Le point le plus au nord de l'île du Sud, en Nouvelle Zélande

Quinze ans et quinze idées de voyage(s)

Quinze ans. 5475 jours que FromYukon – le blog de TOUS les voyages existe et que j’y écris. Quinze années à raconter mes voyages, depuis le Yukon en février 2009 jusqu’à Arras en janvier 2024. Entre les deux, un WHV en Nouvelle-Zélande, une sédentarisation hexagonale, la découverte de la parentalité, une réorientation professionnelle, un déménagement samarien avec, en fil rouge permanent, ces six lettres : voyager.

Voyager : aller d’un endroit à un autre, seul ou accompagné. Très internationaux dans un premier temps, mes voyages se sont par la suite écrits à deux. Puis à trois et à quatre. Toujours aussi singuliers, ils se déclinent désormais au pluriel, nettement plus hexagonaux qu’auparavant mais avec, de temps à autres, de magnifiques échappées solitaires, comme récemment en Finlande, d’Helsinki à Aland en passant par Tampere et Turku. Cependant, entre deux chemins de traverses à repérer et des détours panoramiques à emprunter, comment donc célébrer ces quinze bougies virtuelles ? Ecrire une nouvelle lettre, comme l’année dernière ? Faire une sorte de bilan, comme pour les huit ans ? Lister les meilleurs articles parus au fil des années, de façon subjective, version treize ans ?

Non. Cette année, le gâteau sera notre terre et les bougies mes voyages d’hier. Je choisis donc de vous proposer, tirés de ma propre expérience, quinze voyages à vivre au moins une fois dans sa vie !

Quinze idées de voyages
(à faire au moins une fois dans sa vie)

Explorer la Nouvelle-Zélande en stop

Peut-être la plus belle parenthèse solitaire et voyageuse de ma vie que ce WHV en Nouvelle-Zélande durant lequel j’ai touché quelque chose de très simple : la liberté. Liberté de me déplacer où je le voulais. Liberté de faire peu ou prou ce que je voulais. Entre deux fermes (merci le HelpX) et sessions d’autostop, j’ai emprunté chacune des routes de l’île du sud, poussant ma chance jusqu’à ses ultimes limites (et une séance mémorable, qui a d’ailleurs donné suite à ma première parution papier). Je repense à ces 7 mois avec une douce nostalgie et le sentiment d’avoir vécu quelque chose de magnifique, d’éphémère, de formidable. Quelque chose que je devais vivre, parce qu’il devait en être ainsi. Peut-être, au final, le plus puissant, intime et magnifique de tous mes voyages !

S’immerger dans l’immensité hivernale du Nunavik

Aux confins des confins du nord, là-bas au Canada, se trouve le Nunavik. Situé au-delà du 55ème parallèle nord, d’une superficie de 507 000 km2 et peuplé d’à peine 14 000 âmes, c’est le territoire de tous les superlatifs, où les repères volent réellement en éclats, au contact d’une culture unique et d‘une nature aussi magnifique qu’ intransigeante. Mon séjour là-bas fut bref mais puissant. Court mais intense. Et terriblement, terriblement instructif. Bien encadré, je suis sorti loin, très loin de ma zone de confort habituelle. Et j’ai vu. Entendu. Regardé et observé. Et j’ai appris la valeur de certaines choses. Aussi cliché cela soit-il, c’est un voyage que l’on ne peut pas faire par hasard. Et c’est aussi un voyage dont on ne revient pas intact. Car le Nunavik sculpte. Marque. Laisse sa trace !

Emprunter la Dempster Highway

Avec Pierre et Nico, d’abord. Puis avec Georges ensuite. Peut-être avec ND and co, avant. En tout cas, quelque chose est sûr : toutes les routes du Yukon mènent à Dawson et à la Dempster Highway, ce ruban de gravier qui monte jusqu’à Inuvik, tout là-haut. C’est une expérience presque initiatique que de s’engager sur cette autoroute et d’observer, avec un effroi teinté de respect, son incroyable longueur de 737 kilomètres qui passe par Tombstone, Eagle Plains et Inuvik avant de continuer (depuis 2017) jusqu’à Tuktoyaktuk. On y va préparés, avec de l’essence dans le réservoir ET dans un bidon de secours, un appareil photo prêt à shooter et une concentration ultime quand on est au volant. Le reste, c’est une claque visuelle permanente dans le plus territoire du Canada !

Faire explorer le compteur kilométrique aux USA

Il n’avait rien de touristique, ce voyage. A vrai dire, il n’était même pas prévu mais, au crépuscule d’un PVT canadien, comment refuser de traverser l’Amérique du Nord en une semaine et en hiver, pour aller de Vancouver à Montréal, presque un an après avoir fait le trajet en bus entre Montréal et Whitehorse ? On a vu défiler les Etats ‘ricains comme s’enfilent des perles sur un bracelet. Highway après Highway, avec des pauses improbables appelées Chicago, Minneapolis, Niagara Falls. Et des parkings de Walmart. Et un ou deux motels. C’était un prélude autant qu’une suite. Prélude à une fin mais suite logique d’un autre road trip éternel, mythique, fabuleux, écrit avec the Georginou et né de deux pintes entrechoquées dans un pub parisien.

Croquer la vie à New York

La grosse pomme ne dort jamais. Et il faut se faire ver pour s’en apercevoir. Depuis ma toute première fois là-bas, un jour d’août 2007, chaque voyage y est une source d’émerveillements ininterrompus. Je suis fasciné par cette frénésie incessante, par cette richesse culturelle, par ce fracas et ces activités. Tous les sens sont sollicités en permanence et on semble toujours se tenir en équilibre précaire, sur le bord d’un gouffre où la chute serait plus délicieuse que fatale. New York interpelle, étonne, attise et attire. Elle ne laisse personne indifférent et aimante autant qu’elle repousse. J’ai eu le bonheur de pouvoir la faire découvrir, à l’automne 2018, à ma famille. Et ce fut merveilleux !

Saluer l’Altiplano andin

Celui-là, il aura toujours une place à part. Trop court, trop bref, trop rapide mais aussi trop beau, trop démesuré, trop intense, trop décalé. Ce premier voyage en Amérique du Sud était simplement trop. Mais dans ce trop, il y a ces moments magnifiques avec cette découverte de Santiago façon gourmande, mes retrouvailles avec l’ami chilien connu à Paris et, surtout, la baffe de l’Altiplano, là-bas, loin d’Atacama et de son désert. Je suis sorti de la voiture, j’ai écarquillé les yeux et j’ai buggé. Rien d’autre à faire de possible. Rien d’autre à raconter. C’était juste incroyable de beauté. De puissance. D’intemporalité. On ne peut que se sentir minuscule devant ces masses montagneuses dont les cimes jouent à tricoter des nuages. Le Pukara de Quitor m’avait donné un avant-goût. L’Altiplano m’a servi le plat principal !

Saluer Dame Aurore et ses fées d’hiver

Le plus beau des phénomènes hivernaux. Le plus fou, aussi. Et le plus attendu, également. Qui peut se faire frustrant, quand il ne vient pas alors qu’il est annoncé et qu’il pose un lapin. Cependant, quand elles daignent enfin pointer le bout de leur nez et secouer leur vêtements célestes, les bouches se ferment et le silence règne. Voir une aurore est une expérience intensément personnelle. Intime. Qui marque à vie car on ne peut oublier sa première Aurore. J’ai eu le bonheur de saluer Dame Aurore dans le ciel du Yukon, de Tromso ou du Nunavik et ce fut à chaque fois un bonheur renouvelé. Il me reste maintenant à faire vivre cette même rencontre autour de moi, à ma famille !

Randonner dans les Highlands d’Ecosse

J’avais repéré ce coin dans une discussion, sur le site de Couchsurfing. Une locale disait qu’en prenant la route jusque là puis en descendant la plage vers là-bas, il était possible de se retrouver seul et de dormir sur la plage, avec la tente. Aucune autre information fournie : à chacun de se débrouiller. Alors, pour ce voyage inaugural à deux, je n’ai rien dit de mes doutes ou de ma source. On a laissé derrière nous Inverness, on a pris un bus et on a marché jusqu’à Sandwood Beach où nous étions seuls. Réellement seuls. Nous avons eu petit morceau de Highlands pour nous, le temps d’une nuit, avant de repartir vers de nouvelles aventures nommées Tongue, Carotte Cake et Haggis : notre mythologie personnelle et de merveilleux souvenirs de cette magnifique terre d’Ecosse.

Prendre un immense bol d’Eire frais au Donegal

Inutile de compter, je le fais : l’Irlande est le pays où j’ai le plus voyagé. La terre d’Erin a été ma première maison loin de ma maison. Mon premier boulot à l’étranger, ma première expatriation. Le terreau fertile de bien des choses qu’il est hors de question de raconter ici. J’ai eu le bonheur réel d’y retourner bien des fois depuis 2003 et le charme jeté un jour par un Leprechaun ne cesse d’agir. Que ce soit dans les îles d’Aran, dans la Péninsule de Beara ou un matin de solitude sur la Chaussée des Géants, je sais à chaque fois que je suis à ma place et que jamais un voyage en Irlande ne saurait me décevoir, fut-il humide de toutes les pluies de la Création ! Cependant, parmi toutes ces expériences fabuleuses, une ressort particulièrement : notre exploration familiale du Donegal, la région la moins peuplée et la moins connue de l’île, pourtant riche en merveilles et en découvertes. Nous y avons passé des moments fabuleux, riches et intenses dont le souvenir ne s’estompe pas et qui appelle, nécessairement, une prochaine fois !

Goûter à l’éternité sur une rive du Douro

Parfois, il y a des moments comme celui-ci, où tout parait aligné, parfait, idéal. La brise souffle juste ce qu’il faut pour rafraichir. Les sourires sont francs et sincères. La musique qui vient doucement caresser les oreilles est celle qu’il faut, pas trop forte. Le café est intense et profond et le tintement de la cuillère contre la tasse tel un doux carillon. Dans la poussette, un enfant s’est endormi. Il rêve et sourit en même temps. Sur le Douro, un bateau passe. Dans la rue, derrière, des voitures et vélos roulent. A ces tables qui nous encadrant, la vie portuane suit son cours. Les habitués saluent, s’enquiert, échangent et jouent. Des regards amusés sont jetés pour l’intrus que je suis. Porto, en cette minute et en ces secondes, est un paradis, un Eden. Un petit moment de perfection nommé éternité, comme seul le voyage peut et sait en offrir. C’était un après-midi à Porto avec mon fils, notre premier à l’étranger à deux !

Se plonger dans le tourbillon de Berlin

Si proche mais pourtant si lointaine: tel est l’étrange paradoxe de Berlin, cette capitale où je ne suis allé qu’une seule fois dans toute ma vie. Et pourtant, qu’elle fut intense, cette première fois ! Elle a eu un goût d’inachevé, de manque, de pas assez. Nous avons pourtant vu bien des choses et visité bien des endroits mais il manquait le temps. Et comme nous ne sommes pas du genre à vouloir tout faire, nous avons préféré la qualité sur la quantité. Une visite ici, une errance par là, en faisant une croix sur certains endroits, repoussés à une autre fois. Et de Berlin, il nous reste cette sensation d’une vie intense, puissante. D’un souffle qui cherche à tout renverser pour mieux reconstruire. D’une frénésie chaotique dont j’ai retrouvé les échos lointains à Liège, plus tard. Berlin ist wunderbar, bien meilleure en tout cas que mon allemand !

Se dire que la vie est Belge, entre Flandre et Wallonie

En train, en voiture ou en vélo, seul ou en famille, sur un coup de tête ou pour un projet bien précis, je n’ai qu’un seul conseil : allez en Belgique. Foncez explorer Bruxelles, la capitale brinquebalante, qui semble ne jamais réellement savoir qui elle est (mais qui se décline à l’infinitif). Montez ensuite dans un train et faites-vous une orgie flamande : Bruges, Gand, Malines, Ostende, Anvers, un quinté royal ! Puis, quand vous aurez envie d’autre chose, passez côté wallon et ouvrez grand les yeux : Waterloo, Mons, Liège, Charleroi n’attendent que vous. Visites de mines, de musées préhistoriques, voyages en train : la liste est infinie. Et notre plaisir aussi !

Saluer les terrils du Nord, le temps d’un ch’ti voyage

Parce que notre premier voyage à deux, c’était à Lens, évidemment. Parce que j’y suis retourné. Avec mon fils, entre amis ou pour écrire un guide sur le département. Parce que nous avons vu ceux de Douai, le temps d’une journée. Parce qu’on ne soupçonne pas toujours la richesse historique, patrimoniale et humaine qui se cache derrière un terril. Et parce qu’un terril, c’est un élément désormais emblématique, autant du Nord que du paysage. Et que la nature y reprend ses droits, quand ils ne sont pas aménagés spécialement. Aussi parce que le Nord fait partie des Hauts-de-France, ma nouvelle région depuis 2020, région dans laquelle nous voyageons beaucoup, des Vallées du Ternois à Arras en passant par Amiens et la Somme !

Partir à deux, trois ou quatre, sur les routes de France

Explorer la France, en train, en vélo ou en voiture, c’est une expérience qui ne déçoit jamais. Ici, ces explorations se font souvent en famille et parfois même sur trois générations, avec deux papas, deux fistons, un papy et un petit-fils à la fois. De la Drôme au Vercors en passant par les Ecrins, j’ai la chance de pouvoir mettre en place ces voyages qui sont à chaque fois générationnels, intenses et drôles, décalés et amusants. Nous partons aussi parfois à quatre, rugir dans l’Yonne ou se demande si Caen, c’est maintenant. Et puis, il y a toute cette liste des voyages hexagonaux vécus avec mon fils à mes côtés. Ces instants fantastiques dont nous reparlons tous les deux avec des étoiles dans les yeux, de la verte et vallonée vallée de la Bruche à la douce et timide Auxerre !

Celui qui m’est impossible

C’est un voyage que je ne connaitrais jamais. Que j’aurais pourtant voulu vivre. Expérimenter. Connaitre et ressentir. Hélas, les aléas de la vie me l’ont rendu impossible puisque je suis né dans cette même ville que je voudrais pouvoir découvrir comme le touriste que je revendique être. Dans cette même ville où j’ai grandi et où mon fils est né, où il a fait ses premiers pas. Dans cette même ville que j’ai connu blanche, que j’adore et abhorre à la fois, sans aucun paradoxe. A qui j’ai dit au revoir plus d’une fois. Bref, j’aurais voulu ne pas naitre parisien !


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