Peut-être penserez-vous, en lisant ces premières lignes, que mon titre est trompeur. En effet, je compte bien, en fait, produire ici quelque chose qui s’apparente au bilan mais qui n’en est nullement un. Pour justifier ceci, nul besoin de tour de magie, simplement un petit point de rhétorique : pour que bilan il puisse y avoir, encore faut-il que des objectifs aient été émis un jour. Or, il se trouve que Blog et Objectif sont deux mots qui ne se côtoient jamais dans ma pensée. Ils évoluent chacun dans des Univers galaxiquement opposés et il faudrait rien de moins qu’un Big-Bang d’une intensé extraordinaire pour qu’iceux en viennent à graviter l’un avec l’autre. Bref : je vais me contenter d’écrire et de (vous) parler de cette année quasi écoulée.
Je blogue. Et toi ?
Puisqu’il faut bien commencer par quelque part, autant commencer donc par ce qui nous lie, vous et moi : ce blog, son contenu, ses changements. Comme depuis son lancement, en 2009, c’est avec une certaine satisfaction que je contemple ces onze mois et demi qui se prélassent derrière moi. Si la production globale n’a pas été d’une folle intensité quantitative, j’ai cependant l’intime perception qu’elle a été du moins qualitative. Écrire moins pour écrire mieux, tracer une frontière très nette entre contenu professionnel et contenu personnel et veiller à ne pas faire s’entrechoquer les deux.
A une époque où les blogs deviennent de moins en moins personnels, de plus en plus uniformes, avec une nette tendance à vouloir refléter le merveilleux, le parfait, le tout dans un modèle très carré, très propre, je suis heureux de pouvoir échapper à cette emprise et à continuer à faire ce qui me plaît, selon mes valeurs, mes envies et mes échappées éditoriales. Maintenant, je ne suis plus du tout dans une logique de combat ou d’agitation. Je suppose simplement que j’ai acquis suffisamment de légitimité pour pouvoir m’exprimer et être – dans une certaine mesure – écouté et c’est pour cela que j’affirme que si cela continue ainsi, la fracture entre blogueurs et lectorat va être violente et terrible.. En effet, on ne peut prétendre mettre en avant des séjours, des destinations, des expériences – certes souvent hors du commun – mais qui ne sont accessibles qu’à une part infime des gens, sans parler à un moment de prix, de budget, de coûts. Il faut à tout prix aborder ce point et l’aborder avec transparence et humilité. Ce n’est pas pour rien que certains blogs sont spécialisés dans le luxe : ils ont trouvé là une niche où ils sont légitimes à s’exprimer et à exposer. D’autre part, la multiplication de la norme mène à une uniformisation globale des contenus et contenants. Les même schémas se retrouvent partout, avec cette beauté lisse et froide, sans âme, ces postures pensives devant des paysages oniriques. La réussite de l’un provoque, non pas l’émulation mais la copie de l’autre. Je ne jette pas la pierre puisque je fais partie de ce grand jeu mais, nul besoin d’être devin, expert ou spécialiste pour décrypter, d’ores et déjà, une certaine lassitude générale qui transpire sur les Réseaux Sociaux et dans les échanges au quotidien.
Si nous n’y prenons pas garde – et le nous utilisé ici englobe tous les acteurs touchant de près ou de loin à la blogosphère, le retour de bâton risque d’être très, très abrupte pour nous tous. Ceci étant dit, je me gausse toujours autant, en parallèle, de voir la mort prochaine des blogs annoncée de façon récurrente année après année. Combien de temps faudra-t’il pour comprendre que la Blogosphère ne peut disparaître ? Il peut bien sur que le marché s’oriente vers d’autre format mais, quand bien même, la péremption des contenus sociaux fait que l’écrit reste le support viable sur du long terme : rien de moins !
Il ne reste, au final, qu’à se poser cette intime et lancinante question : pourquoi bloguer ?
Les réseaux (a)sociaux
Les réseaux sociaux sont un autre domaine sur lequel j’ai cessé de m’arracher les cheveux depuis la rentrée. Toujours présent sur Facebook, Instagram et Twitter, j’ai observé, assez incrédule, la montée en puissance de Snapchat et son impressionnant impact, preuve que je m’étais planté dans toute la ligne sur son usage, son apport et son importance. Cependant, là encore, je ne vois pas ce que je pourrais y faire et c’est avec grand plaisir que je laisse d’autres, bien plus talentueux, en faire leur terrain de jeu favori. Ce qui ne cesse de me fatiguer, a contrario, est la manipulation massive et constante des communautés, à grand renfort de techniques toutes plus haïssable les unes que les autres, en particulier sur un réseau bien spécifique, où la triche est devient tellement courante que les chiffres en perdent toute logique. J’ai, par moment, l’impression d’être un élément analogique dans un monde numérique. Je ne triche pas sur mes chiffres, je crois dans un développement organique et je ne recherche à multiplier par cent – en une semaine – mes chiffres sociaux.
Or – et c’est ici que le cercle devient vicieux – lorsque des acteurs majeurs de notre secteur d’activité prêtent foi (bonne ou mauvaise, là n’est pas la question) à des chiffres ouvertement manipulés et, dans certains cas extrêmes, se prêtent eux-même à ces pratiques, comment ne pas pousser un profond soupir de lassitude et penser à sérieusement à se mettre en retrait de cette course effrénée ? Actuellement, Twitter reste le seul RS à avoir conservé son affichage chronologique et où les algorithmes restent encore éloignés. Nul besoin de dépenser ses deniers en publicité pour gagner de la visibilité et de l’engagement comme sur Facebook. Nul besoin de livrer son compte aux mains d’un bot et de paramétrer des likes/follow/unfollow/commentaires automatiques comme sur Instagram. De plus, c’est aussi sur Twitter que j’ai eu le bonheur de pouvoir co-organiser, pour la seconde année consécutive, le rendez-vous hebdomadaire de la #BattlePhoto, événement devenu incontournable et doté d’une solide communauté.
Bref, bref et rebref, je déplore de façon quotidienne que l’influence – concept à la définition et aux aboutissants très aléatoires – soit encore liée à des chiffres et je suis terriblement dubitatif quant à une inversion de cette tendance pour l’année à venir. C’est d’ailleurs pour (tenter de) me détacher de cette dictature des partages, de cette tyrannie des chiffres, de cette épée de Damoclès virtuelle que j’ai choisi de revenir au plus simple en désactivant les plugin habituels et en vous laissant le choix de partager, selon votre envie. Je ne m’en porte que mieux et, sans trop de surprises, les statistiques n’ont absolument pas souffert de cette décision !
Voyager, c’est plus que vivre: c’est exister.
Forcément, un blog de voyages qui ne parle pas de voyage ne peut pas vraiment être un blog de voyage (quoique…). Bien que moins active que les années précédentes, 2016 aura été cependant un cru de premier ordre avec, un point de mire, deux confirmations : j’adore l’Irlande et je suis malheureux si je ne voyage pas.
Contrairement aux expériences passées qui m’avaient vu passer sans frémir du Chili au Nunavik, c’est principalement dans notre bel Hexagone que j’ai, en famille, baladé mes guêtres. J’ai découvert la superbe Toulouse et passé une journée à Marseille la surprenante. Je me suis plongé au cœur du Perche et j’ai appris que Le Mans était un coin absolument génial. Je suis tombé amoureux du Lubéron et je me suis forcé à (re)découvrir ma ville, Paris la belle. J’ai surtout, et c’est la que se situe le grand changement, abandonné mes habits de sale routard solitaire barbu pour endosser le costume de Papa voyageur, accompagné par ma douce #DeT et mes chers enfants. Toulouse et l’Aveyron furent un premier test grandeur nature et notre épopée en Irlande du Nord fut la preuve que nous sommes sur le bon chemin, aussi cahoteux, chaotique et catastrophique soit-il par moment. Savoir renoncer à certaines envies pour permettre à d’autres d’exprimer les leurs, reconsidérer un trajet, faire plaisir : un apprentissage au quotidien d’une richesse infinie.
Enfin, j’ai décidé de revoir mon rapport au voyage. Je ne saute plus, comme c’était le cas auparavant, sur ce qui m’est proposé, suggéré, offert. D’une part parce que je ne le peux plus et d’autre part parce que je prends le temps de choisir et je fuis désormais tout ce qui n’est pas taillé sur-mesure, tout ce qui n’a pas été créé dans le cadre d’une collaboration commune (pour ce qui concerne le boulot) ou d’une discussion (avec #DeT). Voyager reste, quoiqu’on dise, un luxe, une chance. Il convient donc de ne pas m’en dégoûter : ce serait par trop dommage.
Le noir et blanc, une autre approche
Peut-être l’avez-vous remarqué. Peut-être aimez-vous cela. Peut-être jugez-vous cela stupide, prétentieux et déplacé. Quoiqu’il en soit, j’ai aussi pris une autre approche en choisissant de privilégier souvent un travail photographique en noir et blanc pour mes articles de blog, à des années-lumière des clichés HDR et/ou de drônes qui viennent refléter la quête de perfection et de l’effet WAHOO si recherché de nos jours. J’avoue apprécier mille fois plus ce que je fais aujourd’hui en terme de clichés et j’en tire même une certaine satisfaction. Le travail est encore long, très long avant de pouvoir prétendre maîtriser suffisamment bien les arcanes de cette pratique mais je ne désespère pas, bien au contraire !
Mes billets remarquables de 2016
Parmi les vingt-six articles écrits depuis janvier, voici une petite sélection de ceux à qui je porte une affection particulière totalement détachée de leur succès (le cas échéant et tant est que ce soit quantifiable) ou de leur bide (encore que cela soit totalement relatif).
Je m’interroge sur le rapport entre interconnexion, surconnectivité et voyage.
Parce que je n’en pouvais plus de l’éternelle opposition entre touristes, voyageurs, vrais voyageurs, vrais touristes (et autres déclinaisons), je me suis lancé dans un petit exercice de style assez inhabituel mais plus réussi.
Une longue réflexion sur l’évolution de la Ville entre avant-hier et aujourd’hui.
Savoir savourer et profiter de ce qu’on l’on a. Simplement.
Un gros, gros pari que de traiter mon voyage à travers les Terres Ancestrales en illustrant uniquement en noir et blanc mais, au final, de très beaux retours et le sentiment d’avoir réussi quelque chose.
Parce que Putain Panam’.
La rencontre tant attendue avec la Chaussée des Géants, un matin à sept heures du mat’.
Et le mot de la fin ?
Bientôt, je vais (peut-être) renouveler le nom de domaine et l’hébergement pour la huitième fois. Pourtant, cela n’est pas sur. Des fois, je me demande si je ne devrais pas m’émanciper de FromYukon et repartir à zéro, ailleurs. C’est une démarche que j’ai entamé partiellement avec Once Upon a Dad, mon second blog « sérieux » où je parle de mes histoires de Papa, de Paternité et de Pap’aventures. Qu’en sera-t’il donc pour 2017 ?
Mystère et boule de gomme !