Quatorze ans.
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122 640 heures.
FromYukon – Le blog de tous les voyages, a fêté, le 16 janvier 2023, son quatorzième anniversaire. L’occasion est donc idéale pour revenir sur cette période qui couvre un tiers de ma vie. Et pour ce faire, quoi de mieux que de m’écrire, à moi-même, une lettre ? Voici donc le Cédric de 2023 qui écrit au Cédric de 2009. Et vous voici, dans l’ombre, silencieux.ses lecteur.trices. Bonne lecture !
Salut toi,
C’est toi-même qui t’écrit. Enfin, toi-même : celui de 2023. Celui que tu seras dans 14 ans. Enfin, celui que tu devrais être mais dont tu n’as encore aucune idée. Laisse-moi te dévoiler quelques grandes lignes de ce qui t’attend : une année incroyable au Canada, un retour plutôt violent en France, quelques interrogations professionnelles, des colos à l’étranger, un départ en station de ski, un WHV en Nouvelle-Zélande, un retour vers quelqu’un, un passage au freelance, deux enfants et une lapine.
Oui, oui, tout ça. Tu vas même quitter Paris pour venir t’installer à Amiens, où tu vas connaitre une pandémie mondiale et des confinements.
Mais bon, pour l’instant, tu es encore très loin de ça. Parce que, je sais ce que tu es en train de faire, pendant que je tape ces mots : tu te grattes la tête pour te demander quel nom de domaine choisir. Et tu te dis que, vu que tu te barres au Yukon bientôt, une adresse avec voyage dedans serait pas mal. Genre voyage-yukon.net, par exemple. Tu es devant ton bureau, dans l’appart maternel du 14ème arrondissement. Tu te casses en PVT dans trois semaines et tu avances tranquillement. Et donc là, c’est l’étape du blog.
C’est toi-même qui t’écrit. Enfin, toi-même : celui de 2023. Celui que tu seras dans 14 ans. Enfin, celui que tu devrais être mais dont tu n’as encore aucune idée.
Oui, oui, le blog.
Celui-là même dont tu célébreras le quatorzième anniversaire en 2023. Mais tu n’en es pas là encore. D’ailleurs, au fait, tu ne veux pas prendre autre chose que voyage-yukon ? Un truc genre les voyages de Cédric, le blog de Cédric ou autre ? Parce que ça va nous coller à la peau pendant longtemps, ce voyage-yukon.net. Non pas que je le regrette, non – ce serait bête avec mon @fromyukon sur tous les RS – mais bon. Bref, tant pis, ce qui a été fait n’est plus à faire. Ah si, juste en passant, le template que tu es train d’installer est vérolé et contient des liens vers des sites pornos russes (mais ça tu le découvriras à Whitehorse dans quelques mois).
Donc le blog a quatorze ans et c’est ce qui me fait t’écrire (et j’ai plein de choses à te dire).
D’abord que tu n’as pas idée de tout ce que tu vas en tirer de ce blog. Déjà, il va être ton support d’expression et d’écriture N°1. Tu vas laisser libre cours à tout, tester plein de formats différents, découvrir le monde fabuleux de WordPress, du SEO et de la rédaction web. Tu vas en passer, des heures de bonheur, seul devant ton écran : long format, tops, récits, conseils, interview. Tu vas tout essayer (ou presque) avec plus ou moins de bonheur. Mais au fil du temps et des voyages, ta plume va s’affiner, comme ton style.
Et puis, un jour, tu vas te rendre compte qu’elle est peut-être intéressante, cette plume. Que tu peux peut-être en faire quelque chose. Qu’il se peut que tous ces commentaires laudatifs à propos de ton écriture aient un fond de vérité.
Alors, tu vas encore te gratter la tête. Comme en 2009, en 2011, en 2012. Tu vas souffler un grand coup et te marteler le mantra canadien : « On ne perd rien à essayer ». Et tu vas essayer. Envoyer quelques lignes, comme ça. Jusqu’à avoir des réponses positives. Et recevoir tes premiers salaires.
Ce qui va conforter ta décision de tenter l’Aventure, la Vraie : vivre de ta plume.
Bon, autant te le dire tout de suite, avant d’en arriver à écrire des guides et des reportages dans des magazines, tu vas drôlement en chier et passer par bien des étapes, genre Montagnes Russes et autres ascenseurs émotionnels. Mais tu ne vas rien lâcher. Tu vas y croire, naviguant à vue, une vague après l’autre. Et dans le genre vague(s), tu vas en connaitre des belles, entre 2015 et 2017 : la naissance de ton fils et le départ de Maman. Mais tu vas t’appuyer sur l’un et surmonter l’autre, avec ta #DeT de choc à tes cotés. De toute façon, quel autre choix faire ?
Et donc, le blog…
Pardon, je disgresse. Et donc, le blog lui, va t’accompagner. Toujours là, année après année. Au début durant le PVT canadien, tu écrivais dessus pour un oui ou pour un non. Une barre de Wifi et hop, un article. C’était rapide, drôle et sans prise de tête. Déjà sans trop de queue ni tête, (comme dirait l’eunuque décapité). Puis, tu t’es assagi. Ou plutôt, tu as moins publié. Parce que tu vas en voir marre. Perdre un peu la foi. Ne pas avoir le temps. Puis, tu vas retrouver la foi, l’envie, le besoin nécessaire d’écrire. Et tu vas commencer à fignoler le contenu. A retravailler un peu. A relire. A prendre le temps. Tu as appris à mettre les mots, à affiner, à ne plus tout systématiquement partager. Et même à avoir des tics d’écriture qui n’appartiennent qu’à toi, qui sont un peu ta marque de fabrique. Jusqu’à en arriver à ce que tu sais faire de mieux : des contenus longs, uniques, écrits avec amour, humour et patience. Tu vas parler de #VieDeParent, d’épopées sur trois générations, de tourisme, de communication. De plein de trucs !
Tu te rends compte que parmi tout celleux qui lisent ces lignes en ce moment, il y en a qui sont à nos côtés depuis quatorze ans ?
Et tu connais le meilleur, dans tout ça ?
Ben c’est ce que ces articles, que tu vas écrire pendant les quatorze années à venir, ils vont être lus. Partagés. Discutés. Débattus. Certains vont passer dans l’indifférence la plus totale, d’autres se retrouver directement en P1 de Google. Il y en a qui vont te valoir quelques courriels très salés ou des mails de remerciements. Parce que, oui, tu as cette chance incroyable : être lu et depuis le début. Tu te rends compte que parmi tout celleux qui lisent ces lignes en ce moment, il y en a qui sont à nos côtés depuis quatorze ans ? C’est plus que de la fidélité, c’est quasiment de l’amitié, à ce niveau-là !
Et il n’y a pas que ça, il y a aussi tout ce que le blog va te faire vivre
Il va te permettre de rencontrer des gens dont certain.e.s vont devenir des ami.e.s pour la vie. De voyager. De t’ouvrir des portes sur des univers que tu ne soupçonnais pas. Tu vas te retrouver au Chili, au Nunavik, en Thiérache, en Norvège, en Finlande, en Suisse, en Allemagne, en Irlande grâce à lui. Tu vas être sollicité pour donner des conférences, pour partager ton point de vue, pour raconter tes expériences. Tu vas t’arracher les cheveux aussi. Plein de fois, en essayant de comprendre plein de choses, des soucis techniques, des templates qui buguent (la rénovation et le déménagement de 2021, tu n’es pas prêt), des BDD qui crashent.
Mais tu vas t’en sortir, rebondir, continuer à y croire. Et au fur et à mesure des années qui passent, tu vas prendre confiance en toi, en tes capacités, en tes moyens. Tu vas me faire le plaisir de botter enfin le cul à ce putain de syndrome de l’imposteur et arriver à t’appuyer sur ta légitimité pour faire valoir et obtenir ce que tu sais mériter.
Mais bref,
Toi, mon moi de 2009, il va être temps de te laisser. J’ai un guide à finir, un autre à commencer, des courses à faire et un enfant à aller chercher à l’école bientôt, sans parler des devis à envoyer et des contrats à vérifier. Alors, je vais te laisser continuer à découvrir WordPress et à échanger sur MSN avec Virgie de PPDO (qui va te créer un p’tit script Totoshop pour compresser tes photos à Montréal, no worries pour ça).
Je te souhaite de profiter au maximum de cette année qui arrive et je te donne rendez-vous dans quatorze ans, pour fêter mes 56 ans (enfin 55 mais c’est pareil) à tes côtés et nous raconter tout ce que je n’aurais pas raconté ici.
Bien à toi,
Cédric.