Lorsque je discute de mes voyages, une question revient quasiment à chaque fois « Mais pourquoi l’Irlande ? ». Bien souvent, ma réponse est précédée d’un grand sourire, lequel se trouve immanquablement suivi d’une phrase du type « Pourquoi l’Irlande ? Tu veux vraiment savoir ? Alors viens t’asseoir avec moi que je te raconte tout ça et que je t’explique ma vision des choses. ». Imaginez donc un pub, à Paris. Dans un coin, quelques tables vides. Des photos sur les murs, une musique dans l’air. Deux ou trois clients – des habitués – font trinquer leurs pintes au-dessus du gros zinc de bois. Les blagues volent. Nous sommes attablés l’un en face de l’autre. Le cadre est idéal, la conversation peut commencer.
Pourquoi l’Irlande ?
Et bien je vais te répondre. J’espère que tu n’es pas pressé parce que… C’est une longue histoire. Je sais que tu lis mon blog et que tu connais forcément mon amour pour cette destination. Tu sais que j’essaie d’y aller le plus souvent possible et qu’une année sans un voyage là-bas n’est objectivement pas une bonne année. Tu sais aussi que j’ai écris un guide et bon nombre de mes travaux professionnels s’y rapportent aussi désormais. Cependant, ce que tu ne sais peut-être pas, c’est pourquoi est-ce que j’aime autant ce pays ? Bah oui, je ne suis pas du genre vicieux, à retourner encore et encore dans une destination que je n’aime pas. Il y a forcément une dimension amoureuse dans cette relation, quelque chose de fragile et d’unique, un lien comme ténu et fragile, qu’il ne faut rompre en aucun cas.
Pourquoi donc ?
Bon d’accord, je m’éloigne un petit peu du sujet. Alors. L’Irlande et pourquoi y aller. Déjà, faisons simple : c’est proche de la France. En avion, en ferry ou en voiture, c’est super facile d’y aller. Imagine-toi même qu’en décembre 2008, j’ai touché du doigt le low-cost absolu : 1 centime d’euro le billet. Oui. UN CENTIME D’EURO. Bon, forcément, il a fallu rajouter la navette et le bus mais quand même, je n’allais pas rater ça. OK, ça n’arrive pas tous les jours mais, si tu surveilles les tarifs des compagnies aériennes qui desservent les plus grands aéroports locaux (c’est à dire Dublin, Shannon, Cork), tu arrives vraiment à t’en sortir pour pas cher. Je récapitule donc si tu n’as pas suivi : pas loin et pas cher pour s’y rendre.
Ensuite, je vais te dire un secret : les irlandais sont le peuple le plus accueillant de la Terre. Sans déconner. Tu sais que je commence à avoir salement vadrouillé, du Canada à la Nouvelle-Zélande. Et bien, je n’ai jamais retrouvé ailleurs cette gentillesse innée, cette hospitalité, cette volonté d’aller vers toi et de discuter. C’est simplement fou. Je ne compte plus le nombre de fois où, attablé en solo dans un pub, je me suis retrouvé à discuter football, pêche au saumon, mariages, voyages et autres avec une bande d’inconnus qui voulaient simplement savoir qui j’étais, d’où je venais et ce que je faisais là. Et puis, attention, ils ne laissent jamais ton verre vide hein ! La tournée, la tournée et direct dans le gosier. Je sais que tu es du genre à aimer ça donc je te préviens : fais attention, boire des verres est quasiment un sport national et tous les athlètes sont de niveau olympique. D’ailleurs, en parlant de boire, tu ne penses que le Pub irlandais est la chose que tu retrouves absolument partout sur terre ? Du village de mineurs paumés en Alaska à la communauté paumée en Nouvelle-Zélande, tu auras TOUJOURS un pub irlandais dans le coin, avec le joueur de violon, la cheminée et son feu de tourbe et la Guinness à la pression. Je te jure, ça ne rate jamais. Et, au cas où ça rate, il y a aura toujours au moins un barman irlandais à proximité, pour compenser.
Et puis, quitte à être lancé sur le sujet, tu vas voir quand tu feras ta première fermeture de Pub: le patron qui lance un « LAST ORDER GENTLEMEN » et tout le monde qui commande deux ou trois verres pour ne pas se retrouver à sec. Tu verras aussi tout le monde se lever lorsque sera joué l’hymne national et que des frissons viendront se glisser le long de ton échine toute tremblotante. Je te jure que ce sont des vrais putains de clichés mais des clichés puissants, qui se gravent dans ta mémoire pour toujours… Tout comme ta première gorgée de bière locale. Pour moi, c’est de la Smithwicks dont je suis tombé amoureux. Une belle rousse à la fraîcheur, au nom et au goût incomparables, que je ne trouve que là-bas. Dieu qu’elle est bonne ! Dieu qu’elle me manque.
Bon, si tu n’as pas tout suivi, je récapitule le second point : une hospitalité de folie, des bières démentielles et les Pubs.
Insistons un tantinet
Alors, tu es convaincu ?
Non ?
Et bien, il est temps que je te cause des villes.
Oui, des villes.
Déjà, dis-toi qu’on ne parle pas de Paris, de Lyon ou de Marseille hein. Non, on parle de PETITES villes, à des années-lumières des mégalopoles hexagonales. Si je mets Dublin de côté, qu’est-ce qu’il reste ? Galway l’occidentale avec ses ruelles, son bord de mer et ses festoches de musique en plein air. Cork la grise, la rebelle et son atmosphère de folie. Limerick, la fierté du Munster, en pleine renaissance. Wesport, le plus joli de tous les villages. Sligo et ses canaux. Waterford, Killarney, Castlebar, Ballina, Drogheda et même, si je t’embarque au nord, Belfast l’intriguante et Derry l’historique. Et puis, partout, ces alignements de petites maisons colorées, ces artères ouvertes où les pubs succèdent aux pubs entre deux petites places. Un vrai plaisir que de marcher et de se balader entre deux visites, deux découvertes parce que, tu sais, l’Irlande urbaine, ça se découvre doucement, sans se stresser. Ça se découvre en prenant tout son temps, en frôlant la limite entre errer et se perdre, avec les yeux grands ouverts.
Sinon, il y a aussi les paysages. TOUS les paysages. Ceux de la côte ouest avec les falaises de Moher, la presqu’ile d’Achill, les îles d’Aran. Ceux de l’est, avec les Terres Ancestrales. Ceux de là-haut, avec les ruines des châteaux et les routes qui serpentent. Il y a le Burren et le Kerry, les Skelligs et les parcs nationaux. Il y a tout ce que tu peux vouloir et bien plus encore. Ne crois pas que je me moque ou que j’invente, non, bien au contraire ! Quand tu regardes le soleil se coucher sur le Connaught depuis Diamond Hill, quand tu baves devant le panorama au sommet du Craught Patrick, je te promets que tu as l’impression d’assister à la Création du Monde. Je pourrais passer des heures et des heures à te décrire cette sensation unique, quand tu marches dans le Connemara, de rebondir, t’expliquer l’émerveillement que tu ressens quand tu vois les lacs pour la première fois, te causer de la beauté indécente de certains coins, comme Kylemore, la Chaussée des Géants ou la Colline de Tara. Mais tout ça, c’est MON Irlande, pas la tienne. La tienne, tu vas la découvrir quand tu vas y aller, au gré de tes rencontres, de tes voyages, de tes arrêts. Peut-être tomberas-tu amoureux, toi aussi, de cette beauté. Peut-être que tu vas t’extasier là où je ne suis qu’indifférence. Je ne sais pas, ce sera à toi de me dire ça !
Voici des listes pour t’aider
Je vois dans tes yeux que je parle trop mais je vais quand même synthétiser tout ce que je viens de t’indiquer dix lieux à ne pas manquer, histoire que tu saches où mettre les pieds :
- – Le Connemara, avec l’abbaye de Kylemore et le parc national éponyme. Tu es gentil, tu dors au Monastère et tu consacres AU MOINS une journée à chacun.
- – La colline de Tara. Si tu veux en savoir plus et te sentir un roi. En plus, c’est gratuit.
- – Les îles d’Aran. C’est pas compliqué : de Galway, une navette, un ferry et, sur place, du vélo. Mieux encore : si tu as envie de solitude, tu te débrouilles pour passer la nuit Inis Meain, je te jure que tu t’en souviendras.
- – Limerick. Tu mets de côté la vieille réputation de « Stab City » et tu vas visiter le stade, le musée et trinquer à Bobby Birnes.
- – Dublin. Bon, forcément, c’est LA ville qui mérite un voyage à elle toute seule mais on va dire que je t’en parlerais une autre fois, OK ?
- – Derry. Ne viens pas chercher la petite bête en me disant que c’est en Irlande du Nord, ça ne servirait à rien. Arrange-toi seulement pour aller fêter Halloween là-bas, je ne t’en dis pas plus.
- – La côte ouest, d’où tu veux. Si tu as envie d’un roadtrip sinueux et côtier, c’est de par ici.
- – Le Ring of Kerry. Honnêtement, j’espère que tu as un côté masochiste parce que tu vas te prendre un nombre de baffes démentiel. Encore une fois, je te laisse la surprise (mais c’est violent).
- – Galway, en été. Si tu veux te trouver une ville sympa d’où rayonner dans les régions environnantes, arrête-toi là. Tu peux même te réserver une chambre au Heron Nest, LE meilleur Bed and Breakfast du pays, testé et approuvé.
- – Carlingford, dans les Terres Ancestrales, le coin le plus charmant de tout l’est du pays. Petit, mignon, vert et bleu à la fois, entre montagnes et mer. Un joyau inconnu.
Pour conclure, histoire de t’achever, je te fais la même avec ce que tu dois absolument vivre au moins une fois pendant ton prochain voyage :
- – Faire la fermeture d’un pub.
- – Assister à un match de football gaélique.
- – Apprendre à dire « Santé » en gaélique.
- – Goûter une Smithwicks
- – Manger du saumon fraichement pêché.
- – Gravir le Mont Patrick
- – Te balader au Bogside à Derry
- – Faire une randonnée à vélo dans le Mayo.
- – Ecouter un concert live
- – Trouver une raison de revenir
Voila, c’est fini. J’espère que je t’ai convaincu !