Crom encore

Tuaisceart Éireann : Eire we go !

La dernière fois, c’était en 2017, pendant les vacances de la Toussaint. Fils passait ses randonnées dans mon dos et Pitchoune n’était pas ado. Nous avions, le temps d’une semaine et d’un road trip, découvert Torr Head, la Chaussée des Géants, Belfast et Derry. Un voyage quasi initiatique, créateur de souvenirs profonds. Il était donc écrit – forcément, évidemment, nécessairement – que nous y retournerions, en cette terre d’Ulster, en cette Irlande du Nord. Et c’est ce que nous avons fait cet été, sans trop réfléchir, sans trop programmer, sans trop préparer. Pour explorer et ne pas retourner sur nos pas, pour saluer Enniskillen et voir le Down de haut, pour admirer l’Armagh gagner et danser avec les Loughs !

Quand l’Armagh gnaque.

Première journée et premières déambulations dans la campagne nord-irlandaise. Nous sommes arrivés la veille en provenance de la France et un vol sans souci, récupérés à l’aéroport par l’hôte chez qui nous homestayons deux nuits. La maison est un peu perdue au milieu de nulle part, un poil en retrait, non loin du plus grand Lough du coin. Il a un canard plus ou moins apprivoisé (que je surnomme d’office Kwaky) qui aime partir en randonner en cancannant et un français woofer.

De notre côté, aucun autre programme que de marcher, de déambuler, de nous promener. Entre deux pubs et une réserve naturelle, par exemple. Via des routes, tant qu’à faire, vu que les sentiers sont inexistants dans cette partie du pays. C’est donc ainsi que se déroule notre journée : un irish breakfast, une sortie à l’épicerie, un début de rando’, un arrêt pique-nique, une rando routière, une escale au pub N°1, une visite dans la réserve du coin (et ses vingt sortes de libellules différentes), une autre rando routière, une escale au pub N°2, une pizza, une dernière rando routière et un retour à la maison.

Principal point saillant : la victoire de l’Armagh en finale du All Ireland, contre Galway. Fils a ouvert de grands yeux étonnés devant ce sport un peu étrange, aux confluents du football et du rugby tandis que je me voyais transporté dans mon Mayo adoré du temps des colo’ de Regards. En tout cas, toujours est-il que la victoire ultra capillotractée des locaux a permis à toute la famille d’enrichir son vocabulaire des expressions joyeuses et grossières du coin, entre deux FUCK YEAH WE DIT IT aux doux relents de PUTAIN ON EST CHAMPIONS. Toujours est-il aussi qu’en ce dimanche soir, l’Armagh gnaque (et que c’était fort).

Enniskillen, c’est ferme enough.

#DeT voulait voir Enniskillen et donc nous vîmes Enniskillen, sans le regretter. C’est d’ailleurs une charmante bourgade, Enniskillen. Avec son lough réglementaire, ses canaux (ce qui lui vaut d’ailleurs le surnom de la Petite Venise du Fermanagh), ses châteaux et sa magnifique artère principale où il fait bon déambuler pour chercher un endroit où manger sans y laisser nos reins (parce que déjà que faire les touristes n’est pas bon marché mais alors faire les touristes en Irlande du Nord, ce n’est pas un bon plan économique du tout, du tout, du tout). Où manger donc, à Enniskillen ? Mais là où ils servent des patates farcies ma foi. Comme à Edimbourg, dans cette petite échoppe délicieuse découverte en 2012, avec plus de fromage que de place disponible dans l’assiette. Bref, nous avons donc mangé à Enniskillen, une nourriture saine et légère, sans une calorie de trop, des patates bien chargées comme il faut, qui tombent pile dans le bide et y restent jusqu’à la fin de la journée. Pas besoin d’un goûter après ça. Et puis, on a vu un chouette jardin aussi. Avec un chouette chapiteau. Et une chouette aire de jeu. Presque aussi chouette que celle fréquentée la veille du côté de Dungannon mais, en fait, pas autant, faute de chatons à débusquer. Mais bref derechef, on a continuer à tourister en majuscule avec nos visites des musées.

Un corbeau à Dungannon

Mais attention, nous n’avons pas fait que ça, pas juste Enniskillen, que nenni que nenni. Aventuriers des temps modernes que nous sommes, nous avons aussi randonné. Toute une journée, entre ici et là, depuis un spot de Game of Thrones (dont je n’ai toujours pas vu un seul épisode) jusqu’à un Lough (évidemment) en passant par un autre Lough. Et nous avons aussi allègrement squatté le délicieux National Trust de CROM (qui, d’ailleurs, s’il donne des coups de poings, peut se targuer d’être CROM A GNONS), avec ses ruines de carte postale et (ô stupeur) son Lough iconique. Et je ne vous cause même pas des routes panoramiques sises ici et là. Ni des églises abandonnées, des cimetières où les fantômes semblent se planquer le temps de votre visite ou des nombreuses sources où Saint Patrick est passé : une spécialité aussi répandue que les pubs, c’est dire.

Tandragee, c’est cheap, ses chips.

Si je ne devais vous donner qu’un seul vrai et réel conseil dans cette orgie textuelle, voici lequel il serait : SI durant votre voyage en Irlande du Nord, vous voyez d’un seul coup les panneaux d’affichage passer en kilomètre, cela ne veut dire qu’une chose: vous êtes en Irlande, où vous n’avez pas du tout le droit d’être avec votre voiture de location (sauf à payer les 25£ supplémentaires d’assurance). En ce cas, faites comme nous : demi-tour immédiat et immense détour pour aller de CROM à Tandragee sans passer par l’Eire (et au risque de se choper un Ulster, bien évidemment).

Ceci étant dit, nous voici donc à Tandragee le temps d’une nuit. Tandragee, avec son Fish and Chips bien gras, une aire de jeux immense, des gosses qui jouent avec une chaine à vélo, un vétéran du Vietnam qui nous parle de ses potes français et son Tayto Castle, qui n’être autre qu’une immense usine de chips. Qui peut se visiter. Et que nous n’avons pas visité. Une autre ville que nous n’avons pas visité fut Portadown, que nous n’avons fait que croiser, le temps d’un voyage dans le UK de Maggy et des eighties. Je suis peut-être de mauvaise foi hein mais j’ai cru être plongé dans This is England pour de vrai. D’ailleurs, pendant que je suis là-dessus, j’ai été étonné par mal de choses durant ce voyage. La profusion des drapeaux anglais partout et des messages religieux à chaque coin de rue, par exemple: GOD IS WATCHING YOU, REPENT SINNER, PREPARE THY TA MEET YOUR CREATOR (et autres). Par certains graffitis et autres murals soutenant des groupes bien, bien, bien portés sur la droite de l’échiquier politique local, également. Par ma capacité à me tromper d’aéroport pour la location de voiture aussi (mais vu comment je noie cette anecdote à 38£ la course de taxi au milieu d’un paragraphe lui-même illisible, personne ne le saura jamais). Par les drapeaux ouvertement nostalgiques et les plaques faisant références aux victimes de l’IRA comme des victimes du terrorisme, ce que je n’avais jamais vu auparavant. Par la taille des poissons dans les Chippy. Et le coût exorbitant des logements touristiques. Et des hôtels.

Et Tandragee, obviously.

Down we are, here we Mourne.

Le comté de Down et les montagnes de Mourne, une aera of outstanding national beauty (et ce n’est pas moi qui le dit, c’est une appellation officielle), c’était le highlight du voyage. LA région que j’avais repéré avec notamment cette route qui serpente telle le boa moyen et trace son chemin jusqu’à la mer d’Irlande, que nous allons devoir longer encore et encore, pour laisser derrière nous Annalong, Newcastle, Killough, Ardglass et autres Kilclief et Strangford avec, comme objectif, de rallier Portavogie, notre lieu de villégiature pour quelques nuits.

Dans les montagnes de Mourne

De Mourne et de ses montagnes, je dus vite faire mon deuil : vents, brouillard et routes fermées pour cause de travaux se sont dressés sur notre chemin. C’est donc la Mourne Coastal Road que nous avons suivi, avec un épique arrêt à Bloody Bridge (et sa merveilleuse piscine naturelle planquée en-dessous d’un pont et dans laquelle j’ai eu le bonheur de voir un couple se déshabiller, se changer et se mettre en scène le temps d’un selfie et d’une vidéo pour un temps effectif passé dans l’eau de 15 secondes. Ils étaient autant frigorifiés que moi mort de rire) d’où nous sommes repartis avec un pantalon mouillé, des étoiles dans les yeux, une floppée de photos et un ballon princesse récupéré au péril de sa vie par Brindado (qui est l’évolution 2.0 de Pitchoune).

Histoire de l’Ards (et ce n’est pas cochon).

Le reste, c’est une route qui n’en finit pas, une #DeT fatiguée, des enfants endormis, une pause salvatrice dans le seul café du coin ouvert (le Sea Gem d’Ardglass, accueil charmant), un ferry, de la pluie et une arrivée à Ards et Portavogie pour constater qu’il n’y a aucun pub en ville, que le seul restaurant du coin est certes joli mais qu’il abuse franchement sur les tarifs, tout ça donc pour finir encore une fois à l’un des deux Chippy du coin (et à la station service, qui fait aussi supermarché). Ce qui reste après le reste, c’est une météo franchement humide, des hôtes AirBNB d’une gentillesse affolante, la découverte des Car Boot Sales à côté d’une manif’ de fafs à Bangor, les négociations anglophones de Fils pour acheter des cartes Pokemon (et s’endetter pour six mois auprès de sa mère), la merveilleuse trouvaille du Walled Garden de la même ville (oui, ça continue, Bangor et Bangor, ce n’est que le début, Bangor, d’accord).

Il y aussi eu cette journée au National Trust du Mount Stewart, avec ses dodos dans les jardins, son palais des vents, son aire de jeux dans les bois et sa bordel de tempête qui nous a trempé comme pas permis (sauf si je me trompe avec celle du premier soir à Portavogie mais je vous jure, c’était la drache du siècle, on a passé la wassingue pendant des heures tellement on goutait de partout). Et cette autre journée dans la zone humide du Castle Epie, où nous fûmes quasiment les seuls à déambuler sous la flotte, à tenter de voir des piafs (et à nourrir des canards, aussi). Et cette dernière matinée passée au Titanic Museum de Belfast, où j’ai enfin pu utiliser les places gagnées trois auparavant.

Danse avec les Loughs

Et puis, il y a eu la découverte d’Harry Potter par Fils, les rires de BrindaPitchoune, le goût de la Smithwicks, l’émerveillement devant les paysages, le jacuzzi familial, les parties de foot, le puzzle princesse, des légumes verts, une pie et un gravy, des sourcils qui se haussent, des épaules qui se baissent pour laisser un enfant monter dessus, une partie de foot internationale, des balades sur une plage, une leçon de conduite à gauche avec volant à droite et ceci et cela et ça et ça et ça. C’était nos retrouvailles avec Erin du haut, avec l’Irlande du Nord, avec l’Ulster. Et bordel que c’était bien !

PS : Non, le titre de cette dernière partie n’a aucun rapport avec le contenu mais je trouve ce jeu de mots trop bien pour ne pas le partager avec vous !

Voyage effectué entre juillet et août 2024, sans aucune forme de partenariat ni d’avantage spécial.


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