travail ici et là, vous pouvez même me payer une bière 2.0Le texte et les photos de cet article sont garanties 100% humain et 0% IA.


Ce reportage est le récit de notre voyage suite à une invitation Visit Faroe Islands .Le contenu éditorial n’en reste cependant pas moins indépendant et soumis à ma seule volonté.

  1. F comme Formidable
    Je rêve des Féroé, mais malheureusement pas le reste de la famille…

    Pour info, pour les frais bancaires cela dépend des banques.
    J’ai désormais une carte gratuite sur une banque sans frais, qui ne prend pas de frais à l’étranger… J’ai utilisé tout cet été en Norvège, ça fait économiser ! Si besoin, dis moi, je te parraine

  2. Aaah… Tellement plaisir de lire ton point de vue sur un bout de notre planète que j’adore, avec un point de vue complément différents puisqu’en famille (je suis jalouse que vous ayez eu la chance de dormir chez Harriet, c’était complet quand j’ai tenté). Ton passage sur les cascades m’a fait sourire parce que c’est la première chose que j’ai remarqué en y arrivant la première fois. Il y en avait partout ! Pour moi, c’est plus encore le pays des cascades que des moutons. Contente que vous ayez kiffé ces beaux moments tous ensemble et chiche que vous y retourner ?

  3. Des paysages uniques et spectaculaires mais je crois bien que la drache garantie, en plus de l’accès probablement difficile sans avion, m’empêche d’envisager cette destination (je me coltine un temps de m tout au long de l’année c’est pas pour subir la même chose pour mes vacances d’été). Dommage parce que ton super article et tes photos wow m’ont bien fait rêver. Peut-être un jour…

    1. Faut avouer, la drache, c’est un tantinet relou mais ça ne serait pas la même magie sans (et en fait, c’est à voir aussi par mauvais temps , ne serait-ce que pouvoir admirer après l’orage). Après, y aller sans avion, c’est compliqué mais jouable via le ferry danois. Faut juste pas être pressé (mais ça peut faire un très chouette voyage.

  4. C’est très beau, hors du temps, dépaysant au possible, ce n’est pas pour tout le monde et il faut aimer à outrance la pluie ! 😀
    Certains aspects font penser à ce que l’on voit de l’Islande, mais en lisant l’article je vois bien qu’il y a quelques différences. J’adore les moutons qui se baladent partout ça me rappelle les krikris, des chèvres en Crète ! 😀

    1. Hello Anne,

      En effet, tu vois juste, les paysages des Féroé et de l’Islande ont des points semblables mais j’ai trouvé l’Islande plus diversifiée (notamment dans les Hautes Terres, par exemple). Itou pour la météo, il faut surtout être préparés à se fader toutes les saisons et toutes les formes de pluie en une seule journée (et aimer les moutons, tous les moutons) !

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