Une première fois aux Pays-Bas

Entre moi et les Pays-Bas, c’était une histoire vierge. De ce pays situé là-haut, un peu au-dessus de la Belgique, je ne connaissais rien ou presque. Des clichés, surtout : des histoires de pétards supposément fumés à Amsterdam, d’une contrée où les vélos peuvent aller partout et où les moulins à vents semblent trôner au milieu de champs de tulipes infinis, sur fond de soleil couchant. Alors, lorsque #DeT m’a suggéré que ce serait une très bonne idée d’y aller, je n’ai – pour une fois – pas trop réfléchi. Il faut dire que, contrairement à moi, Madame a une longue histoire avec cette destination : des études suivies à Utrecht, de nombreux allers et retours entre ici et là-bas et, à vrai dire, un attachement quasi viscéral. Et puis, au-delà de ce pèlerinage personnel, les Pays-Bas constituaient quelque chose de spécial : une nouveauté en cette année 2018 composée autant de retours (Édimbourg la belle, l‘Autriche enneigée) que d’inédit (Berlin la merveilleuse). Une nouvelle étape en famille, un nouveau pays, un voyage à quatre, une découverte : que demander de mieux ?

Le règne de la Petite Reine

On me l’avait dit, on m’avait prévenu, on m’avait mis en garde : aux Pays-Bas, le vélo est roi. Or, il se trouve que j’ai un grave défaut : je ne crois que ce je vois, au risque d’irriter le plus grand nombre. Pourtant, sur ce coup-là, tout ce dont on m’avait parlé s’est avéré encore plus que véridique. Partout, absolument partout : des vélos, sillonnant les artères des villes de toutes les façons possibles, dans toutes les configurations imaginables et dans le plus grand respect mutuel entre usagers des routes, qu’ils soient automobiles, pédestres ou – donc – vélocipédiques. 

Pour tout vous dire, c’est en sortant de la gare de Gouda et en apercevant le parking dédié que j’ai compris que nous venions de rentrer dans un espace-temps différent. Ensuite, c’est en marchant et en observant que j’ai découvert qu’il était donc possible de faire du vélo LE mode de locomotion majeur dans un pays. Ne croyez pas que cela soit une douce blague ou le rêve d’un utopiste barbu. Non : aux Pays-Bas, le pays entier semble vraiment se déplacer à vélo, sans que cela ne gêne qui que ce soit. J’ai vu passer, à Utrecht et sur les routes nationales, autant d’étudiants que de VRP, autant de familles que de jeunes cadres dynamiques. Le jeune papa que je suis est resté ébahi devant toutes les configurations disponibles pour transporter des enfants : sièges à l’avant, siège à l’arrière, charrette, vélo attaché, paniers (et j’en oublie). Je me suis surpris à m’imaginer avec Fils, déambulant ainsi gaiement dans les artères de la Capitale, souriant tous deux et riant à pleine dents. Certes, il s’est avéré plus tard que ledit Fils a pleuré pendant tout le kilomètre passé à mes côtés sur un vélo (mais ceci n’est qu’un aléas, partie remise et histoire à venir).

Pour vouloir atteindre ce résultat, cette cohabitation parfaite, il faut s’en donner les moyens et il faut que tout le monde joue le jeu. Les moyens, je les ai découvert de visu : d’immenses parkings à chaque gare ferroviaire où emprunter et laisser les vélos (celui d’Utrecht, à la Gare Centrale, avec 22 000 places, est tout simplement le grand du monde), le tout avec des infrastructures dédiées et pensées en conséquence (je suis fan des rampes du genre tapis roulant qui bordent les escaliers). Il faut aussi aborder les configurations urbaines, avec les pistes cyclables omniprésentes, une signalisation absolument remarquable (sur les routes ou en ville) et une claire différenciation au sol qui permet de savoir exactement où on met les pieds ou les roues, le cas échéant. L’autre versant de cette cohabitation, c’est le respect général nécessaire : il m’a semblé parfait et totalement entériné dans les mœurs. Lorsque nous avons pédalé avec Pitchoune, sur une dizaine de bornes, nous sommes passés par une route empruntée par tous types de véhicules, avec un double marquage au sol à droite et à gauche. Lorsqu’un véhicule devait nous doubler – voiture ou tracteur, il ralentissait, se démarquait nettement et ne le faisait que lorsque cela ne présentait aucun danger. Pas de coup de klaxon, de bras tendus ou d’énervement. Au risque de me répéter (ou de paraître extraordinairement naïf, au choix), c’est la toute première fois que je vois les cyclistes être traités – voire même favorisés – avec justesse. Peut-être qu’un jour, il sera possible de faire de même ici, à Paris, sans risquer l’accident au quotidien ? 

En tout cas, quel bonheur, quel plaisir, quelle sensation de liberté intense que de pouvoir pédaler sur de petites routes, en regardant les oiseaux de proie guetter, en souriant simplement à la vue d’agneaux bêlants, encadrés par les verts pâturages d’un côté et les flots paisibles d’un canal de l’autre côté. Cette éphémère découverte cycliste des Pays-Bas ne m’a donné qu’une envie, évidente : revenir et pédaler, encore et encore, avec Fils derrière et Pitchoune devant, suivant son rythme lent, sans se presser, sans courir, s’arrêtant au fil des envies pour s’asseoir et regarder, tout là-bas, un vol de bernaches, un envol de canards ou, simplement, les nuages moutonner dans le ciel.

Les clichés : le bonheur du touriste 

Don Quichotte like this

Je le dis sans honte : je suis un touriste assumé, qui fait des choses de touriste (des tours en bus dans les villes et de bateaux sur les canaux) et qui court, parfois, après les clichés. Or, comment voulez-vous pouvoir découvrir une destination pour la première fois sans aller par devant lesdits clichés ? Pour ma part, il était hors de question de ne pas voir au moins UN moulin à vent au Pays-Bas tout comme il est inconsidéré de ne pas visiter au moins une fromagerie, parmi tant d’autres choses. Que ceux-ci soient situés très loin, quelque part sur des sentiers très battus ou qu’ils soient le cœur touristique d’une attraction quelconque, je n’en ai cure, au premier abord. Ce qui compte, par-dessus, c’est l’envie : l’envie de voir quelque chose, l’envie de découvrir quelque chose, l’envie de savoir, de connaitre, de se rendre compte par soi-même, par ses propres yeux et avec ses propres mots, ses propres sentiments, son propre ressenti. 

Ces clichés, je les ai découvert un par un, au fil des jours. Ma première rencontre avec un moulin à vent a été fabuleuse car attendue depuis très, très longtemps. Nous avons eu la chance – le privilège même – de pouvoir en visiter un encore en service, avec ses ailes orientables au gré des vents. Y monter, en découvrir le fonctionnement, écouter l’ouvrier présent nous en conter l’Histoire, dans un anglais balbutiant. A côté de moi, minuscule, Fils ouvrait de grands yeux étonnés tandis que Pitchoune sautillait partout, voulant tout savoir à propos de tout. Sa curiosité à elle, son émerveillement à lui et ma gratitude (d’être là, à ce moment précis, avec eux) ont donné un sentiment rare, intense, précieux : un souvenir espéré, qui se construit de lui-même tout doucement.

Au-delà de cette première rencontre, j’ai vu et revu ces géants aux ailes démesurées, qui tournent et retournent encore, amis d’Éole et des meuniers. Ancrés dans le paysage des Pays-Bas, ils attirent immanquablement l’œil et provoque cet émerveillement enfantin, que j’aime tant sentir surgir. Un doigt pointé, un regard qui se tourne et ce petit cri joyeux qui résonne dans l’après-midi « Oh, un moulin à vent ! ». Qu’ils soient désormais au repos, après de longues années de service ou qu’ils servent à attirer les touristes – comme moi – en quête de folklore, ils sont, bien plus qu’un cliché : un véritable patrimoine.

Parce que le fromage, c’est la vie.

Si vous me suivez, ici ou là, vous savez que je porte au fromage un amour immodéré, irresponsable, boulimique et infini. La première chose que je fais, en rentrant de voyage, est souvent de m’empiffrer sauvagement d’un gros morceau de comté, de camembert ou d’Abondance. J’ai connu à moult reprises le drame du français expatrié, pleurant des larmes de sang devant une tranche de cheddar industriel ou devant aller vendre un rein pour s’acheter un précieux petit morceau de pays, un soir de Noël, à l’épicerie hexagonale du quartier. Pourtant, cette fois-ci, j’allais presque jouer d’égal à égal puisque la production hollandaise de fromage est digne de tous les éloges. Autant vous dire donc que les papilles furent à la fête, que ce soit dans le cadre d’une séance de shopping ou d’une visite de fromagerie !

Nothing but pictures

Au final, que reste-il après un voyage ? Des souvenirs, des photos, des mots. Des instants figés,des moments uniques et puis… l’indicible. Ce qui a été photographié mais qui ne peut s’expliquer qu’en images. On ne peut résumer un pays en une poignée de photos ni prétendre le connaitre en un millier de mots mais tout cela peut aider à transmettre, à donner, à expliquer. Pourquoi ai-je donc tellement aimé cette première fois aux Pays-Bas ? Pour ceci, pour cela, pour ça et pour ça. Et probablement pour bien plus encore !

Cette découverte des Pays-Bas a été organisée sur l’invitation de Visit Holland, avec l’aide logistique de Visit Utrecht et de Thalys. Le contenu éditorial ne se trouve nullement affecté par cet apport et reste totalement mien.