En cette fin de premier mois d’année 2021, deux choses tombent naturellement : les flocons de neige et les tendances de voyage(s) pour l’année en cours. Du coup, je m’interroge : ces tendances, exprimées sur quasiment tous les supports disponibles (du papier au son en passant par les images) sont-elles légitimes ? Peuvent-elles être représentatrices de l’univers du tout entier du voyage ou ne sont-elles qu’une succession d’idées de niche à destination d’un lectorat bien ciblé ? Puisque je n’ai pas la réponse toute prête à cette interrogation, en voici une autre à laquelle je vous propose de répondre dans les commentaires, après voir lu cet articles : Et vous, quelles sont donc vos tendances de voyage en 2021 ?
Soyons réalistes, exigeons le possible
Quasiment un an après l’arrivée lointaine du fameux COVID, l’impact réel des dégâts dans le secteur du voyage me semble encore loin d’être quantifié. Du côté professionnel, il faut être lucide : c’est un désastre absolu, qui touche tout le monde, des plus grandes entreprises au plus petit personnel, tous les maillons de la chaine étant atteints. Cependant, comment cela a-t-il impacté, concrètement, la vie d’un touriste français moyen qui aime voyager ?
En 2020
De mon côté, 2020 aurait du être une nouvelle année remplie d’aventures internationales. Elle avait commencé par un séjour avec mon fils en Lituanie et aurait du avoir, en point d’orgue, un été canadien prévu de longue date et dont le programme faisait rêver toute la famille. Ayant fait contre mauvaise fortune, bon cœur, c’est vers l’Hexagone que nous nous sommes tournés, de façon essentiellement locale, en rayonnant en cercles concentriques avec un diamètre s’étendant au fur et à mesure des autorisations gouvernementales. Nous avons cependant pris quelques mesures familiales strictes : nous tenir loin des foules, réserver des logements assez isolés et privilégier au maximum les déplacements en voiture.
Le bilan de ces voyages – si tant est qu’un bilan puisse être tiré de voyages – est que nous avons adoré ces explorations entre Somme, Picardie, Hauts-de-France. Des séjours courts propices à des découvertes longuement repoussées, des détours par des départementales qui offrent des châteaux inattendus, des journées douces et des programmes très peu chargés. Certes, nous avons du chambouler à quelques reprises le programme quand tout fermait du jour au lendemain mais c’est, au final, un prix relativement peu élevé à payer pour avoir pu, au regard de la situation contemporaine, la chance de quitter notre quotidien (qui n’est pourtant pas le pire, merci le déménagement à Amiens).
Pour 2021
Faisons simple : je ne pense pas qu’il sera possible de voyager à nouveau comme nous le faisions. Les annonces de confinement se succèdent, les frontières se ferment comme des huitres apeurées et seuls des motifs impérieux semblent donner le droit de tenter d’entreprendre un voyage vers un au-delà bien incertain. L’apparition de nouveaux variants semble être une danse aussi folle que morbide, dans laquelle toute la planète essaie d’adapter ses pas sur un rythme inconnu. Dès lors, à titre personnel et subjectif, basé sur mon seul ressenti, il me parait vain de vouloir envisager le moindre voyage un tantinet lointain. Je pense qu’il est sain, pour tous, de commencer par regarder ce qui se trouve autour de chez nous plutôt que de vouloir absolument trouver un raccourci, une entrée oubliée, pour aller voir ailleurs si le COVID y est tout aussi létal.
Dès lors, soyons réalistes : exigeons le possible. Si le voyage pouvait recommencer, sur des bases saines et solides chez nous, dans notre pays, j’en serais le plus heureux possible. C’est, à mes yeux, la première et incontournable étape avant de vouloir plus loin.
L.O.C.A.L : Lieux Ouverts Concrètement Aux Loisirs.
Si on ne peut pas aller ailleurs, pourquoi donc ne pas aller chez soi ?
La sécurité sanitaire comme vecteur de choix
Il n’est pas besoin de porter le beau nom de Consultant, d’expert ou autre pour devenir ce que vont être les perspectives de voyage pour 2021 : priorité à la France, voyageons local, dépensons local, visitons local. Dans un monde idéal, c’est ce qui se passerait si tout le permettait. Pour autant, et pour que faire se puisse, il faut que les structures soient adaptés, en qualité suffisante. En gardant un œil sur ce qui s’est passé l’été dernier, il va donc falloir établir plusieurs barrières en amont : sécurisation des différents accès pour les lieux fréquentés, une jauge à respecter impérativement, mise en place de parking et de navettes gratuites, balisage des sentiers. L’on cause beaucoup des mesures-barrières avec lesquelles nous vivons mais elles sont en passe de devenir un incontournable du secteur du tourisme et elles vont être un argument de poids qui peut faire pencher la balance du choix dans un avenir très, très proche.
A titre d’exemple, nous avons fait le choix de fuir les foules et avons privilégié les endroits éloignés. Si demain, quand les musées et autres structures rouvriront, nous sommes confrontés à un état strictement identique à celui d’avant, nous ne pourrons hélas, que reporter notre visite. Tout le monde va s’y retrouver perdant, ce qui est l’exact inverse de ce qui est recherché. C’est également dans ce contexte de sécurité sanitaire que nous abandonnons, pour le moment, l’idée de tout voyage en train, estimant que le jeu n’en vaut guère la chandelle.
L’annulation systématique
Un autre élément qui pèse terriblement lourd dans nos choix à court et moyen termes, est la possibilité de pouvoir tout annuler sans frais, si les circonstance l’imposent, même à très courte échéance. Au regard de ce qu’il se passe, c’est se tirer une balle dans le pied que de ne pas implémenter cette option, de ne pas la souligner en rouge police 58. En sachant qu’un confinement, que des restrictions, interdictions de déplacement peuvent apparaître comme par magie du jour au lendemain, comment peut-on vouloir espérer jouer la carte de la confiance avec les futur.e.s client.e.s ?
Je comprends totalement la difficulté que représentent plusieurs annulations successives peu de temps avant un départ, pour une structure d’accueil mais comment faire autrement quand on regarde l’autre côté ? Il faut une sacrée dose d’espoir, de motivation et de rêve pour oser se lancer dans un projet de voyage ! Ici, c’est #DeT qui est la cheffe de voyage : elle porte sur son dos nos envies, suggère, entraîne, motive. Pour ma part, je suis à l’opposé, d’un cynisme morbide.
Alors, il faut accepter de modifier les règles du jeu habituelles et garantir un remboursement à 100% sans conditions dès lors que l’annulation vient d’une cause incontournable et il ne faut pas essayer de biaiser, de garder des frais quelconques. La reprise est aussi à ce prix.
L’humain, encore et toujours
J’en ai déjà parlé dans un article précédent mais je vais insister, le marteler, vous en abreuver jusqu’à plus soif : nous avons besoin d’un contact humain bien plus que d’une énième discussion avec une IA aussi stupide qu’une passoire à un trou. Même avec un masque, même derrière une vitre, rien ne remplacera jamais l’humain. De plus, après tous ces temps de confinements, de liens sociaux brisés, de solitude, pensez-vous que les touristes en déplacement veulent interagir avec un robot, un écran, un clavier ?
Non, non et mille fois non !
Je veux, ils et et elles veulent, nous voulons un regard, une voix, des yeux, une intonation. Un doigt qui pointe sur une carte LA balade à faire en famille, une croix sur la plage où aller se baigner, une carte donnée, des informations distillées avec amour. Nous faisons l’effort de venir chez vous, faites-nous nous sentir les bienvenu.e.s. Adressez-vous à nous comme à des ami.e.s, à des invité.e.s, des compagnons. Laissez tomber les grands discours où les mots ne transparaissent en aucun acte : faites réellement sur le terrain ce que vous proclamez partout être.
Bref, soyez humains, c’est tout ce dont nous avons besoin.
Que le voyage redevienne le voyage
J’avoue déguster, avec un plaisir de fin gourmet, les nouvelles étiquettes qui fleurissent année après année, tentant chacune d’avaler quelque chose qui existe depuis toujours. Il y en a qui sont devenues très légitimes (les micro-aventures par exemple, quant bien même ai-je du mal avec) et d’autres qui creusent leur trou (ou leur fosse, c’est selon), tels l’abominable glamping ou l’horrible staycation. Nous oublierons charitablement quelques nouveaux termes que j’ai vu poindre ici et là, leur simple terminaison en -ING me faisant m’enfuir à toutes jambes, m’arrachant des touffes de cheveux au passage tout en ayant les yeux qui saignent.
Sachez que je comprends ce besoin de mettre des étiquettes partout, de vouloir tout bankable, marketingisé, vendable. Mais, au bout d’un moment, plus personne n’y comprend rien. Les concepts s’additionnent pour former une sorte de magma d’où il est impossible de se sortir sans y laisser sa raison, des neurones et une dose de lucidité à jamais perdue. Pensez-vous donc vraiment, en cette année 2021, que je vais être attiré par une nouvelle idée promettant monts et merveilles à propos d’une forme de voyage pratiquée depuis l’Aube des Temps ?
Non.
Ce que je veux, c’est seulement, simplement et uniquement voyager. Sans étiquettes. Sans labels inutiles, sans informations dissonantes, non-sollicitées et trompeuses.
En 2021, nous avons tous.tes besoin de simplicité. De SIMPLICITE.
Je me fiche comme de ma première bière des labels inconnus que vous mettez en avant. Si vous me promettez une nature propre, faites-en sorte qu’elle le soit. Si vous me jurez que je vais vivre une expérience exceptionnelle, faites-en sorte qu’elle le soit. Si vos arguments sont la solitude, le retrait, la beauté, le calme, faites-en sorte que ce soit vrai.
Il faut un réel retour au vrai, aux sources du voyage pur et dur. Faisons sauter les couches de l’oignon, les emballages superflus, les promesses qui s’envolent comme les feuilles dans le vent. Vous m’avez donné envie de venir, je viens. Pourquoi en rajouter ? Ne me donnez que ce que je vous demande. Rien de plus. Gardez ça pour ceux qui veulent le savoir car, non, je n’ai pas envie d’une expérience SPA 4* à 6544€ la nuit dans un hôtel privatisé quand je voyage en sac à dos avec mon fils de 5 ans.
Bref, comme dirait un Pépin anglophone : Simple is beautiful (and enough).
Mes envies de voyages 2021
Et sinon, en 2021, j’ai envie de…
- Découvrir ce que je connais pas.
- Rencontrer de nouvelles têtes.
- Partir en vélo avec mon fils.
- Faire s’ouvrir les yeux de Pitchoune d’émerveillement.
- Trinquer avec #DeT, les yeux dans les yeux.
- Goûter de nouveaux fromages.
- Monter des dunes.
- Voir des châteaux.
- Me promener en forêt sans risquer de me prendre une balle perdue.
Et j’ai aussi envie de…
- Découvrir les châteaux cathares.
- Aller à Laval, Auxerre, Metz, Nancy.
- Retourner à Lens pour la troisième et manger un américain à la Loco.
- Explorer la Creuse, le Doubs, la Lozére.
- Voir des Causses.
- Visiter des installations industrielles réaffectées.
- Faire la tournée des potes, entre ici et là.
- Retourner à la montagne en hiver.
- Apprendre à Fils à monter sur des skis (et des patins à glace).
Par contre, bizarrement, je n’ai pas trop, trop envie de…
- Passer ma vie dans des transports, que ce soit train ou voiture.
- Traverser des foules entières.
- Être coincé dans un embouteillage.
- Voir des choses déjà vues mille fois.
- Aller (trop souvent) à Paris.
- Ne pas pouvoir boire un verre ou manger au restaurant d’ici la fin de l’année.
- Passer tout l’été à Amiens.
Le fin mot de l’histoire ?
Il est à vous !