Il était une fois un jeune homme qui écrivait
Un jour de mai 2004, sur un blog où je sévissais jadis, accomplissant mes premiers pas de blogueur, je me suis amusé à écrire des lignes parlant – déjà ! de voyages rêvés, de destinations à conquérir, de pays à découvrir. Dans la folie de mes 23 ans, bercé par l’illusion que la jeunesse permet tout, je me suis juré de parcourir la terre, en long, en large et en travers.
Une chanson de Maxime Leforestier, un guide du Routard, quelques photos de voyage et un après-midi passé à déambuler dans les petites rues escarpées de Montmatre avec M… Voila tout ce qu’il me faut pour me mettre à rêver d’un Road Trip à l’ancienne, sac à dos sur le dos, le pouce tendu à la porte d’Orléans, direction Katmandou ! Le monde est beau, le monde est grand, 5 continents, 7 mers et une vie pour tout voir… Et pourquoi pas après tout ? Oui, pourquoi ne pas partir, demain, se lancer dans la grande aventure, prendre un petit mois de son existence pour découvrir, pour aller de par la Terre… Sauf que…boulot, argent, famille, exams, fac… dur retour sur le sol, « Bienvenue dans le monde réel »…
Alors, il est temps, grand temps, de me décider ! Quand je vois que G. va se faire un tour du Monde plein d’escales… Quand je vois le T. partir, du jour au lendemain,au Mali donner des cours, alors oui, je me sens pousser des ailes ! Voici donc ici une petite liste non exhaustive des endroits où je devrais nécessairement aller avant que la Sombre Faucheuse ne m’embarque.
Aujourd’hui, prêt de onze années après (soit 4015 jours de passés), je retrouve avec une certaine émotion cette liste dont j’ai déjà parlé en ce lieu et je constate, surpris, que j’ai fait un drôle de parcours depuis sa création. Aurais-je pu croire que mes pas et mes voyages m’amèneraient à devenir expatrié en Irlande, au Canada, en Nouvelle-Zélande ? Qu’aujourd’hui, je connaitrais le luxe inouï de pouvoir vivre de ma passion (avec l’inépuisable soutien de #DeT, bénie soit-elle dans l’infini céleste des Cieux) ?
Ce qui, hier, sonnait comme un doux délire post-adolescence s’est transformé en véritable mode de vie, pas trop nomade, pas mal sédentaire, très irrégulier mais ô combien plaisant, formateur et producteur de rencontre(s). Sans avoir jamais suivi de chemin direct, en passant par bien des méandres et des chemins de traverse, j’ai atteint, cahin-caha, quelque chose que je n’avais jamais envisagé, à peine caressé, nullement espéré.
Une liste fut conçue.
Je ne saurais me rappeler comment je fis pour dresser cette liste. J’ai probablement du laisser mon esprit dériver au gré des clichés, saupoudrer le tout d’un zeste de mes envies et rajouter quelques destinations improbables, histoire d’obtenir un résultat satisfaisant et motivant, voué à être oublié aussi vite qu’il fut écrit.
Les fjords de Norvège
Les Highlands d’ Écosse
Me baigner dans une source d’eau chaude en Islande
Voir le Taj Mahal
Jouer au futbol sur une plage de Rio
Manger un bol de riz dans une province perdue en Chine
Voir Tokyo
Cavaler sur les steppes mongols
Prendre le Transsibérien et traverser la Russie
Me pinter la tête en Pologne
Aller sur la pampa en Argentine et danser un tango à Buenos Aires puis après voir la Tierra de Fuego
Toucher un Mauri de l’ile de Pâques
Boire un thé so british à Londres
Voir le Machu Pichu du Pérou
Parler avec des aborigènes australienset tondre un mouton en Nouvelle Zélande
Voir les baleines du Saint Laurent
Me faire le Connemaraet l’Ulster Way à pied
Aller à Katmandou…
Aussi improbables me paraissaient-elles, j’ai donc pu en faire cependant quelques unes, que je raye donc ici et maintenant, avec un grand cérémonial et non sans quelques émotions. J’ai « fait » les Fjords de la Norvège, gravi les sommets des Highlands et me suis baigné à moult reprises dans des sources de la belle Islande. De même, j’ai erré dans Londres, arpenté le Connemara et fait bien des choses (im)prévues aux moutons de Nouvelle-Zélande Bientôt, je vais m’envoler pour le Chili, découvrir Santiago et le désert d’Atacama. Auparavant, je suis allé au Svalbard, au Nunavik et ailleurs. Encore avant, j’ai trainé mes guêtres et mon sac dans des lieux improbables tels que le Yukon, l’Alaska ou le fin fond de la Moravie. Rien n’est presque jamais écrit. Rien n’est prévu (ou presque).
Tout ça pour dire que…
Trop souvent, j’entends encore ces phrases « Tu as le chance. » ou « J’aimerais tant pouvoir faire comme toi » voire même « Si je pouvais, je changerais tout… ». Trop souvent, je me contente d’essayer de démontrer que je ne suis pas chanceux de voyager comme cela, que tout le monde peut faire pareil et que tout peut changer si on s’en donne la peine.
Je suis un idéaliste absolu. Je crois en moi, en certaines valeurs, en certains concepts. Je pense que tout peut se faire, qu’on ne perd jamais rien à essayer et qu’il suffit d’une goutte d’eau pour faire déborder un océan. Il en va ainsi du voyage comme de la vie. Il en va ainsi du voyage comme de ses rêves.
Dans un temps que j’espère lointain, j’espère pouvoir regarder ma vie, contempler mes réussites, analyser mes échecs. J’espère avoir de nombreux motifs de réjouissance et peu de raisons d’être triste. Je ne veux pas avoir raté des choses parce que je n’y aurais pas cru. Je ne veux pas avoir repoussé certains rêves pour avoir trop écouté ce qu’il se disait autour de moi, à propos de moi, sur moi.
Cette liste, écrite un soir, au détour d’une pensée, est la plus belle preuve que les rêves sont faits pour être vécus. Ils ne doivent et ne peuvent pas ne rester « que » rêves. Appuyez-vous sur eux, servez-vous en pour viser plus haut, plus loin. Faites-en un objectif, une raison de vivre, un aboutissement et donnez-leur la vie !