Car avant que tu ne naisses, je te parlais déjà.

Je ne sais pas comment les autres Papa ont vécu la grossesse de leur femme mais, pour moi, ce fut avant un immense point d’interrogation. Faute de pouvoir connaitre « pour de vrai » cela, en ma chair et en mon âme, je n’étais que questionnements, sourcils levés et grattages de tête incessants. Cependant, une chose bien précise m’a aidé à mieux comprendre et tout cela et, encore plus, m’a permis de communiquer avec toi, ô mon fils, avant que tu ne naisses : l’haptonomie !

Haptono… Quoi ?

Avant de parler plus précisément de ce que j’ai connu, vécu et appris de mon point de vue paternel, je suppose qu’il serait de bon ton d’expliquer avant tout ce qu’est l’haptonomie. En fouinant sur la page wikipedia dédiée, voici ce qu’il en ressort :

L’haptonomie est le nom que l’on donne parfois à l’étude de l’affectivité. Ce terme embrasse un grand nombre de pratiques hétérogènes, et n’a pas de statut institutionnel défini au sein des pratiques médicales et paramédicales. Le concept a été créé par le psychothérapeute Frans Veldman après la Seconde Guerre mondiale : il l’a originellement défini comme un ensemble de pratiques cherchant à intensifier les bienfaits de l’accompagnement thérapeutique par une attention particulière accordée à la relation, dans laquelle le toucher, notamment, prend une place particulière. Son champ d’application principal concerne son utilisation comme soin psychologique durant la maternité, de la grossesse aux soins du petit enfant en passant par les soins obstétriques. Néanmoins, en ce qui concerne ce domaine, son efficacité n’est pas démontrée.

De façon encore plus centrée, voici ce qui est dit sur la partie m’ayant concernée, à savoir l’haptonomie prénatale :

En accompagnement prénatal, les couples sont reçus en séance individuelle, soit dès le début de la grossesse, soit plus souvent au quatrième ou au cinquième mois, supposant l’implication et le désir des deux parents5. La mère a un contact privilégié avec l’enfant qu’elle porte, son corps change avec la perception qu’elle a de son enfant, elle peut interagir avec lui, le bercer par exemple ou même le faire se déplacer à l’intérieur du ventre, ce qui peut également aider les mères dépressives ou ambivalentes à l’égard de leur grossesse. Les pères peuvent aider, principalement par le rapport qu’ils ont avec la mère, mais également au travers de leur contact avec le ventre ou par leur voix. Selon Catherine Dolto, dès le cinquième mois de grossesse, un langage corporel des enfants se met en place. Ils viennent se positionner sous la main, accompagnent la respiration de la mère, ont des balancements spécifiques, voire même jouent, donnant par là des signes d’échanges qui renseignent les parents sur leur état.

Voila pour les (très) grandes lignes ce qu’est donc l’haptonomie. Si vous avez lu ces deux extraits, vous aurez particulièrement porté attention à ce passage : Les pères peuvent aider, principalement par le rapport qu’ils ont avec la mère, mais également au travers de leur contact avec le ventre ou par leur voix. C’est en effet cela que je suis venu chercher : un accompagnement, des réponses mais aussi (et surtout), l’apprentissage d’une façon de pouvoir communiquer avec Bébé, à travers la barrière de chair du ventre de #DeT, pouvant ainsi participer et vivre cette folle aventure qu’est la grossesse.

Mouais Mouais Mouais.

Très tôt, je me suis confronté à une sorte de mur : celui de l’incompréhension. Pour moi, la grossesse était une chose totalement abstraite. J’étais dans l’attente, dans l’expectative, plus enclin à réagir aux signaux concrets (un battement de cœur, une envie de moutarde, des nausées, ma prise de poids) qu’à ce que je pensais être des considérations métaphysiques hors de mon atteinte. Fort heureusement, et malgré mon immense réticence primaire, #DeT m’a proposé de faire de l’haptonomie. Je ne saurais dire les mots employés mais toujours est-il que je me suis retrouvé, un beau matin, dans un cabinet, assis face à une dame d’une gentillesse exquise, à expliquer, raconter et formaliser ce que je vivais – ou plutôt ce que je ne vivais que très partiellement.

Doucement, elle a pris le temps de répondre dans un premier temps à TOUTES mes questions, des plus stupides aux plus spirituelles. Elle a ensuite détaillé le programme éventuel des séances possibles dans le futur, si nous décidions d’aventure de parcourir ce chemin à ses côtés, sans rien promettre. Il faut être honnête : je suis ressorti de cette séance primaire encore plus dubitatif qu’avant, ma pensée globale se résumant à un gros « MOUAIS » saupoudré de « MOUAIS » et additionné d’une pincée de « MOUAIS ». Lorsque je ne sais pas vraiment vers où je vais et comment j’y vais, j’ai tendance à attraper le syndrome du hérisson et à freiner des quatre pattes, roulé en boule sur moi-même, laissant le temps passer tout en jetant un œil dehors de temps à autres.

Pourtant, nous décidâmes d’y aller. De tenter. Puisque l’aventure que nous vivions conjointement avait toutes les chances d’être unique, pourquoi ne pas justement nous donner tout ce qui était possible d’avoir pour en profiter pleinement, surtout à moi en tant que futur Papa paumé ?

Toucher, interagir, écouter.

Je garde un souvenir diffus de la neuvaine de séances qui ont suivi cette décision. Tout au long de ces moments, j’avais cependant l’impression que quelque chose se créait, quelque chose d’informel, d’éthéré. Comme si un voile opaque se levait tout doucement pour dévoiler, lentement, l’envers du décor. En fait, avec le recul, je me rends compte que je posais les premières pierres de ma relation avec mon fils, tout en approfondissant celle me liant intimement à ma #DeT.

Quelques fois, ce furent des exercices pour apaiser les contractions et gérer au mieux la montée inévitable de douleur pendant l’accouchement, à reproduire en temps voulu. D’autres, ce furent des mises en scènes pour expliquer ce qui allait arriver : comment, où  et pourquoi. A quelques reprises, ce furent également des techniques à faire à deux, pour calmer, apaiser et respirer, saisir et appréhender l’espace environnant et faire corps avec lui.

Cependant, de tout cela, ce furent surtout les premiers contacts avec Fils dont je me souviens avec le plus d’intensité. Trouver sa position. Guetter son éveil. Sentir sa petite main bouger et, chose absolument totalement inouïe, réussir à le faire se déplacer dans le Ventre, seulement de par la position et le mouvement de mes mains. Lorsque cela est arrivé pour la première fois, en pleine séance, je suis resté bouche bée, envahi d’un double sentiment d’incrédulité et de toute puissance. Moi aussi, Papa, je pouvais faire cela ? Parler avec les mains, interagir, communiquer ?

Jusqu’à la toute fin de la grossesse, un jour d’été, nous avons mis en pratique les conseils, techniques et pratiques apprises tout au long de notre apprentissage. A plus d’une reprise, de façon quasi-quotidienne, #DeT me laissait, avec un petit sourire, parler à notre enfant, lui susurrer des mots et lui dire combien nous l’aimions déjà et combien nous attendions sa venue dans notre monde. Mes mains parcouraient son ventre, joueuses, glissant jusqu’au point de contact avec Bébé, posées bien à plat. Bébé répondait selon son bon vouloir : des moments uniques.

Alors, Haptonomie ou pas Haptonomie ?

Je ne saurais m’exprimer de façon générale et considérer mon point de vue comme une vérité absolue qu’il faille appliquer à tous. Cependant, et si d’aventure vous étiez intéressés par le sujet, je me permets de vous dire cela : faites-le et faites-le à deux. 

Cherchez donc un haptothérapeuthe agréé (ou encore de par ici) et sachez que, grâce à la Sécurité Sociale et/ou votre mutuelle, vous pouvez vous en faire rembourser une partie, icelle étant considérée comme partie intégrante de la préparation à l’accouchement, en gardant en tête que le coût par séance va de 50 à 100€ environ.