Du street art carolo

Charleroi en famille

Charleroi en famille, c’est une histoire qui commence à Paris, un jour de juillet 2020. On marchait avec Gildas et on est passés par le génial Pavillon de l’Arsenal. Comme d’habitude, expositions déroutantes et contenus intrigants. Ce coup-ci, il était question du Grand Paris et de sentiers urbains dans le monde. Où était cité Charleroi. C’est depuis cette première rencontre estivale que j’ai eu l’envie d’aller explorer Charleroi, le pays noir, nommée ainsi en l’honneur de Charles II. Alors, quand la possibilité s’est présentée, dans le cadre de la nouvelle saison de nos #VeryWallonTrip, je n’ai pas hésité. A trois et pendant 72 heures, on a exploré. Découvert. Appréhendé. Et voilà le récit de ce voyage !

Il était une fois Charleroi

Gratter la surface

Charleroi, on ne va pas se mentir, ça ne paraît pas être la destination la plus sexy, la plus recherchée, la plus réservée. Même mes ami.e.s belges ont eu une petite moue dubitative quand j’ai parlé de notre passage là-bas. Mais vous savez quoi?

Je m’en fous.

Parce que ces villes un peu amochées, pas forcément belles, qui trainent une drôle de réputation, je les adore. Elles ne sont pas instagramment correctes, elles sont un peu grises, un peu moches, un peu sombres et les sourires ne se lisent pas forcément au premier abord sur tous les visages : ça, c’est ce qui se peut dire après un passage express, juste une poignée de minutes sans trop s’arrêter.
Mais, en fait, quand on prend le temps (et je veux dire quand on prend vraiment le temps, en rangeant le smartphone et en ouvrant les yeux), quand on gratte un peu le vernis de la surface et des impressions, on trouve toujours quelque chose. Et autre chose. Et encore autre chose. Et quand on fait le bilan, à la fin du séjour, on se rend compte que la ville qui faisait hausser les épaules est en fait une vraie pépite, un joyau en devenir. Et qu’il faut, comme d’habitude, battre en brèche les idées reçues et aller plus loin que le premier regard, le premier ressenti.

Parce que c’est ça, Charleroi.

Une ville qui divise. Qui ne laisse pas indifférent. Qui ne se prête pas aux consensus polis et aux avis tièdes. Elle est tout ou rien. Certaines abhorrent, d’autres adorent. D’ailleurs, pour nous, ça a quasiment été la cité de Schrödinger tellement nos ressentis respectifs étaient partagés.

Mais quoi ! C’est tellement plus intéressant d’avoirdes avis qui se heurtent et se confrontent que des platitudes hashtagées. On peut ainsi discuter, s’enflammer, opposer les points de vue pour mieux s’enrichir virtuellement, se découvrir et se redécouvrir. Un peu comme un voyage dans le voyage, un poil plus tourné vers l’humain, vers l’autre. Mais pour cela, il faut matière à. Et ici, c’est Charleroi qui la fournit, cette matière noire, ce combustible qui fait s’enflammer les esprits.

Mais alors, Charleroi, dans tout ça ?

C’est le souvenir des retrouvailles avec une auberge de jeunesse bien cachée et des parties endiablées de tennis de table avec Fils. C’est un centre commercial parsemé de dinosaures auquel nous rendons visite à tour de rôle. C’est aussi des travaux et un enfer pour trouver où se garer facilement le premier soir. Un métro où se cachent des héros de bande dessinée. Du street-art. Une tour de commissariat qui tutoie les nuages wallons. Une exposition extraordinaire visitée le jour de de sa clôture. Des tours et des détours pour chercher la statue de Boule et Bill. Des galeries anciennes cachées au détour d’une rue. Des restaurants d’exceptions. Un site minier qui prend aux tripes. Du bordel urbain, des gosses qui jouent au foot sur la Grand Place, des cris, du bruit, de la fumée, du vacarme, des interpellations sonores d’un trottoir à un autre. Un boutique de Monopoly. Un maillot des Diables Rouge dédicacé. Des horaires improbables. Le besoin d’une seconde fois pour être certain de ne pas avoir tout compris.

Charleroi en famille : notre guide pratique

Tiré de notre séjour sur place, de nos visites et expériences, voici un guide pas exhaustif et totalement subjectif sur Charleroi en famille !

Que faire à Charleroi en famille ?

La ville regorge véritablement de musées et sites où il fait bon passer beaucoup de temps. Chacun d’entre eux propose une approche spécialement étudiée pour les enfants, comme très souvent en Wallonie. Vous pouvez même profiter d’un sac d’activité spécialement créé pour eux : Marmailles and Co ! Nous l’avons testé durant notre passage et franchement, on a bien rigolé (et Fils était tellement fier d’avoir son sac à lui pour la visite que ça a été un déchirement de devoir le rendre à la fin de la visite).

Le musée des Beaux Arts

Le lieu préféré de Wolfgang Amadeus lorsqu’il est de passage à Charleroi, dans un cadre tout refait à neuf et rouvert tout récemment après trois ans de fermeture. Nous avons eu le bonheur d’y découvrir une merveilleuse exposition temporaire intitulée « La fabrique des héros » d’où nous avons failli ne jamais partir tellement elle était géniale (car axée sur les héros de bande dessinée). Celle-ci étant cependant terminée depuis le lendemain de notre passage, je ne peux donc que vous conseiller de profiter des collections permanentes et de surveiller le programme culturel des mois à venir pour ne rien rater !

Le musée des beaux-arts de Charleroi

Ouvert du mardi au dimanche. Entrée à la collection permanente gratuite, 6€ pour les expositions temporaires. Toutes les informations sur le site officiel.

Le musée de la photographie

Attention, musée de folie. C’est flou, vous trouvez que ça mérite une petite mise au point ? Alors je vais sortir des clichés et développer un peu. Donc, le musée de la photographie de Charleroi, c’est un très, très grand musée (6000 m² pour être exact). Consacré à la photographie sous toutes ses formes. Avec un espace entièrement dédié aux enfants, où ils peuvent manipuler, essayer, triturer et apprendre. Le tout avec une immense collection de photos qui couvrent toute l’histoire du domaine, grosso modo (100 000 photographies dont plus de 800 en exposition permanente). En plus, ils ont des vitrines à faire baver le premier fana d’argentique venu (coucou c’est moi), un photomaton (qui était en cours de restauration lors de notre passage), un très chouette restaurant et un grand jardin où courir, le tout dans un ancien carmel néo-gothique. Bref, c’est testé, aimé et plus que recommandé !

Le musée de la photographie de Charleroi

Le site internet est remarquablement complet et contient tout ce que vous voulez savoir pour préparer au mieux votre visite ! Notez simplement que le musée est ouvert de 10h à 18h, fermé le lundi, que l’entrée individuelle coûte 8€ et que les enfants de moins de 12 ans rentrent gratuitement. Le parking est gratuit si vous prenez les place qui donnent directement sur le musée, les autres étant pour du dépôt-minute. Pour ce qui est du restaurant-café-bar, la réservation est recommandée et on trouve plein de choses aussi simples que sympa (omelettes, pates, paninis, salades..).

Le site minier du Bois du Cazier

Vous le savez (ou pas, en fait): j’ai une affection toute particulière pour le patrimoine minier. Je suis allé à sa rencontre en Moravie, j’ai grimpé les terrils du Nord en famille, de Lens à Douai et nous avons eu la chance de découvrir Blégny de façon quasiment intime. Alors, quand nous avons découvert qu’il existait, à Charleroi, un endroit du genre classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comme site minier majeur de la Wallonie, vous vous doutez bien de notre réaction : y aller !

Sur place, beaucoup, beaucoup de choses à voir: le site est immense et l’offre muséale est pléthorique, avec pas moins de trois musées différents (industrie, verre et ateliers) en plus du site minier en lui-même et des nombreuses portes à pousser durant la visite, qui peut se faire avec (ou sans) audioguide. Pour ma part, j’ai assez vite fait l’impasse sur iceux (plutôt intéressants nonobstant) pour me concentrer sur le complexe en lui-même, avec ses tours et sa structure métallique immanquable. On y trouve un mémorial, un Mur du Souvenir et un centre d’interprétation, permettant tous de contextualiser très précisément les circonstances et le déroulement de la journée du 8 août 1956, où survint une catastrophe qui couta la vie à 262 mineurs de 12 nationalités différentes. La clé de la compréhension est de prendre le temps : de lire, d’observer, de regarder. C’est en intégrant tous les éléments dans un tableau global que l’ampleur de la tragédie peut se saisir, que ce soit à l’échelle locale ou internationale.

Le site du Bois du Cazier

Le site est ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 17h (18h le dimanche et les jours fériés). L’entrée adulte est à 9€, jeune à 5€ et gratuite pour les moins de 6 ans. Beaucoup, beaucoup de choses à voir : visez facilement la demi-journée sur place. Parking gratuit à côté et excellent restaurant à l’entrée ! Toutes les informations sont à retrouver sur le site internet.

Chercher le Street Art

Comme dans beaucoup d’autres villes de Wallonie, comme Liège ou Mons, Charleroi possède de belles œuvres de street art… mais aussi des héros de bande dessinée dans les endroits les plus incongrus, depuis le métro jusqu’aux ronds-points. Dès lors, pourquoi ne pas en profiter pour explorer la ville le nez en l’air, à la recherche de tout cela ? Les distances se font très facilement à pied et je vous assure qu‘une station avec Lucky Luke et les Dalton, c’est la meilleure idée au monde pour promouvoir les transports en commun !

Une balade street art à Charleroi

Les infos sont à disposition sur la page dédiée du site officiel. Et les cartes sont disponibles gratuitement à l’office de tourisme. Et si vous cherchez à randonner, visez la Boucle Noire.

Interlude : Charleroi au téléphone

Attrapés à la volée, sans trop cadrer, au détour d’une rue, d’un escalier, d’un musée ou d’une galerie, quelques instantanés voyageurs.

Ou manger à Charleroi ?

Pas de souci particulier pour se nourrir à Charleroi, la ville disposant d’un certain nombres de bonnes adresses. Parmi icelles, nous avons eu le plaisir d’en tester certaines et nous avons particulièrement apprécié d’eux d’entres elles :

Pour un repas aux saveurs hispaniques : Emoción

A l’entrée du site du Bois du Cazier (en montant l’escalier), une belle salle avec de belles fenêtres ouvrant sur le paysage. La cuisine se veut une rencontre des gastronomies italiennes et espagnoles, avec du soleil et du goût dans les assiettes. Spoiler // Divulgâchis : le pari est très bien tenu et on se régale, entre pates fraiches et assortiments de petites choses délicieuses à grignoter. Le site se trouve ici (et la réservation est recommandée).

Pour une expérience gastronomique : Square Sud

Dans une petite salle voutée et tranquille, une adresse d’exception où la cuisine est inventive, raffinée, délicate et surprenante : c’est Square Sud, une adresse qu’il faut connaître à tout prix pour (très) bien manger à Charleroi. Au programme des réjouissances culinaires (au moment où j’écris ces lignes et piochés à la carte) : Tarte fine aux filets de rouget, Panna cotta de chèvre, Ravioles végétariennes aux légumes confits, Epaule d’agneau confite et Cookie moëlleux au praliné de pistache. Autrement dit, on se régale. Et on recommande très, très chaudement ! Infos et réservations sur le site, itou.

Si vous recherchez une adresse où manger avant de vous faire une toile et avec un chouette coin pour les enfants, le Quai 10 est une très bonne alternative, avec notamment un espace d’exposition dédié aux jeux vidéos (mais qui était fermé lors de notre passage).

Où dormir à Charleroi ?

Ici aussi, pas de soucis pour trouver où dormir, à portée de toutes les bourses. Et, ici aussi, nous avons eu le plaisir de résider dans deux logements différents. Alors, si vous recherche une adresse où dormir en famille à Charleroi, glissez dans vos favoris icelles :

L’auberge HI Charleroi

Dans un grand bâtiment (avec une blinde de travaux autour au moment de notre passage mais ça devrait s’arranger), une auberge comme je les aime : bien décorée, avec plein de documentation, des chambres propres (et des ports USB partout), une salle de ping-pong et un bar qui sert des bières locales. Et un garage à vélo. Bref, le genre d’adresse où je retourne les yeux fermés !

Le Novotel 4* Charleroi Centre

Aucune surprise (généralement) avec les hôtels de cette chaîne : on sait à quoi s’attendre et nous avons trouvé exactement ce que à quoi nous nous attendions. Un certain confort, un professionnalisme très courtois dans le service et, surtout, une borne Angry Birds en libre service à l’accueil, LE point qui a fait toute la différence (et non, je ne rigole pas, Fils m’en parle encore).

Charleroi en famille : le récapitulatif !

Alors Charleroi en famille, que faut-il en retenir ?
Petit jeu de questions-réponses pour tout résumer !

Charleroi en famille, c’est ?

Une destination à laquelle on ne pense pas forcément mais qui mérite qu’on s’y intéresse car elle ne saurait laisser indifférent.

Une chose à voir absolument ?

Le site du Bois du Cazier, à visiter en prenant vraiment tout son temps.

Une expérience à vivre nécessairement ?

Le passage dans une station décorée avec des héros de BD !

Un conseil spécial pour les parents ?

Allez au musée de la Photo et laissez les jeunes tripatouiller et s’approprier l’espace dédié !

Quelle est la bonne durée pour y rester ?

Trois jours et deux nuits !

La meilleure période pour y aller ?

N’importe quand.

Le mot de la fin

Jamais une ville n’a autant fait discuter la famille : c’est nécessairement, obligatoirement et définitivement un signe plus que positif !


Petit point légal : toutes les photos sont soumises au droit d’auteur. N’hésitez pas à me contacter si vous pensez en avoir usage, voulez en acheter un tirage (ou autre). Et si vous aimez mon travail ici et là, vous pouvez même me payer une bière 2.0.


Cet article est le seoncd épisode de la saison 4 de la série #VeryWallonTrip, organisée avec le soutien logistique de Wallonie Belgique Tourisme que je remercie fortement. Le contenu éditorial n’en reste cependant pas moins indépendant et soumis à ma seule volonté.