L'entrée du château de Coucy

Chât’Hauts-de-France

Où que vous trouviez en France, vous trouverez plus ou moins partout les mêmes choses : de bons restaurants, des bancs publics près d’une église, un jardin où rigolent des enfants, l’immanquable café-PMU et dans un rayon kilométrique (au diamètre incertain), un château. Celui-ci peut se présenter sous toutes les formes, de la simple pierre de fondation surmontée d’un court texte explicatif à la bâtisse majestueuse tellement belle qu’elle semble avoir été bâtie hier. Pour les castellophiles, l’Hexagone est terre de merveilles, puisqu’on y compte, parait-il, plus de 45 000 d’entres eux. Pour autant, et étant donné que je ne pense pas qu’une vie entière soit suffisante pour tous les visiter (et les décrire), je vous propose aujourd’hui de nous concentrer sur une infime portion de ce nombre, ayant tous le goût remarquable d’être situés dans ma nouvelle région d’adoption, les Hauts-de-France. Voici donc trois châteaux des Hauts-de-France, visités, aimés et validés !

Les châteaux des hauts de france

Pierrefonds, l’Ois’if

C’est un petit village de l’Oise, au creux d’une vallée, sise dans une forêt. Assez calme, relativement peu peuplé, quelque peu embourgeoisé. S’il n’était pas là, il n’y en aurait que peu de choses à en dire. On pourrait chanter son charme un tantinet désuet, ses terrasses en bord de lac, sa paisibilité seulement troublée par des cris enfantins ou des vrombissements automobiles. Mais – et ce mais compte énormément – il est là. Massif, immanquable, démesuré. On le voit de loin, que ce soit entre deux arbres depuis la route ou à peine esquissé dans la nuit. On l’imagine qui accroche les nuages, du bout de ses tourelles, pour mieux les détricoter, on croit y voir une princesse tissant une échelle capillaire et on se demande où est le chevalier tant attendu.

Qui est-il donc ?
Mais le Château de Pierrefonds, pardi !

Le château de Pierrefonds

Cela faisait longtemps, très longtemps que je voulais le visiter. Hélas, chaque tentative, jusqu’à cette journée du 27 octobre 2020, était vouée à l’échec : aucun horaire de bus utilisable, pas de vélo, temps de séjour à Compiègne trop court (et j’en passe et des meilleurs). C’est donc finalement entre deux confinements que nous avons eu la joie, le plaisir et le bonheur de venir saluer ce mastodonte féérique à l’histoire tourmentée.

Visiter le château de Pierrefonds

En la (très) calme cité pétrifontaine, nul n’est besoin d’un plan pour trouver son chemin. Ce n’est que peu compliqué : le château est absolument, totalement, définitivement, indubitablement immanquable. Le seul choix qui se pose en réalité à vous est de savoir quel chemin vous allez emprunter pour y accéder : l‘escalier ou la rampe ? L’un et l’autre mènent exactement au même endroit, le premier nommé étant simplement plus rapide tout en étant plus raide que le second, qui tournicote agréablement.

Si vous cherchez à manger sur le pouce, je recommande la très bonne boulangerie La pétrifontaine (2 rue Napoléon). Vaste choix à prix honnêtes. Et il y a un jardin situé à un jet de pierre au-dessus, un poil plus haut dans la rue et juste en face de l’entrée de la rampe, idéal pour manger à l’abri (et laisser courir les enfants).

Lorsque nous l’avons visité, nous étions étrangement seuls. Était-ce du aux peurs inhérentes de la pandémie, aux injonctions gouvernementales à ne pas se déplacer (ou alors c’était le contraire) ou encore au nouveau confinement qui pointait son nez mais toujours est-il que nous avons eu le luxe d’avoir le Château de Pierrefonds pour (presque) nous, uniquement. Laissez-vous dire que pouvoir se balader en toute liberté dans un dédale pareil, cela n’a pas de prix (ou alors seulement celui de l’entrée, ce qui est encore autre chose).

L'entrée du château de Pierrefonds

En effet, le Château de Pierrefonds est un dédale magnifique, d’un anachronisme absolu, restauré avec un goût bien plus artistique qu’historique par l’inénarrable Eugène Viollet-le-Duc (avec qui les Comtes sont toujours bons). Originalement bâti à partir de 1396 puis étant passé, au fil des siècles, à l’état de ruine, c’est en 1885, avec la fin des travaux de rénovation menés par notre architecte préféré que le joyau pétrifontain a acquis sa forme définitive : un château hors du temps et de l’espace. La balade commence par la vaste cour intérieure, avec ses gouttières en forme de dragon (ou de serpent), ses arcades italiennes et son architecture absolument unique. Dans icelle se trouvent quelques particularités : des statues de bêtes bizarres, une équestre et une chapelle où trône un Saint-Georges (terrassant le dragon) remarquable.

Une fois entré.e.s dans le Château, le reste à l’avenant, dans une enfilade toujours plus surprenante de salles diverses et variées. D’une collection de statues à une salle d’une profondeur démesurée en passant par l’étrange ambiance, presque funèbre, de la dernière, sous la terre et dans la pénombre. Il faut s’offrir le luxe de la lenteur, pour aller chercher les mille et un détails qui parsèment la visite et ne pas chercher à tout voir le plus vite possible. Comme tant d’autres, le Château de Pierrefonds se savoure, se déguste. Ce n’est pas un Mac Castle mais plutôt un étoilé où vous prendriez un Menu Surprise concocté par le chef, où chaque plat est une surprise délicatement mise en place pour le régal des yeux (et des papilles).

De toute la visite, je garde un souvenir particulier de l’entrée dans la grande salle, des rires narquois sous les arcades et de la lumière sur un gisant. Quelques petits instantanés, quelques petites pièces éparses qui viennent se greffer au puzzle impossible offert par le Château de Pierrefonds.

Pour visiter le château de Pierrefonds, le plus simple est encore d’acheter, en ligne, un billet coupe-file avant votre visite. Si vous préférez, vous pouvez également, pour le même prix, l’acheter à la billetterie « physique ». A cette même billetterie, vous avez également la possibilité d’acheter des billets couplés à tarif réduit pour une seconde visite aux châteaux de Compiègne, Chantilly (6€50 pour les deux) ou Coucy (10€).

Coucy, comme ça

C’est un roc. C’est un pic. C’est un cap.
Que dis-je, c’est un cap ? C’est une péninsule !

La tirade du nez, Cyrano de Bergerac

Que vous parliez d’un fameux panache ou du château-fort de Coucy, le constat est le même dans les deux cas : il est absolument impossible de le rater. Sis sur un éperon rocheux visible à des kilomètres à la ronde, ce site datant des débuts du XIIIème siècle est un exemple parfait de l’architecture des forteresses de l’Occident médiéval. Avec une surface au sol de 14 hectares, plus de 2000 mètres de rempart et 33 tours (envoyez la musique), il fallait avoir le cœur bien serré pour oser s’y attaquer. C’est en 1917, avec l’utilisation de 40 tonnes d’explosifs par les armées allemandes en repli, que la forteresse devint ruine, pour devenir celle que l’on connait aujourd’hui.

Visiter le château-fort de Coucy

L’accès au château-fort de Coucy se fait sans aucune difficulté. Un grand parking, juste à côté de la mairie, permet de se garer sans aucun souci. S’en suit une courte marche à pied, dans de toutes petites ruelles absolument charmantes, qui offrent une arrivée idéale sur l’accueil. Entre vieilles maisons, pavés et reflets dans les flaques, le voyage dans le temps semble déjà débuter !

Les reflets de la mairie de Coucy

Une fois encore, probablement pour les même raisons évoquées lors de la visite du château de Pierrefonds, nous étions seuls lors de notre passage à Coucy. Et quand je dis seuls, je ne joue pas sur les mots : durant l’heure et demie (pluvieuse) passée sur le site, nous n’avons croisé personne. Absolument personne. Du coup, autant vous dire que cela a été un pur régal que de profiter de la majesté démentielle des lieux en toute quiétude. Je me suis même offert, le temps d’une averse taquine, un beau moment de solitude, assis sur un banc de pierre, sous une arcade pluricentenaire, à m’imaginer la vie d’antan, de jadis, d’autrefois.

Le château fort de Coucy

Il n’y a guère de circuit clairement défini pour visiter le château-fort de Coucy, dans les Hauts-de-France car, très concrètement, on ne peut pas se perdre ni se tromper. La première partie, vaste et un peu bosselée, est l’espace clos par les remparts. De belles vues sur le paysage environnant s’offrent aux yeux curieux. La seconde partie – si je puis dire – est beaucoup visuelle puisqu’elle invite à se promener dans les ruines du donjon, que l’on devine terrible à l’époque où il tenait encore debout. La statuaire, la beauté des salles, les cheminées et les amas de pierre sont d’une poésie folle, absolument délicieuse. Tandis que certains escaliers plongent dans les entrailles du sous-sol, d’autres ne sont plus que vestiges où semblent encore résonner les pas d’autrefois.

Avec une telle profusion de beauté, je n’ai pu m’empêcher de tenter quelques jeux photographiques. J’ai sorti mon vieil objectif soviétique, un Hélios 44 déniché (presque) par hasard à Paris (et monté avec une bague M42, pour les curieux.ses, une histoire que je pense vous raconter un jour) pour tenter quelques clichés. pour tester notamment le légendaire bokeh tournant. La lumière sur les pierres était aussi trop belle pour ne pas s’amuser.

Un dernier passage par la boutique, quelques mots échangés avec le responsable du coin, une intense négociation de Fils pour ajouter un bouclier à sa collection d’armes médiévales (fictives) et voilà, nous quittons le château-fort de Coucy. Juste avant de partir rejoindre la famille déjà prête, la curiosité me pousse à explorer le jardin sis juste derrière le parking. J’y trouve remparts, calme et l’envie de faire le tour d’iceux, sans prévenir personne. Hélas, ce sera pour une prochaine fois. J’ai déjà hâte !

Les remparts de Coucy

Pour visiter le château-fort de Coucy, tout se passe à l’accueil : prix de 5€50 pour les adultes et gratuité pour les moins de 18 ans. N’oubliez pas la possibilité d’acheter un billet couplé à 10€ pour inclure Pierrefonds !

N’en faire qu’à sa Guise

Nous étions de retour dans l’Aisne, un département auquel nous portons une affectation particulière depuis notre passage fermier en Thiérache. Nous venions de passer une longue et passionnante matinée à visiter le Familistère de Guise et nous n’avions pas réellement fait attention au programme de l’après-midi. Il faut dire aussi qu’il y en a des choses à faire, dans l’Aisne mais, pour le coup, la surprise a été aussi totale que géniale puisque nous avons eu le privilège de visiter le Château-fort de Guise !

Le donjon de Guise

En revoyant les photos de cette visite, un sentiment étrange m’envahit : 90% d’entres elles concernent le Donjon. Peu de remparts, peu de souterrains, peu de murs. Il semble que j’ai été littéralement hypnotisé, magnétisé, attiré par ce colosse empierré. En même temps, comment ne pas l’être ? Sa verticalité, sa masse démesurée, lourde, pesante, cette sensation de le voir ancré dans le sol fait que l’on ne peut détourner son regard. Tout semble ramener à lui, encore et encore.

Il faut dire aussi, à ma décharge que le Château-fort de Guise est vivant, en mouvement perpétuel et que les murs, autant que notre guide de cet après-midi là, chuchotent, susurrent des histoires au creux des oreilles tendues par les visiteurs curieux. En effet, le château, qui était voué à la destruction à la moitié du vingtième siècle, a été sauvé en 1952 par une courageuse bande de volontaires qui a créé, dans la foulée, le Club du Vieux Manoir.

Le club du vieux Manoir

Soixante-neuf ans plus tard, le club existe toujours et le château-fort de Guise continue à être restauré par des jeunes, dans le cadre de chantiers, toute l’année durant, plus seulement réservées à Guise. Je voue un respect immense à ceux et celles qui se démènent pour sauver un patrimoine, avec un investissement qu’il est impossible de quantifier d’une quelconque façon.

Au final, que reste-il donc de notre visite du château-fort de Guise ? Des bribes de souvenirs, des explications sur le rôle des casernes. Et un émerveillement enfantin, avec des souvenirs lointains qui sont revenus à la surface, évoquant tendrement les escapades avec mon père, vers un tout autre donjon

Pour visiter le château-fort de Guise, différentes possibilités existent, selon la saison et le fait que la visite soit guidée ou libre. Notez que vous pouvez acheter un billet couplé Familistère-Château (13€). Toutes les informations sur le site officiel.

Pour terminer…

Cet article est paru dans le cadre du chouette rendez-vous mensuel #EnFranceAussi  Il constitue de par ailleurs ma seconde participation à cet événement destiné à mettre en valeur, tout simplement, la France et mené de façon collaborative par des blogueurs francophones. Le concept a été créé par le Coin des Voyageurs et le thème du mois suggéré par Sabrina de Entre Sarthe et Mayenne.

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  1. Beau tour des châteaux, d’autant plus que Pierrefonds n’est pas si loin que ça de l’Essonne, il va falloir que je le fasse quand ça sera rouvert. Je suis passée en janvier au château de Coucy, l’office du tourisme m’avait dit que le chemin de rond était ouvert, en fait pas vraiment, donc j’en ai vu encore moins que prévu ! 🙂
    Et le château de Guise c’est prévu avec le familistère, quand je vais retourner dans l’Aisne. J’ai appris qu’il y avait un billet couplé, parfait ! 😀

    1. Coucou Anne (pas en train d’hiberner ?),

      Coucy, je pense que l’OT devait peut-être parler du chemin qui se trouve derrière le jardin (près du parking)? Je l’ai vu sans pouvoir l’emprunter (hélas).

      Bonne idée de coupler les billets, c’est un bon plan (et si tu peux faire une visite guidée au Familistère : FONCE !).

      Bon(s) voyage(s) à venir !

  2. Voilà une bien jolie collection de châteaux ! Pierrefonds a l’air absolument magnifique, je l’avais déjà vu en photo une ou deux fois mais les détails que tu montres là confirment bien toute sa beauté !
    Et 45 000 châteaux en France quand même, je ne pensais pas qu’il y en avait autant !
    Merci pour la balade Cédric, au plaisir de te lire pour un prochain rendez-vous #EnFranceAussi ou une autre destination !

    1. Hello Pauline,

      J’ai pas trouvé une source vraiment précise concernant le nombre de châteaux, vu que le chiffre officiel est celui des inscrits aux monuments historiques (je crois), en-dehors des demeures privées, aménagées, modifiées (etc etc).

      Et rendez-vous le mois prochain 🙂

  3. Pour l’Isarienne que je suis, je ne peux que valider Pierrefonds, ne serait-ce pour sa salle des Preuses et la crypte hantée par sa forêt de gisants. J’ai découvert l’existence de Coucy à la Cité de l’architecture et du patrimoine en me disant un jour que ça vaudrait le coup d’aller visiter. Ton article me donne encore plus envie de le découvrir. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’Aisne est un peu une « Terra incognita » pour de nombreux Isariens, et je manque clairement d’escapades dans ce coin (en même temps, c’est difficile d’accès en train depuis Beauvais)

    1. Isarienne ?
      Je m’en vais googler ça (ah, c’est donc une Oisive dans mon langage. OK).

      Coucy, c’est vraiment, vraiment très, très chouette. Voire même hibou quand il n’y a personne.

      Et l’Aisne, je crois que c’est une Terra Incognita pour beaucoup, beaucoup de gens. Pas seulement les oisifs et oisives !

  4. J’aime les châteaux, j’aime les ruines, j’aime les châteaux en ruine et que dire de la région des Hauts de France qui a une place particulière dans mon petit cœur. Merci donc pour ce bel article, aussi beau que complet. Oh et puis ce donjon!
    Je vais de ce pas jeter un œil à ta boutique.
    Pour la bière, préviens nous lors d’un retour à Paris. Qui sait avec un peu de chance un petit pub nous ouvrira ses portes.

    1. Chère Sabrina,

      Moi, c’est ton commentaire que j’aime ! J’espère que tu viendras découvrir les châteaux dès que tout sera réouvert.

      Au plaisir de se recroiser sur Paris (et de boire des bières pas virtuelles).

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