Lumière estivale

Sur les remparts de Montreuil-sur-Mer

C’était à l’été 2021, que nous avions décidé de passer dans les Hauts-de-France. Notre camp de base, pour ce voyage à trois corps et six bras, était dans le Ternois, au pays des 7 vallées. De là-bas, nous rayonnions au gré de nos envies, de nos inspirations, de rivières en jardins, de parcs en châteaux. Et puis, il y a eu ce détour, plus ou moins prévu, à Montreuil-sur-Mer. Et puis, il y a eu ce restaurant. Et puis cette balade, sur les remparts : une parenthèse enchantée et ombragée, pleine d’une solitude bienvenue. Et puis, les souvenirs. Les mots, les photos. Et l’envie d’y revenir, pour une promenade photographique et textuelle, qui se veut évocatrice plus qu’instructive, subjective plutôt qu’exhaustive. Alors, vous venez ? Nous avons juste à monter ces marches, juste là et à cheminer ensemble, le temps d’un article. Regardez, inspirez, respirez, profitez : vous êtes à Montreuil-sur-Mer !

La douceur d’un après-midi montreuillois

En mots

Je ne sais pas exactement combien de temps nous avons pu passer sur ces remparts montreuillois. Une heure ? Deux heures ? Il y a des fois où savoir ce genre de chose n’est pas intéressant. Pas pertinent. Hors sujet. Pourquoi mesurer ce qui n’est pas quantifiable ? Pourquoi enfermer dans une durée ce qui l’est déjà entre deux parenthèses éthérées, oniriques ? Cet après-midi estival est exactement cela : un moment de grâce glissé précieusement sur l’étagère de mes souvenirs. C’est un petit bonheur éphémère arraché à la réalité d’une époque sans repères, sans repaire. Comme si nous étions revenus en des temps plus cléments.

Ces minutes volées, agrippées sont accompagnées par des clichés, des flashs, des sensations. Je garde un sentiment d’une douceur suave, d’une beauté légère, d’avoir emprunté exactement le bon chemin au meilleur des moments possibles. Et puis, je revois Fils courir, rire, faire des aller-retours aussi anarchiques que répétés, emprunter des chemins qui ne devraient pas en être pour mieux nous surprendre. Chaque élément du décor se transforme en terrain de jeux, d’un monde qui n’appartient qu’à lui et ne vit que par sa propre volonté.

C’est un petit bonheur éphémère arraché à la réalité d’une époque sans repères, sans repaire.

Je me souviens aussi avoir avancé, seul. Avoir laissé femme et enfant derrière moi et avoir ralenti, volontairement, le rythme de mes pas. Ne pas m’être retourné. Avoir laissé mon regard errer via le viseur de l’appareil. M’être caché, assis. Avoir eu une impression profonde de bien-être, de plénitude, d’un bonheur magnifique. J’entendais des petits pieds frapper le sol et une voix s’élever pour demander de faire attention. J’ai senti une main se glisser dans la mienne et une interrogation poindre au creux de mon oreille. Sûrement une chose essentielle puisque j’en ai ri.

Autour de nous, les décors se suivaient, toujours pareils mais toujours différents. Une forteresse, des tours, un chien taquin, quelques couples. Un sentier débouchant sur un autre. Des panneaux indicateurs de promesses et de détours. Et ce vert, partout. A perte de vue dans la campagne environnante. De temps à autres, une percée propose un retour vers la ville. Mais pourquoi ? Si ce cercle est vertueux, autant le parcourir autant que faire se peut : ce que nous fîmes allégrement.

Je garde un sentiment d’une douceur suave, d’une beauté légère, d’avoir emprunté exactement le bon chemin au meilleur des moments possibles.

Normalement, il paraît que toutes les bonnes choses ont une fin. Qu’on la voit venir, cette fin, qu’elle se fait sentir. Et pourtant, pas de ça chez nous, pas de ça là-bas. Nous avons marché en prenant tout notre temps, s’arrêtant quand il le fallait, quand nous le voulions. Nous avons suivi le tracé du sentier, admiré le paysage et avons descendu les remparts par un autre endroit que celui où nous étions rentrés mais avec le même sourire, la même joie de vivre, le même plaisir d’avoir été là, un jour de juillet 2021, sur les remparts de Montreuil-sur-Mer !

En photos